Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q79 • Localisation et impact
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Vincent CLOAREC
Bonjour,
Je m'interroge sur l'impact vis-à-vis de la faune et de la flore maritimes ainsi que sur le milieu de la pêche.
Sachant qu'une éolienne produit 2MW, 250MW représentent un parc de 125 éoliennes. Quelles sont les distances entre elles ? Les bateaux de pêche et de plaisance seront-ils autorisés à naviguer dans la zone ?
Où sera implanté le poste électrique terrestre ?
Merci, cordialement.
Réponse officielle :
Réponse de la maitrise d'ouvrage
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant les impacts sur la biodiversité,
Les caractéristiques précises du projet n’étant pas encore connues, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts. Les études permettant de caractériser l’état actuel de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public. L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera ensuite réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE.
Au stade actuel, il est possible de définir un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents. Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir et spatialiser ces risques d’effet en s’appuyant sur la bibliographie (études et données) existantes..
L’étude bibliographique réalisée par TBM et Géonomie a été validée par les établissements publics compétents : l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).
Le travail de planification (choix d’une zone de moindre contrainte) dans lequel s’inscrit le débat public permet d’ores et déjà d’éviter et réduire les effets du futur parc.
Les impacts sur les espèces volantes
L’avifaune (oiseaux) est la plus affectée par la présence et la rotation des éoliennes.
Il y a d’abord un risque de collision pour les oiseaux volants à hauteur des pales. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varient d’une espèce à l’autre. Le parc peut également représenter un obstacle pour l’avifaune, poussant les oiseaux à rallonger leurs vols pour l’éviter (effet barrière). Le parc peut aussi prendre la place d’une zone fonctionnelle et ainsi engendrer une perte d’habitat. Comme pour le risque de collision, l’effet barrière et la perte d’habitat varient selon les espèces et dépendent des caractéristiques du parc (disposition, taille, éloignement).
Les chiroptères (chauves-souris) ayant déjà été observés en mer on suppose qu’ils peuvent être concernés par le risque de collision ou l’effet barrière. Des barotraumatismes (lésions internes provoquées par le changement brutal de pression induit par le mouvement des pales) ayant été observés sur les parcs éoliens terrestres, il se peut qu’ils existent aussi en mer.
Pour réduire la collision avec les oiseaux, les développeurs éoliens retenus après la mise en concurrence devront définir les caractéristiques des parcs (nombre d’éoliennes, éloignement, hauteur des pales, espacement entre les éoliennes, surface balayée par le rotor) en tenant compte des hauteurs de vol et du comportement des oiseaux relevés durant l’état actuel de l’environnement. La plupart des autorisations environnementales déjà délivrées à des projets éoliens en mer (parcs commerciaux ou fermes pilotes) prévoit des mesures de réduction des impacts sur l’avifaune. Ces mesures peuvent être :
- Réduction de l’intensité de l’éclairage et dispositifs anti-perchoirs pour éviter d’attirer les oiseaux
- Bridage (c’est le cas pour les parcs en mer Baltique situés sur des axes migratoires majeurs, en France, seule la ferme EolMed au large de Port-la-Nouvelle a inscrit une telle mesure)
- Effarouchement visuel (banderoles, épouvantails, laser) ou sonores (sirènes, cris de détresse),
Impacts sur les mammifères marins
Chez les mammifères marins, le bruit sous-marin peut engendrer des dérangements comportementaux, des pertes d’audition voire des blessures. Les bruits liés au battage de pieu pour la construction de parc éolien posé sont les plus impactant pour les mammifères mais ce type de travaux n’auront pas lieu pour un parc éolien flottant. En phase d’exploitation, le bruit du parc est considéré comme similaire aux bruits d’origine anthropique habituels (trafic maritime notamment).
Impact sur l’ichtyofaune (poissons)
Les poissons dotés d’une vessie natatoire (organe de flottabilité) à proximité de l’oreille interne sont particulièrement sensibles au bruit mais l’absence de travaux bruyants de battage de pieu limitera l’impact sur l’ichtyofaune.
Impacts connus sur les fonds marins
La construction du parc donne lieu à une perte ou une modification des habitats benthiques (fond marin) dont l’impact dépend du type de travaux et de la nature du sol.
Effets cumulés
Les effets cumulés des parcs éoliens en mer sur la biodiversité seront considérés par le porteur de projet dans son évaluation environnementale. Ces effets cumulés sont aujourd’hui mal connus et encore difficiles à évaluer. Cependant, des travaux sont en cours sur ce sujet (groupe de travail ECUME piloté par la Direction générale de l’énergie et du climat et la Direction de l’eau et de la biodiversité, notamment) et les projets pilotes pourront apporter des enseignements.
