Débat public - Dunkerque éolien en mer
#DébatDunkerque Débat public sur le projet de parc éolien en mer porté par EMD et RTE
Q135 • Localisation du projet et impacts sur le tourisme.
Réponse publiée
La localisation du projet : Je ne suis pas contre l'écologie, mais je me pose la question : pourquoi le projet n'est pas décalé dans des zones moins visibles de la population, vis-à-vis du tourisme ? J'ai cru entendre dans les débats que déplacer le projet sur le port industriel nécessiterait de faire un détour par les bateaux. Je comprends l'impact économique pour ces bateaux, mais ne pourrait-on pas les dédommager, plutôt que subventionner ?
Le tourisme industriel : L'ADEM et la présidente de l'office du tourisme ont indiqué que le projet permettra le tourisme "industriel". Quelle est la part de ce tourisme par rapport au tourisme de la région (notamment lilloise ), qui vient à Dunkerque pour respirer, et jouir de l'attrait de la nature (peu concernée par du tourisme industriel). Des études ont-elles été faites sur le sujet, et peuvent elles être rendues publiques ?
Le tourisme et les propriétaires de logement : La Communauté Urbaine de Dunkerque a largement investi sur le réaménagement de la digue ; lieu et rituel de tous les Dunkerquois. C'est appréciable. Toute la digue, la rénovation visuelle des appartements comme l'îlot bleu. Mais quelle cohérence à placer dans cette orientation en dénaturant notre espace naturel ?
Les restaurants et le tourisme : Les restaurants, que la municipalité de Dunkerque soutient, sont-ils informés du projet, en leur indiquant clairement l'aspect visuel rendu, et sont-ils intégrés sur le sujet, les premiers concernés ?
Réponse officielle :
La réponse du maître d’ouvrage Eoliennes en Mer de Dunkerque (EMD) :
· Concernant la localisation du projet
Le choix de la zone d’implantation du projet ne relève pas de la responsabilité du maître d’ouvrage mais de celle de l’État.
En 2014, suite aux deux premiers appels d’offres, l’État a relancé un processus d’identification de zones propices à l’éolien en mer posé et flottant sur le littoral français pour atteindre les objectifs fixés en matière d’énergies renouvelables. La démarche, portée localement par le préfet de la région Hauts-de-France et le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, a consisté à :
- confier la réalisation d’études techniques d’une part au centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) pour évaluer le gisement énergétique de chaque façade afin de délimiter des zones propices et, d’autre part, à RTE pour identifier, au niveau de ces zones propices, les capacités disponibles pour le raccordement au réseau public de transport d’électricité ;
- mener, au début de l’année 2015, des concertations locales avec l’ensemble des acteurs directement concernés pour qualifier et hiérarchiser les usages sur ces zones. Cette démarche a conclu à l’existence d’un potentiel pour l’éolien en mer posé au large de Dunkerque.
Le troisième appel d’offres éolien en mer au large de Dunkerque a été lancé en avril 2016, sur une zone identifiée comme présentant des conditions favorables à l’implantation d’éoliennes en mer.
Le préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord et le préfet de la région Hauts-de- France ont alors été mandatés pour poursuivre les consultations engagées, en accompagnement du processus d’appel d’offres. Cela s’est matérialisée sous la forme d’une concertation préalable dans le but d’affiner la zone soumise à l’appel d’offres en vue d’y installer un parc éolien en mer d’une puissance comprise entre 400 et 600 MW.
Lors de différentes réunions thématiques organisées à l’été 2016 par les services de l’État, les élus locaux, le public et les parties prenantes ont été invités à donner leur avis sur une zone d’étude proposée d’une surface d’environ 190 km², avec l’objectif de concilier les différents enjeux et usages propres à cette zone : prise en compte de l’environnement et des paysages, préservation des usages et intérêts économiques existants, notamment la pêche professionnelle, circulation et sécurité maritime… Le public pouvait faire part de ses observations sur le site internet de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) des Hauts-de-France. RTE a également contribué à cette concertation en présentant les conditions de raccordement envisagées. Les conclusions de cette consultation locale sont venues alimenter le processus d’appel d’offres pour lequel une zone initiale de 123 km² a été proposée. Cette emprise a évolué durant la procédure d’appel d’offres et a été réduite à environ 73 km² dans la version finale du cahier des charges.
Cette zone a été définie en prenant notamment en compte les éléments et contraintes suivants :
- la frontière maritime belge à l’Est ;
- une distance de sécurité de 5 milles nautiques par rapport au dispositif de séparation du trafic (DST) (1) maritime en Mer du Nord au Nord ;
- la route d’accès au port de Dunkerque à l’Ouest (intégrant un espace libre pour les radars et les accès au port) ;
- une distance supérieure à 9 kilomètres de la côte au Sud.
Concernant les aspects maritimes que vous mentionnez, et comme indiqué précédemment, la zone du projet est contrainte par la présence au nord-ouest du dispositif de séparation du trafic du détroit du Pas-de-Calais. Conformément aux instructions de la note technique du 11/07/2016 relative aux mesures de sécurité maritime applicable à la planification d’un champ éolien en mer, une distance de sécurité de 5 milles a été retenue entre le dispositif de séparation du trafic et la zone du parc éolien en mer. Une distance de sécurité de 2 milles a également été retenue entre la route de navigation des Bancs des Flandres et la zone du parc éolien en mer.
