Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q37 • Quels sont les impacts environnementaux ?
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Rémi TEPHO
1) Tout à fait FAVORABLE au parc éolien flottant.
2) Quel impact sur le biotope ?
3) Quel impact sur la pêche ?
4) Etudier l'intérêt de coupler avec des récifs immergés pour favoriser la reproduction des poissons au pied des éoliennes flottantes ?
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant l’impact sur la biodiversité,
Les caractéristiques précises du projet n’étant pas encore connues, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts. Les études permettant de caractériser l’état actuel de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public. L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera ensuite réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE.
Au stade actuel, il est possible de définir un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents. Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir et spatialiser ces risques d’effet en s’appuyant sur la bibliographie (études et données) existantes.
L’étude bibliographique réalisée par TBM et Géonomie a été validée par les établissements publics compétents : l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).
Le travail de planification (choix d’une zone de moindre contrainte) dans lequel s’inscrit le débat public permet d’ores et déjà d’éviter et réduire les effets du futur parc.
Les impacts sur les espèces volantes
L’avifaune (oiseaux) est la plus affectée par la présence et la rotation des éoliennes.
Il y a d’abord un risque de collision pour les oiseaux volants à hauteur des pales. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varient d’une espèce à l’autre. Le parc peut également représenter un obstacle pour l’avifaune, poussant les oiseaux à rallonger leurs vols pour l’éviter (effet barrière). Le parc peut aussi prendre la place d’une zone fonctionnelle et ainsi engendrer une perte d’habitat. Comme pour le risque de collision, l’effet barrière et la perte d’habitat varient selon les espèces et dépendent des caractéristiques du parc (disposition, taille, éloignement).
Les chiroptères (chauves-souris) ayant déjà été observés en mer on suppose qu’ils peuvent être concernés par le risque de collision ou l’effet barrière. Des barotraumatismes (lésions internes provoquées par le changement brutal de pression induit par le mouvement des pales) ayant été observés sur les parcs éoliens terrestres, il se peut qu’ils existent aussi en mer.
Pour réduire la collision avec les oiseaux, les développeurs éoliens retenus après la mise en concurrence devront définir les caractéristiques des parcs (nombre d’éoliennes, éloignement, hauteur des pales, espacement entre les éoliennes, surface balayée par le rotor) en tenant compte des hauteursde vol et du comportement des oiseaux relevés durant l’état actuel de l’environnement. La plupart des autorisations environnementales déjà délivrées à des projets éoliens en mer (parcs commerciaux ou fermes pilotes) prévoit des mesures de réduction des impacts sur l’avifaune. Ces mesures peuvent être :
- Réduction de l’intensité de l’éclairage et dispositifs anti-perchoirs pour éviter d’attirer les oiseaux
- Bridage (c’est le cas pour les parcs en mer Baltique situés sur des axes migratoires majeurs, en France, seule la ferme EolMed au large de Port-la-Nouvelle a inscrit une telle mesure)
- Effarouchement visuel (banderoles, épouvantails, laser) ou sonores (sirènes, cris de détresse),
Impacts sur les mammifères marins
Chez les mammifères marins, le bruit sous-marin peut engendrer des dérangements comportementaux, des pertes d’audition voire des blessures. Les bruits liés au battage de pieu pour la construction de parc éolien posé sont les plus impactant pour les mammifères mais ce type de travaux n’auront pas lieu pour un parc éolien flottant. En phase d’exploitation, le bruit du parc est considéré comme similaire aux bruits d’origine anthropique habituels (trafic maritime notamment).
Impact sur l’ichtyofaune (poissons)
Les poissons dotés d’une vessie natatoire (organe de flottabilité) à proximité de l’oreille interne sont particulièrement sensibles au bruit mais l’absence de travaux bruyants de battage de pieu limitera l’impact sur l’ichtyofaune.
Impacts connus sur les fonds marins
La construction du parc donne lieu à une perte ou une modification des habitats benthiques (fond marin) dont l’impact dépend du type de travaux et de la nature du sol.
Effets cumulés
Les effets cumulés des parcs éoliens en mer sur la biodiversité seront considérés par le porteur de projet dans son évaluation environnementale. Ces effets cumulés sont aujourd’hui mal connus et encore difficiles à évaluer. Cependant, des travaux sont en cours sur ce sujet (groupe de travail ECUME piloté par la Direction générale de l’énergie et du climat et la Direction de l’eau et de la biodiversité, notamment) et les projets pilotes pourront apporter des enseignements.
Un exemple de retour d’expérience : dix ans de suivi environnemental en Belgique
La partie belge de la mer du Nord compte 6 parcs éoliens en mer (pour une puissance de 1556 MW), certains opérationnels depuis 2008. Ces parcs font l’objet, depuis leur création, d’un programme de suivi des impacts environnementaux intitulé WinMon.B.E. La Belgique offre ainsi un retour d’expérience de plus de 10 ans sur l’impact des parcs éoliens sur l’environnement marins.
