Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q13 • Perturbation et cause d'accident pour les cétacés
Réponse publiée
Comment allez-vous empêcher les bruits sous-marins nécessairement créés par les éoliennes de perturber, dérouter et parfois causer la mort par échouage des baleines, orques, dauphins et autres animaux marins sensibles aux sons ?
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage
Bonjour Abigael et merci pour votre question.
Le bruit sous-marin d’un parc éolien en fonctionnement est considéré comme similaire aux bruits d’origine anthropique habituels (trafic maritime notamment). Le bruit sur les espèces en phase d’exploitation est considéré comme bien moins affectant qu’en phase travaux même s’il demeure mal connu. Les effets temporaires potentiels sont liés au bruit des travaux qui affecte la faune marine selon leur capacité auditive. La faune va avoir tendance à fuir la zone des travaux, aboutissant à une perte temporaire d’habitat. Les travaux d’installation d’un parc éolien flottant, tel que celui prévu au sud de la Bretagne, génèrent moins de bruit sous-marin qu’un parc éolien en mer posé puisque dans un cas il s’agit de fixer des ancres et dans l’autre des fondations nécessitant le recours à des technologies plus bruyantes et des temps de travaux plus long. Chez les mammifères marins, le bruit sous-marin peut engendrer des dérangements comportementaux, des pertes d’audition, des blessures et mener à une surmortalité. L’impact du bruit sous-marin est moins bien connu pour les autres animaux. On sait toutefois que les poissons dotés d’une vessie natatoire (organe de flottabilité) à proximité de l’oreille interne y sont particulièrement sensibles et peuvent être blessés en cas de forte exposition.
Concernant les mesures d’évitement des impacts du bruit sous marin sur les mammifères marins
Lorsque les caractéristiques précises du projet seront connues, il sera possible d’évaluer les impacts du parc et de définir les mesures « éviter, réduire, compenser », (ERC) que le porteur de projet devra mettre en œuvre. Pour étudier ces impacts, il convient d’engager une démarche globale, transversale et systémique d’évaluation environnementale qui englobe la conception, la construction, l’exploitation et le démantèlement du parc et de son raccordement. Chaque phase génère des impacts différents, mais imbriqués, que les maîtres d’ouvrage et le futur développeur éolien prendront en compte dans l’élaboration générale du projet, selon la démarche « éviter, réduire, compenser » portant bien sur toutes les phases de la conception au démantèlement. Au stade du débat public et jusqu’à la réalisation de l’évaluation environnementale de l’intégralité du projet, il n’est pas possible d’être exhaustif concernant les impacts à considérer et les mesures à déployer. L’analyse des impacts du projet sur l’environnement sera possible grâce à la réalisation de l’état actuel de l'environnement à l’issue du débat public.
Dès à présent, il est toutefois possible d’identifier certains effets attendus aux différentes phases ainsi que les solutions envisageables. Le bruit provient principalement de l’installation des ancres, des fondations du poste en mer, puis des opérations d’ensouillage ou de protection des câbles. Le choix de la forme des ancres et des fondations du poste en mer dépend de nombreuses données d’entrée intrinsèquement liées au site d’implantation. L’intensité de l’impact dépendra de la technique retenue pour installer les ancres. Les développeurs éoliens retenus et RTE éviteront les périodes de présence des mammifères, détectées lors des mesures in situ. De plus, ils chercheront systématiquement à minimiser la durée des travaux et mettront en place les mesures de réduction existantes pour assurer une protection efficace des mammifères marins. À ce sujet, le ministère de la Transition écologique et solidaire a publié, en juin 2020, un guide de préconisations pour limiter l’incidence des émissions acoustiques en mer d’origine anthropique sur la faune marine dont celles issues des énergies marines renouvelables comme les éoliennes flottantes. Parmi les mesures d’évitement et de réduction mis en place pour d’autres projets de parcs et inscrites dans les autorisations administratives, on peut citer :
- la surveillance de la zone (par des observateurs embarqués et/ou acoustique passive) afin de faire cesser les travaux si un mammifère marin est repéré dans un certain rayon autour des travaux ;
- le démarrage doux qui consiste à augmenter progressivement l’intensité des travaux de battage (et donc du bruit) afin de faire fuir les cétacés ;
- des dispositifs de réduction du bruit (rideau de bulle, blocs isolants, batardeaux) installés autour des pieux au moment du battage.
