Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q5 • Quel bilan pour les autres sites déjà en exploitation ?
Réponse publiée
Existe-t-il un bilan détaillé et un comparatif des sites éoliens en mer (fixes et flottants) déjà en exploitation, comme ceux dans d'autres pays ? Avec quel résultat économique et environnemental ?
Merci
Réponse officielle :
Bonjour et merci pour votre question.
Les retours d'expérience étrangers et des fermes pilotes
Les premiers parcs éolien en mer en Europe ont été inaugureś dès le début des années 1990. L’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et le Danemark sont les plus gros producteurs d’électricité éolienne en mer. Dans le reste du monde, la Chine progresse dans l’éolien en mer et figure désormais parmi les leaders du marché. En 2018, la Chine a raccordé 1,6 GW de capacité éolienne en mer, soit la plus grande progression mondiale.
En France, il n’y a pas encore de parc de production installé. Les parcs français vont donc bénéficier des retours d’expérience étrangers pour alimenter les connaissances sur les impacts environnementaux, les résultats économiques et sur les processus de construction, d’exploitation et de démantèlement des parcs.
Les parcs français vont aussi bénéficier des retours d’expérience des fermes pilotes flottantes françaises. En effet, la filière de l’éolien flottant a bénéficié en France d’un appel à projets du programme d’investissements d’avenir géré par l’ADEME pour le déploiement de fermes pilotes, lancé en août 2015, dont l’objectif est de tester plusieurs technologies de flotteurs. Dans ce cadre, quatre projets, chacun d’une puissance de 24 MW à 30 MW, ont été désignés lauréats en 2016. Les quatre projets de fermes pilotes devraient être mis en service entre fin 2022 et début 2023 :
- le projet « Provence Grand Large » porté par EDF Renouvelables, avec trois turbines Siemens-Gamesa de 8 MW et des flotteurs SBM, sur la zone de Faraman en Méditerranée ;
- le projet « Les éoliennes flottantes golfe du Lion » porté par Engie/EDPR/CDC, avec trois turbines General Electric de 10 MW et des flotteurs Eiffage/PPI, sur la zone de Leucate en Méditerranée ;
- le projet « EolMed » porté par Quadran à Gruissan en Méditerranée qui se compose de trois éoliennes MHI Vestas de 8 MW et de flotteurs Bouygues Travaux Publics et Ideol ;
- le projet « Éoliennes flottantes de Groix et Belle-Île » (EFGBI) porté par EOLFI/CGN au large des îles de Groix et Belle-Île en Bretagne qui se compose de trois éoliennes MHI Vestas de 9,5 MW et de flotteurs de conception DCNS.
Ce dispositif expérimental doit permettre de tester différentes solutions et apporter un retour d’expérience pour améliorer la maîtrise des parcs éoliens flottants (technologies, mesures « éviter, réduire, compenser », modalités de construction et d’installation en mer et de démantèlement, etc.) et contribuer au développement de parcs commerciaux. Enfin, en contribuant à la connaissance et à l’anticipation des risques liés au développement de projet éolien en mer flottant, les parcs pilotes participent à la diminution du prix d’achat de l’électricité produite.
De plus, des démonstrateurs sont déjà installés au large des côtes japonaises et des fermes pilotes ont déjà commencé à fonctionner en Écosse et au Portugal.
Les résultats économiques / Les bilans économiques existants
L'Observatoire des énergies de la mer édite un rapport annuel sur l'état de la filière des énergies marines en France. Pour 2019 il note que les investissements dans les énergies marines ont augmenté de 68% avec 452M d’€ investis en un an. La filière française reste néanmoins majoritairement tournée vers l’export, étant donné que les premiers parcs français entrent tout juste en construction cette, et elle réalise ainsi 69% de son chiffre d’affaire annuel à l’étranger. Au niveau des emplois, le rapport estime qu'en 2019 la filière des énergies marines représente 3064 emplois (ETP) sur le territoire métropolitain, dont 2690 spécialisés dans l’éolien flottant et posé. Les plus fortes progressions de l'emploi entre 2018 et 2019 sont localisées dans les régions Grand-Ouest et Pays de la Loire. Les trois-quarts de ces emplois sont créés au sein des entreprises prestataires et des fournisseurs de la chaîne de valeur, principalement pour la filière éolien posé.