Le dernier rapport issu de ces 10 ans de suivi montre notamment :
- qu’il n’y a pas de différence significative sur la concentration en zinc (pour évaluer l’impact des anodes sacrificiels) entre les échantillons prélevés à proximité ou loin des éoliennes
- que la pêche a été très peu modifiée aux abords des parcs
- que les fondations des éoliennes ont été colonisées par divers espèces benthiques
- que les fous de Bassan, les guillemots de Troïl et les petits pingouins observés à Thornton Bank et Bligh Bank évitent les parcs, tandis que les grands cormorans et les goélands marins sont attirés par le parc
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage «L’Environnement»
- la Fiche #10 «En quoi consiste la démarche «éviter, réduire, compenser ? »
- la Fiche #10.1 « Focus sur les impacts pour le parc et pour le raccordement au réseau public de transport d’électricité et mesures « éviter, réduire, compenser » associées »
- L’étude bibliographique complète (voir bas du site)
- Degraer, S., Brabant, R., Rumes, B. & Vigin, L. (eds). 2019. Environmental Impacts of Offshore Wind Farms in the Belgian Part of the North Sea: Marking a Decade of Monitoring, Research and Innovation. Brussels: Royal Belgian Institute of Natural Sciences, OD Natural Environment, Marine Ecology and Management, 134 p.
Concernant la pêche,
L’implantation de parcs éoliens en mer peut perturber les activités de pêche professionnelle en affectant potentiellement le milieu et les espèces commerciales en phase de construction (nuisances sonores, restriction/interdiction d’accès au site pendant les travaux) ainsi qu’en phase d’activité en utilisant de manière permanente une zone de l’espace maritime dans laquelle la pêche et la navigation peuvent être en partie restreintes.
Cela peut induire une perte de superficie de pêche, la modification des trajets pouvant entraîner une augmentation des coûts en carburant et ainsi qu’une perte de bénéfices. Il n’est certes pas possible de considérer dès maintenant que le parc éolien entraînerait automatiquement une perte de bénéfices, car cela dépend de plusieurs facteurs : présence de ressources halieutiques, nature de ces ressources, effet du parc sur la dynamique de mouvement des poissons, possibilité ou non de pêcher dans le parc, effet récif, etc
Le lauréat de la procédure de mise en concurrence et RTE travailleront en concertation avec les professionnels de la pêche afin de limiter l’effet des parcs et du raccordement sur leurs activités. La préservation des secteurs les plus fréquentés par les navires ou présentant une grande richesse halieutique sera recherchée. La définition de la zone d’implantation du projet devra prendre en compte ce paramètre de préservation, essentiel pour l’activité de pêche.
L’autorisation du maintien de la pêche au sein du parc dépendra des risques identifiés suite à une analyse détaillée de l’effet potentiel du projet sur les activités. La France a pour objectif de favoriser autant que possible la compatibilité des usages en mer, y compris au sein des parcséoliens en mer en phase d’exploitation, dans les limites permises par la sécurité de la navigation maritime. La Direction des affaires maritimes du ministère de la Transition écologique et solidaire a publié le 28 juillet 2017 une note technique établissant les principes permettant d’assurer l’organisation des usages maritimes et leur sécurité dans et aux abords immédiats d’un champ éolien en mer.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.4 du document du maître d’ouvrage «La pêche»
- «Approche cartographique de l’activité de pêche professionnelle au nord du Golf de Gascogne», Cerema
Concernant l’effet réserve,
Les infrastructures introduites dans le milieu constituent des récifs artificiels. Les organismes peuplant les fonds marins vont coloniser les fondations : c’est l’effet récif. Dans les zones d’implantation des parcs, cette colonisation est susceptible de modifier la chaîne trophique, c’est-à-dire les relations qui s’établissent entre des organismes en fonction de leurs habitudes alimentaires. Cette abondance de proies potentielles peut attirer des prédateurs (mammifères marins, poissons, oiseaux) dans le parc. Une exclusion de l’activité de pêche au sein des parcs, combinée à cet effet récif peut créer un effet réserve localisé.
Certains retours d’expérience de parcs éoliens en mer exploités à l’étranger témoignent d’un effet réserve pour les poissons (diversité accrue de poissons au sein du parc). Cet effet a notamment été observé dans le parc Horns Rev 1 qui a été mis en service en 2002 à 15km des côtes ouest du Danemark, où de nouvelles espèces de poissons ont été enregistrées dans le récif artificiel ainsi créé. Les chercheurs n’ont en revanche pas observé de disparitions de certaines populations de poissons.
D’autres études menées en Belgique et aux Pays-Bas prouvent également l’existence d’un effet réserve pour certaines espèces.
Cependant, d’autres retours d’expérience sont plus prudents sur l’effet réserve permis par le parc éolien en mer. Un programme de contrôle et d’évaluation des impacts sur l’environnement (dont les communautés halieutiques) de la construction de la première ferme éolienne néerlandaise, construite entre 10 et 18km des côtes en 2006, a été mené par l’IMARES (l’équivalent néerlandais de l’Ifremer). L’étude a réalisé des analyses avant la construction, puis après la construction. Il en ressort qu’à l’échelle de la zone côtière néerlandaise, il ne peut pas être observé d’effet significatif en matière d’abondance. Il a été observé une légère augmentation de l’anchois supposée être un résultat de la diminution de la pression de prédation liée à la protection apportée par la ferme éolienne; à l’échelle du parc, de nettes différences ont pu être observées entre le nouveau substrat dur (artificiel) et le fond sableux: de grands groupes de poissons ont été observés près des monopieux et des protections anti-affouillement (Cabillaud, Tourteau, Tacaud, Chaboisseau commun, Chabot de mer et Dragonnet lyre), mais une moindre abondance en poissons plats, Sole, Limande et Plie. Ainsi, les études jusqu’à présent menées sur des parcs éoliens posés en mer, ne montrent pas d’effet négatif sur la ressource halieutique et tendent plutôt à montrer une augmentation de la biodiversité. Ces résultats ne sont toutefois pas directement transposables aux parcs d’éoliennes flottantes pour lesquelles les effets récif et réserve n’ont pas encore pu être analysés.
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