Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q7 • Quel serait l'impact des parcs éoliens sur l'environnement marin ?
Réponse publiée
[Question posée à la CPDP par mail, le 27/07/20]
Bonjour,
Qu’en est-il de la pollution sonore marine et de l’impact sur la faune marine : mammifère et poissons ?
Je vous remercie pour votre réponse
Gwenola Van Mingeroet
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage
Bonjour Gwenola et merci pour votre question.
Les caractéristiques du projet n’étant pas connues au niveau actuel d’avancement, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts réels. Les études permettant de caractériser l’état initial de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public. L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE et débutera une fois la zone du projet connue.
Concernant l’effet du bruit sur la faune marine
Le bruit provient principalement de l’installation des ancres, des fondations du poste en mer, puis des opérations d’ensouillage ou de protection des câbles. Le choix de la forme des ancres et des fondations du poste en mer dépend de nombreuses données d’entrée intrinsèquement liées au site d’implantation.
Les mammifères marins sont les plus affectés par ce bruit. Dans une moindre mesure, certaines espèces de poissons sont également affectées, particulièrement celles possédant une vessie natatoire comme le hareng, la sardine, l’an-chois ou l’alose. L’intensité de l’effet dépendra de la technique retenue pour installer les ancres.
Les développeurs éoliens retenus et RTE éviteront les périodes de présence des mammifères, détectées lors des mesures in situ. De plus, ils chercheront systématiquement à minimiser la durée des travaux et mettront en place les mesures de réduction existantes pour assurer une protection efficace des mammifères marins.
À ce sujet, le ministère de la Transition écologique et solidaire a publié, en juin 2020, un guide de préconisations pour limiter les impacts des émissions acoustiques en mer d’origine anthropique sur la faune marine dont celles issues des énergies marines renouvelables comme les éoliennes flottantes.
Retours d’expériences sur l’effet des parcs éoliens en mer
Certains retours d’expérience de parcs éoliens en mer exploités à l’étranger témoignent de l’observation d’un effet réserve pour les poissons avec une diversité accrue de poissons au sein de la zone du parc. Cet effet a notamment été observé dans le parc posé de Horns Rev 1 qui a été mis en service en 2002 à 15 km des côtes ouest du Danemark, où de nouvelles espèces de poissons ont été enregistrées. Les chercheurs n’ont en revanche pas observé de disparitions de certaines populations de poissons. La diversité des espèces de poissons a donc augmenté avec l’implantation du parc. D’autres études menées en Belgique et aux Pays-Bas prouvent également l’existence d’un effet réserve.
D’autres retours d’expérience sont plus prudents sur l’effet réserve permis par le parc éolien en mer. Un programme de contrôle et d’évaluation des impacts sur l’environnement (dont les communautés halieutiques) de la construction de la première ferme éolienne néerlandaise, construite entre 10 et 18 km des côtes en 2006, a été mené par l’IMARES (l’équivalent néerlandais de l’Ifremer). L’étude a réalisé des analyses avant la construction, puis après la construction. Il en ressort qu’à l’échelle de la zone côtière néerlandaise, il ne peut pas être observé d’effet significatif en matière d’abondance. Il a été observé une légère augmentation de l’anchois supposée être un résultat de la diminution de la pression de prédation liée à la protection apportée par le parc éolien ; à l’échelle du parc, de nettes différences ont pu être observées entre le nouveau substrat dur (artificiel) et le fond sableux : de grands groupes de poissons ont été observés près des monopieux et des protections anti-affouillement (cabillaud, tourteau, tacaud, chaboisseau commun, chabot de mer et dragonnet lyre), mais une moindre abondance en poissons plats, sole, li-mande, plie et merlan.
Ainsi, les études jusqu’à présent menées sur des parcs éoliens posés en mer, ne montrent pas d’effet négatif sur la ressource halieutique et tendent plutôt à montrer une augmentation de la biodiversité. Ces résultats ne sont
toutefois pas directement transposables aux parcs d’éoliennes flottantes pour lesquelles les effets récif et réserve n’ont pas encore pu être analysés.
Par ailleurs, à l’occasion du débat public des projets éoliens de Dieppe-Le Tréport et des îles d’Yeu et de Noirmoutier, la CNDP a commandé une expertise relative à l’incidence acoustique des projets éoliens en mer sur la faune marine (Jolivet et autres, 2015).