Un exemple de retour d’expérience : dix ans de suivi environnemental en Belgique
La partie belge de la mer du Nord compte 6 parcs éoliens en mer (pour une puissance de 1556 MW), certains opérationnels depuis 2008. Ces parcs font l’objet, depuis leur création, d’un programme de suivi des impacts environnementaux intitulé WinMon.B.E. La Belgique offre ainsi un retour d’expérience de plus de 10 ans sur l’impact des parcs éoliens sur l’environnement marins.
Le dernier rapport issu de ces 10 ans de suivi montre notamment :
- qu’il n’y a pas de différence significative sur la concentration en zinc (pour évaluer l’impact des anodes sacrificiels) entre les échantillons prélevés à proximité ou loin des éoliennes
- que la pêche a été très peu modifiée aux abords des parcs
- que les fondations des éoliennes ont été colonisées par divers espèces benthiques
- que les fous de Bassan, les guillemots de Troïl et les petits pingouins observés à Thornton Bank et Bligh Bank évitent les parcs, tandis que les grands cormorans et les goélands marins sont attirés par le parc.
Ces résultats ne sont toutefois pas directement transposables aux parcs d’éoliennes flottantes pour lesquelles les effets sous-marins n’ont pas encore été analysés.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage «L’Environnement»
la Fiche #10 «En quoi consiste la démarche «éviter, réduire, compenser ? »
- la Fiche #10.1 « Focus sur les impacts pour le parc et pour le raccordement au réseau public de transport d’électricité et mesures « éviter, réduire, compenser » associées »
- L’étude bibliographique complète (voir bas du site)
- Degraer, S., Brabant, R., Rumes, B. & Vigin, L. (eds). 2019. Environmental Impacts of Offshore Wind Farms in the Belgian Part of the North Sea: Marking a Decade of Monitoring, Research and Innovation. Brussels: Royal Belgian Institute of Natural Sciences, OD Natural Environment, Marine Ecology and Management, 134 p
Concernant les caractéristiques du projet,
Pour le premier parc de 250 MW envisagé à l’issue du débat public, les éoliennes pourraient disposer d’une puissance de 12 MW et seraient 21 au maximum. Les éoliennes en mer plus, hautes et plus puissantes qu’à terre ne seront donc pas d’un modèle de puissance 2MW comme indiqué dans votre question.
Le modèle de 12 MW envisagé correspond au modèle d’éolienne la plus puissante construite à ce jour, par General Electric. Si, avec les progrès technologiques, une éolienne plus puissante était commercialisée entre-temps, le parc envisagé compterait moins d’éoliennes. Celles-ci seraient alors de plus grande taille, sous réserve de conformité avec les contraintes de défense.
La puissance d’une éolienne est proportionnelle à la surface balayée par ses pales : plus le diamètre de l’éolienne est grand, plus elle peut produire d’électricité. Par conséquent, pour une puissance totale donnée, plus les éoliennes sont grandes, moins elles sont nombreuses. Par exemple, pour réaliser un parc d’environ 250 MW, 42 éoliennes sont nécessaires avec des modèles produisant 6 MW, alors que seulement 25 éoliennes sont nécessaires avec des modèles de 10 MW et 19 avec des modèles de 13 MW. Compte tenu de ces caractéristiques encore variables à un stade aussi avancé du projet, il n’est pas possible de connaître aujourd’hui l’espacement entre les éoliennes. Le schéma d’implantation final sera réalisé par le développeur éolien privé lauréat de la procédure d’appel d’offres au moment où il instruira ses demandes d’autorisations administratives.
Le premier parc de 250 MW, sous l’hypothèse d’un facteur de charge de 45%, permettra de produire l’équivalent de la consommation électrique de plus de 190 000 ménages ce qui serait plus que suffisant pour subvenir à la consommation des ménages de Quimper, Brest et Lorient réunis, recensés par l’Insee en 2016.
D’après l’INSEE[1], il y avait en 2017 environ 1 500 000 ménages dans la région Bretagne et 340 000 dans le département du Morbihan. Ce projet de 250 MW, sous l’hypothèse d’un facteur de charge de 45%, permettrait par conséquent de subvenir à la consommation de 12% des ménages bretons et environ 55% des ménages Morbihannais.
[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=REG-53+DEP-56
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter :
- La fiche #4 du dossier du maître d’ouvrage : « Quelques notions sur l’énergie électrique »
- La fiche #15 du dossier du maître d’ouvrage : « Quelles sont les grandes caractéristiques de deux parcs éoliens flottants au sud de la Bretagne ? «
Concernant la navigation,
Les éoliennes peuvent constituer un obstacle au trafic maritime et aux différents usages en mer.
Le préfet maritime recueillera l’avis des usagers de la mer réunis en commissions nautiques et travaillera avec les développeurs éoliens et RTE pour définir les conditions de navigation dans le parc pendant les phases de construction, d’exploitation et de démantèlement.
Pour chaque étape, les restrictions de navigation seront examinées au cas par cas pour assurer la sécurité dans certains secteurs du parc comme les zones à proximité des éoliennes, de la sous-station électrique ou sur le tracé des câbles électriques.
