Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q41 • Peut-on envisager une réserve de pêche ?
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Hervé RECANATI
A 100% pour et enthousiaste !
Ne pourrait-on pas envisager une réserve de pêche dans la zone avec des "modules" cages facilitant la reproduction des espèces halieutiques ? (Cela a déjà été réalisé avec succès à la ferme aquamarine de Deuborh à Belle-Île dans les années 70-80)
Réponse officielle :
Réponse de la maitrise d'ouvrage :
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant la planification des activités en mer,
La France s’est engagée dans une politique maritime prenant en compte la préservation du milieu marin, le développement économique des activités maritimes et littorales, et favorisant une gestion intégrée entre la terre et la mer. Au niveau national, la stratégie nationale de la mer et des littoraux de 2017 fixe quatre objectifs fondamentaux :
- la transition écologique,
- le développement d’une économie bleue durable,
- le bon état écologique du milieu,
- et l’ambition d’une France influente en tant que nation maritime.
Au niveau de la façade maritime, le document stratégique de façade décline la stratégie nationale et traduit de manière concrète la directive cadre européenne sur le bon état écologique des milieux marins de 2008 et celle sur la planification des activités en mer et sur le littoral de 2014. Ces deux directives, complémentaires, ont pour but que la mer demeure saine, propre et productive, tout en planifiant les activités qui s’y déroulent.
Le Document Stratégique de la Façade (DSF) Nord Atlantique-Manche Ouest (NAMO) est en cours d’élaboration et son adoption finale est prévue pour début 2022. Il est constitué de deux volets :
- le volet stratégique comprenant l’état des lieux (situation de l’existant), les 30 objectifs stratégiques socio-économiques et environnementaux, la carte des vocations et la vision des acteurs pour la façade maritime à horizon 2030. Ce volet a été adopté le 24 septembre 2019
- le volet opérationnel, en cours d’élaboration, et constitué par le dispositif de suivi et le plan d’action.
L’objectif stratégique de développement d’une économie bleue durable comporte un objectif particulier de développement des énergies marines renouvelables. La carte des vocations qui permet de spatialiser ces objectifs, donne la priorité au développement de l’éolien flottant et pêches et aquacultures durables sur le plateau continental central (zone 3b). Cette dernière est la première devant être prospectée pour le développement de l’éolien flottant. La zone 5e limitrophe donne la priorité aux pêches et aquacultures durables, et à l’éolien flottant.
La zone portée au débat public se situe à cheval sur ces 2 zones de vocations.
Il s’agit de favoriser autant que possible la compatibilité des usages en mer, y compris au sein des parcs éoliens en mer en phase d’exploitation, dans les limites permises par la sécurité de la navigation maritime. La Direction des affaires maritimes du ministère de la Transition écologique et solidaire a publié le 28 juillet 2017 une note technique établissant les principes permettant d’assurer l’organisation des usages maritimes et leur sécurité dans et aux abords immédiats d’un champ éolien en mer. Même si la zone n’a aujourd’hui pas vocation à devenir une réserve de pêche, la note technique du 28 juillet 2017, concernant la pêche professionnelle dans un champ éolien flottant, indique que « La diversité des caractéristiques techniques et l’absence de retour d’expérience ne permettent pas d’édicter de règles strictes sur les pratiques de pêche dans les champs d’éoliennes flottantes. Néanmoins, du fait de la présence des dispositifs d’ancrage et des câbles de liaison électrique, l’exercice de la pêche aux arts dormants et traînants dans ce champ revêt a priori un risque pour la sécurité des navires de pêche et l’intégrité des structures. »
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- La stratégie de façade maritime Nord Atlantique - Manche Ouest (volet stratégique du DSF NAMO) ,
- l’état d’avant du volet opérationnel du Document stratégique de façade Nord Atlantique – Manche Ouest,
- la carte des vocations du Document stratégique de façade Nord Atlantique – Manche Ouest
-la note de la Direction des affaires maritimes du 28 juillet 2017 relative aux principes permettant d'assurer l'organisation des usages maritimes et leur sécurité dans et aux abords immédiats d'un champ éolien en mer
Concernant l'effet récif, réserve,
Les infrastructures introduites dans le milieu constituent des récifs artificiels. Les organismes peuplant les fonds marins vont coloniser les fondations : c’est l’effet récif.
Dans les zones d’implantation des parcs, cette colonisation est susceptible de modifier la chaîne trophique, c’est-à-dire les relations qui s’établissent entre des organismes en fonction de leurs habitudes alimentaires. Cette abondance de proies potentielles peut attirer des prédateurs (mammifères marins, poissons, oiseaux) dans le parc. Une exclusion de l’activité de pêche au sein des parcs, combinée à cet effet récif peut créer un effet réserve localisé.
Certains retours d’expérience de parcs éoliens en mer exploités à l’étranger témoignent d’un effet réserve pour les poissons (diversité accrue de poissons au sein du parc). Cet effet a notamment été observé dans le parc Horns Rev 1 qui a été mis en service en 2002 à 15km des côtes ouest du Danemark, où de nouvelles espèces de poissons ont été enregistrées dans le récif artificiel ainsi créé. Les chercheurs n’ont en revanche pas observé de disparitions de certaines populations de poissons.
D’autres études menées en Belgique et aux Pays-Bas prouvent également l’existence d’un effet réserve pour certaines espèces.
Cependant, d’autres retours d’expérience sont plus prudents sur l’effet réserve permis par le parc éolien en mer. Un programme de contrôle et d’évaluation des impacts sur l’environnement (dont les communautés halieutiques) de la construction de la première ferme éolienne néerlandaise, construite entre 10 et 18km des côtes en 2006, a été mené par l’IMARES (l’équivalent néerlandais de l’Ifremer). L’étude a réalisé des analyses avant la construction, puis après la construction. Il en ressort qu’à l’échelle de la zone côtière néerlandaise, il ne peut pas être observé d’effet significatif en matière d’abondance. Il a été observé une légère augmentation de l’anchois supposée être un résultat de la diminution de la pression de prédation liée à la protection apportée par la ferme éolienne; à l’échelle du parc, de nettes différences ont pu être observées entre le nouveau substrat dur (artificiel) et le fond sableux: de grands groupes de poissons ont été observés près des monopieux et des protections anti-affouillement (Cabillaud, Tourteau, Tacaud, Chaboisseau commun, Chabot de mer et Dragonnet lyre), mais une moindre abondance en poissons plats, Sole, Limande et Plie.
Ainsi, les études jusqu’à présent menées sur des parcs éoliens posés en mer, ne montrent pas d’effet négatif sur la ressource halieutique et tendent plutôt à montrer une augmentation de la biodiversité. Ces résultats ne sont toutefois pas directement transposables aux parcs d’éoliennes flottantes pour lesquelles les effets récif et réserve n’ont pas encore pu être analysés.
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