Il faut noter que la méthode du battage de pieu, qui fait l'objet de ces mesures de réduction d'impact, ne devrait être utilisée que pour installer le poste électrique en mer des parcs éoliens flottants, pas les éoliennes elles-mêmes.
Analyse des retours d’expérience
À l’occasion du débat public des projets éoliens de Dieppe-Le Tréport et des îles d’Yeu et de Noirmoutier, la CNDP a commandé une expertise relative à l’incidence acoustique des projets éoliens en mer sur la faune marine (Jolivet et autres, 2015). Les retours d’expérience, principalement de parcs posés, montrent que la phase de construction peut engendrer un impact négatif sur les mammifères marins et les poissons lors du battage de pieux. En phase d’exploitation, Marmo et al., 2013 ont comparé les spectres de niveaux sonores générés par des turbines de parcs éoliens offshores aux courbes d’audibilité de mammifères marins susceptibles d’être présents sur les sites éoliens offshores écossais (Petit Rorqual, Marsouin Commun, Phoque Gris, Phoque Commun, Grand Dauphin) pour modéliser les zones de réaction comportementale, qui augmentent avec l’augmentation de la vitesse du vent. Par exemple, pour une vitesse de vent supérieure à 10 m/sec, on peut s’attendre à une réaction d’éloignement du Marsouin jusqu’à une distance de 18 kilomètres pour une fondation monopile, et 9 kilomètres pour une fondation gravitaire. Pour un Petit Rorqual, espèce sensible à basse fréquence (<2 kHz), 10 % des individus s’éloignent à des distances entre 3,7 km et 12,7 km pour un vent égal à 10 m/sec. Aucune réaction comportementale pour le Phoque Gris, le Phoque Commun ou le Grand Dauphin n’est attendue. Le futur parc éolien au sud de la Bretagne étant flottant, les résultats sur l'effet du bruit en exploitation ne sont pas directement transposables.
Pour en savoir plus :
- fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage « L’Environnement » ;
- fiche #10 du document du maître d’ouvrage « En quoi consiste la démarche « éviter, réduire, compenser » ? » ;
- fiche #10.1 du document du maître d’ouvrage « Focus sur les impacts pour le parc et le raccordement au réseau public de transport d’électricité et mesures « éviter, réduire, compenser » associées » ;
- l’étude complète de TBM Environnement ;
- « Préconisations pour limiter les impacts des émissions acoustiques en mer d’origine anthropique sur la faune marine », juin 2020, MTES.
Sources :
- A. Jolivet, B. Kinda, D. Mathias, (20 juillet 2015), « Synthèse des connaissances de la communauté scientifique sur l’impact acoustique des projets éoliens off-shore sur la faune marine », rapport technique élaboré à la demande de Mme Lavarde (secrétaire générale de la commission nationale du débat public) le 15 juin 2015 pour élaborer une synthèse des connaissances de la communauté scientifique sur l’impact acoustique des projets éoliens offshore afin de contribuer au débat public des projets éoliens offshore de Dieppe-Le Tréport et des îles d’Yeu et de Noirmoutier, https://cpdp.debatpublic.fr/cpdp-eolienmer-pdlt/sites/debat.eolienmer_pdlt/files/expertise_complementaire-impact_acoustique_eolien.pdf ;
- Marmo, B., Roberts, I., Buckingham, M.P., King, S., Booth, C. 2013. « Modelling of Noise Effects of Operational Offshore Wind Turbines including noise transmission through various foundation types ». Edinburgh: Scottish Government., https://tethys.pnnl.gov/sites/default/files/publications/Marmo_et_al_2013.pdf
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