Il existe d’ores et déjà des notes techniques de la direction des affaires maritimes qui préconisent des distances de sécurité de navigation pour les navires en fonction de leur taille pendant la phase d’’exploitation. Le trafic des navires de commerce ne sera pas autorisé au sein du parc.
Pour les autres activités telles que la plaisance ou la pêche, l’examen se fera au cas par cas.
Pour assurer la sécurité maritime et éviter les collisions, en plus des restrictions sur la navigation au sein et autour du parc, en application des prescriptions de la préfecture maritime et du commandant de zone maritime, les développeurs éoliens assureront la mise en place des mesures d’accompagnement le cas échéant (radars supplémentaires, système d’identification automatique, etc.) au sein du parc pour assurer la continuité des missions de sauvetage, de surveillance, d’informations et de veille de toutes les activités en mer. En effet, le CROSS d’Étel et les sémaphores utilisent des radars et des moyens radioélectriques de communication. Leur champ de propagation doit demeurer libre de tout obstacle susceptible de perturber leurs missions de coordination des opérations de sauvetage, de surveillance de la navigation ou bien de veille des activités civiles et militaires en mer.
Enfin, les parcs éoliens seront balisés selon les règles de la navigation maritime et aéronautique. Le balisage devra être conforme aux recommandations de l’Association internationale de signalisation maritime.
Pour aller plus loin :
- la Fiche #9.3 du dossier du maître d’ouvrage « Le trafic et la sécurité maritime »
- la note technique du 11 juillet 2016 ‘relative aux mesures de sécurité maritime applicables à la planification d’un champ éolien en mer’, Direction des affaires maritimes, Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer, en charge des relations internationales sur le climat.
- la Note technique du 8 octobre 2018 ‘relative à la gestion des opérations de sauvetage dans et aux abords immédiats d’un champ éolien en mer’, Direction des Affaires Maritimes du Ministère chargé des transports
Concernant l’impact sur la pêche,
Le lauréat de la procédure de mise en concurrence et RTE travailleront en concertation avec les professionnels de la pêche afin de limiter l’effet des parcs et du raccordement sur leurs activités. La préservation des secteurs les plus fréquentés par les navires ou présentant une grande richesse halieutique sera recherchée. La définition de la zone d’implantation du projet devra prendre en compte ce paramètre de préservation, essentiel pour l’activité de pêche.
L’autorisation du maintien de la pêche au sein du parc dépendra des risques identifiés suite à une analyse détaillée de l’effet potentiel du projet sur les activités. La France a pour objectif de favoriser autant que possible la compatibilité des usages en mer, y compris au sein des parcs éoliens en mer en phase d’exploitation, dans les limites permises par la sécurité de la navigation maritime. La Direction des affaires maritimes du ministère de la Transition écologique et solidaire a publié le 28 juillet 2017 une note technique établissant les principes permettant d’assurer l’organisation des usages maritimes et leur sécurité dans et aux abords immédiats d’un champ éolien en mer.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.4 du document du maître d’ouvrage «La pêche»
- «Approche cartographique de l’activité de pêche professionnelle au nord du Golf de Gascogne», Cerema
Concernant le poste de raccordement terrestre,
Le poste électrique de raccordement terrestre sera implanté au nord de la « zone d’étude pour le raccordement à terre » présentée en p9 du le Dossier du Maître d’ouvrage, au plus proche des lignes aériennes à 225 000 volts et 400 000 Volts existantes entre Theix, Caudan (Poteau Rouge) et Concarneau.
Un premier travail d’évitement des enjeux naturels et humains au sein de cette vaste zone ainsi que certains choix techniques confortant un raccordement possible du futur poste au réseau à 225 000 volts a été mené. Ainsi la zone d’étude pour le raccordement à terre a fait l’objet d’une réunion thématique du débat public le 28 octobre afin d’évaluer les possibilités de raccordement à terre et d’identifier un corridor préférentiel. C’est au sein de ce corridor que sera implanté le poste de raccordement terrestre. La zone finalement retenue sera bien évidemment liée à l’emplacement des parcs éoliens en mer, du poste électrique en mer et de la zone d’atterrage.
De manière plus générique, RTE applique les mesures « Éviter, Réduire, Compenser » pour proposer des emplacements de postes qui seront soumis à la concertation. Les secteurs à forts enjeux naturels (présence de tourbière, d’habitats ou d’espèces protégées…) ou humains (zone agglomérée, proximité d’un élément remarquable du Patrimoine..) seront évités. Un secteur déjà artificialisé (zone industrielle ou friche) ou à moindre valeur agricole sera privilégié. L’absence de relief marqué est un également un élément déterminant ainsi que les possibilités d’insertion paysagère (secteur entouré de boisement ou situé au sein d’une zone industrielle).
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