Ces distances de sécurité ont nécessairement rapproché la zone des côtes françaises et ne permettent pas de la localiser en face de la partie ouest du Grand port maritime de Dunkerque.
· Concernant les enjeux relatifs au tourisme et aux restaurateurs en particulier
Conformément aux dispositions du code de l’environnement, les maîtres d’ouvrage réalisent une étude d’impact du projet dans laquelle figurera une étude socio-économique incluant notamment un volet dédié aux enjeux touristiques. Il n’est à ce jour pas encore possible de présenter le contenu de cette étude, qui sera confiée à un bureau expert sur ces thématiques, puisqu’elle sera réalisée courant 2021.
Peuvent néanmoins être mentionnés les retours d’expérience de parcs éoliens en mer déjà construits et en exploitation depuis plusieurs années, principalement en Europe du Nord.
Au regard de ceux-ci, par exemple issus de l’étude « Retour d’expérience - Tourisme et éolien en mer » réalisée par le cabinet Vues sur Mer (2), les parcs éoliens en mer implantés au Royaume-Uni, au Danemark ou encore en Belgique, n’ont eu aucun impact négatif sur le tourisme local. Par exemple, les acteurs du tourisme de la région du nord du Pays-de-Galles, qui compte aujourd’hui cinq parcs éoliens en mer en exploitation, ont indiqué lors d’enquêtes que ceux-ci n’ont eu aucun impact négatif sur leur activité.
Par ailleurs, dans certains cas, il est apparu que le projet a suscité la curiosité du public local, ce qui a entraîné le développement de nouveaux produits touristiques, par exemple des visites du parc éolien en mer, dont les activités sont portées par des opérateurs dédiés. Peut notamment être cité l’exemple du parc éolien en mer de Block Island, situé aux Etats-Unis, dont l’implantation a entraîné le développement d’activités touristiques spécifiques telles que des visites en bateaux des installations, des tours d’hélicoptère ou encore de la pêche de plaisance (3).
Dans le cadre du projet de Dunkerque, le maître d’ouvrage EMD prévoit de mettre en place des mesures spécifiques pour répondre aux enjeux liés au tourisme, afin notamment de faire de la pédagogie autour du projet et des énergies renouvelables, tout en s’inscrivant dans une démarche d’accompagnement des projets portés par le territoire pouvant avoir une synergie avec le projet de parc éolien en mer. L’opportunité de mettre en place ces différentes mesures ainsi que leurs modalités devra être analysée de façon détaillée avec les acteurs du territoire en lien avec le tourisme (collectivités, offices de tourisme, structures culturelles et de loisirs, structures d’accueil du public, etc.).
Afin de disposer d’informations plus détaillées sur ce sujet, nous vous invitons à consulter les documents (rediffusion vidéo, présentations, études, etc.) relatifs à l’atelier du débat public « Faire s’exprimer des points de vue d’acteurs : professionnels du tourisme » qui s’est tenu le 26 novembre 2020, lors duquel les maîtres d’ouvrage ont notamment présenté les démarches envisagées pour prendre en compte les enjeux touristiques locaux dans le cadre du projet de parc éolien en mer de Dunkerque.
Concernant l’information et l’implication des professionnels de la restauration, il faut souligner que des représentants de ces derniers ont participé à l’atelier du débat public dédié aux enjeux touristiques mentionnés ci-avant. Au-delà des échanges qui ont lieu dans le cadre du débat public, et si le projet se poursuit à l’issue de celui-ci, il est prévu que les éléments (études, enjeux, mesures associées, etc.) liés aux activités socio-économiques et en particulier du tourisme, soient discutés, élaborés et partagés avec les acteurs locaux, tout au long de la vie du projet, dans le cadre d’un groupe de travail dédié au sein de l’Instance de Concertation et de Suivi (ICS) qui sera mise en place à l’issue du débat public, sous l’égide du préfet et du préfet maritime.
Concernant le rendu visuel du parc éolien, des photomontages simulant la présence du parc éolien en mer depuis différents points de vue du littoral ont été produits dans le cadre du débat public et de l’étude paysagère en cours d’élaboration. Ceux-ci sont consultables en ligne sur un site internet dédié (http://parc-eolien-en-mer-dunkerque.geophom.info/) et grâce à des panneaux imprimés en grand format, qui ont été présentés lors des réunions publiques et qui seront déployés en différents lieux du territoire (mairies, Communauté urbaine de Dunkerque, office de tourisme) à l’issue du débat public.
Enfin, nous n’avons pas vocation à répondre aux questions qui sont adressées à la Communauté Urbaine de Dunkerque.
(1) Mode d’organisation réglementée du trafic maritime visant à séparer, dans des zones à fort trafic maritime, des flux opposés de navigation par la mise en place de voies ou chenaux de circulation, afin de canaliser et de sécuriser la navigation.
(3) Carr-Harris, Andrew et Corey Lang. « Sustainability and tourism: the effect of the United States’ first offshore wind farm on the vacation rental market », Resource and energy economics. 2019, vol.57. p. 51‑67
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