Au niveau européen, l’association WindEurope propose un bilan annuel détaillé des parcs éoliens en mer sur le continent européen. Ce bilan permet notamment d’apprécier les caractéristiques techniques et économiques des parcs existants en Europe. Un des éléments soulignés par ce rapport est qu’en 2019, tous les appels d’offres ont été attribués à un prix de l’électricité compris entre 40 et 50 €/MWh, soit un résultat économique positif car proche du prix du marché (seuls des parcs éolien en mer posés ont été attribués).
L’impact sur l’environnement
Des rapports spécifiques sont également publiés au sujet des impacts de l’éolien en mer sur l’environnement. Le dixième rapport du programme scientifique WinBon. BE de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique et de l’université de Gand offre par exemple un retour d’expérience de plus de 10 ans sur l’impact des parcs éoliens sur l’environnement marins. La partie belge de la mer du Nord compte en effet 6 parcs éoliens en mer (pour une puissance de 1556 MW), certains opérationnels depuis 2008. Ces parcs font l’objet, depuis leur création, d’un programme de suivi des impacts environnementaux intitulé WinMon. B.E.
Par exemple, lors de la construction d’un parc éolien en mer au Nord des côtes belges en 2018, l’efficacité des mesures d'atténuation du bruit sous-marin issu du battage de pieu a été suivie. Deux solutions étaient étudiées : un système de rideau de bulles (BBC) mis en place par le porteur de projet, combiné dans certains cas avec un système de résonateurs (AdBm). Le niveau sonore enregistré pendant les travaux avec le rideau de bulles seulement était compris entre 189 et 194 dB, contre 188 à 190 dB pour la combinaison du rideau de bulles et du système de résonateurs. À noter que ces niveaux sonores concernent des fondations monopieux pour de l'éolien posé, et ne sont donc pas directement transposables à l'éolien flottant qui nécessite des travaux moins invasifs et bruyants pour construire les ancrages au fond marin.
Ce même rapport présente également une étude sur l'impact des parcs éoliens en mer du Nord belge sur l'avifaune. La distribution des oiseaux marins sur le site de Thornton Bank a été comparée pendant 3 ans avant la construction du par cet pendant 6 ans après la construction du parc. Les observations témoignent d’un évitement significatif de la zone du parc chez le fou de Bassan, le guillemot de Troïl et le petit pingouin. Toutefois, l’étude montre aussi que le goéland argenté, le goéland marin et le grand cormoran sont attirés par le parc. Ces effets correspondent à ceux observés pour le parc de Bligh Bank et dans d’autres études européennes. On a aujourd’hui des données cohérentes sur le comportement d’évitement pour les fous et les alcidés (famille d’oiseaux comprenant notamment le petit pingouin et le guillemot de Troïl) et l’effet d’attraction pour les grands cormorans et les goélands marins. Toutefois, on ne connaît pas l’impact des déplacements induits par la présence du parc sur la survie ou la reproduction des oiseaux.
Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter :
le dossier du maître d’ouvrage
la fiche #6, « Quel est l’état d’avancement des énergies renouvelables en France ? Quelles sont les alternatives à l’éolien flottant ? »
la fiche #7 « Quel est l'état de la filière industrielle de l'éolien en mer ? »
La fiche #12 "Retombées économiques attendues pour le Grand-Ouest?"
La fiche #7.1 « Zoom sur les fermes pilotes issues de l’appel à projets de l’ADEME de 2015 »
La fiche #9.1 «L'environnement»
Les principaux rapports existants sur l’éolien en mer :
L' association WindEurope propose un bilan annuel détaillé des parcs éoliens en mer sur le continent européen. Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter leur rapport annuel complet (disponible uniquement en anglais) :
ADEME, E-CUBE Strategy Consultants, I Care & Consult, et In Numeri. 2017. Étude sur la filière éolienne française : bilan, prospective et stratégie. 325 pages.
L’Observatoire des énergies de la mer publie annuellement un rapport détaillé sur l’état de la filière des énergies marines renouvelables en France.
Degraer, S., Brabant, R., Rumes, B. & Vigin, L. (eds). 2019. Environmental Impacts of Offshore Wind Farms in the Belgian Part of the North Sea : Marking a Decade of Monitoring, Research and Innovation. Brussels : Royal Belgian Institute of Natural Sciences, OD Natural Environment, Marine Ecology and Management, 134 p.
https://tethys.pnnl.gov/sites/default/files/publications/Degraer-2019-Offshore-Wind-Impacts.pdf
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