Les retours d’expérience, principalement de parcs posés, montre un impact négatif sur les mammifères marins et les poissons lors du battage de pieux de la phase de construction. En phase d’exploitation, (Marmo et al., 2013) ont comparé les spectres de niveaux sonores générés par des turbines de parcs éoliens offshores aux courbes d’audibilités de mammifères marins susceptibles d’être présents sur les sites éoliens offshores écossais (petit rorqual, marsouin commun, phoque gris, phoque commun, grand dauphin) pour modéliser les zones de réaction comportementale, qui augmentent avec l’augmentation de la vitesse du vent. On retiendra que pour un marsouin et une vitesse de vent supérieure à 10 m/sec, on peut s’attendre à une réaction d’éloignement jusqu’à une distance de 18 kilomètres pour une fondation monopile, et 9 kilomètres pour une fondation gravitaire. Pour un petit rorqual, espèce sensible à basse fréquence (<2 kHz), 10 % des individus s’éloignent à des distances entre 3,7 km et 12,7 km pour un vent égal à 10 m/sec. Aucune réaction comportementale pour le phoque gris, le phoque commun ou le grand dauphin n’est attendue.
Là encore, le parc étant flottant, les résultats ne sont pas directement transposables.
Pour en savoir plus : * la Fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage « L’Environnement » :
* l’étude complète de TBM Environnement
* « Préconisations pour limiter les impacts des émissions acoustiques en mer d’origine anthropique sur la faune marine », juin 2020, MTES
Sources
* Xodus Group Ltd, 2015. Hywind Scotland Pilot Park Project - Marine Noise Desk Study. Technical note to Statoil ASA, Doc. n°A-100142-S00-TECH-003, 17 p, http://marine.gov.scot/sites/default/files/00435569.pdf
* Stenberg, C., Deurs, M. V., Støttrup, J., Mosegaard, H., Grome, T., Dinesen, G. E., Christensen, A., Jensen, H.,Kaspersen, M., Berg, C. W., Leonhard, S. B., Skov, H., Pedersen, J., Hvidt, C. B., Klaustrup, M., Leonhard, S. B.(Ed.), Stenberg, C. (Ed.), & Støttrup, J. (Ed.) (2011). Effect of the Horns Rev 1 Offshore Wind Farm on Fish Communities. Follow-up Seven Years after Construction: Follow-up Seven Years after Construction. DTU Aqua.DTU Aqua Report, No. 246-2011, https://backend.orbit.dtu.dk/ws/portalfiles/portal/7615058/246_2011_effect_of_the_horns_rev_1_offshore_wind_farm_on_fish_communities.pdf
* Degraer, S., Brabant, R., Rumes, B. & Vigin, L. (eds). 2018. Environmental Impacts of Offshore Wind Farms in the Belgian Part of the North Sea: Assessing and Managing Effect Spheres of Influence. Brussels: Royal Belgian Institute of Natural Sciences, OD Natural Environment, Marine Ecology and Management, 136 p., https://odnature.naturalsciences.be/downloads/mumm/windfarms/winmon_report_2018_final.pdf
* Ralf van Hal, Bram Couperus, Sascha Fassler, Sven Gastauer, Ben, Griffioen, Niels Hintzen, Lorna Teal, Olvin van Keeken, Erwin Winter, « Monitoring and Evaluation Program Near Shore Wind farm (MEP-NSW) », IMARES Report C059/12, rapport technique, décembre 2012, https://www.informatiehuismarien.nl/publish/pages/109383/owez_r_264_t1_20121215_final_report_fish_4222.pdf
* A. Jolivet, B. Kinda, D. Mathias, (20 juillet 2015), « Synthèse des connaissances de la communauté scientifique sur l’impact acoustique des projets éoliens off-shore sur la faune marine », rapport technique élaboré à la demande de Mme Lavarde (secrétaire générale de la commission nationale du débat public) le 15 juin 2015 pour élaborer une synthèse des connaissances de la communauté scientifique sur l’impact acoustique des projets éoliens offshore afin de contribuer au débat public des projets éoliens offshore de Dieppe-Le Tréport et des îles d’Yeu et de Noirmoutier, https://cpdp.debatpublic.fr/cpdp-eolienmer-pdlt/sites/debat.eolienmer_pdlt/files/expertise_complementaire-impact_acoustique_eolien.pdf
* Marmo, B., Roberts, I., Buckingham, M.P., King, S., Booth, C. 2013. « Modelling of Noise Effects of Operational Offshore Wind Turbines including noise transmission through various foundation types ». Edinburgh: Scottish Government., https://tethys.pnnl.gov/sites/default/files/publications/Marmo_et_al_2013.pdf
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