Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q94 • Les oiseaux et la vue
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Mouïma
- Des études ont-elles été menées sur les couloirs de migration des oiseaux dans la zone délimitée ?
- Quel impact visuel sur terre (en fin de course) et à quel endroit ?
Réponse officielle :
Réponse de la maitrise d'ouvrage:
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant l'impact sur la biodiversité,
Les caractéristiques précises du projet n’étant pas encore connues, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts. Les études permettant de caractériser l’état actuel de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public.
L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera ensuite réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE.
Au stade actuel, il est possible de définir un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents. Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir et spatialiser ces risques d’effet en s’appuyant sur la bibliographie (études et données) existantes. L’étude bibliographique réalisée par TBM et Géonomie a été validée par les établissements publics compétents : l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Le travail de planification (choix d’une zone de moindre contrainte) dans lequel s’inscrit le débat public permet d’ores et déjà d’éviter et réduire les effets du futur parc.
Les impacts sur les espèces volantes
L’avifaune (oiseaux) est la plus affectée par la présence et la rotation des éoliennes. Il y a d’abord un risque de collision pour les oiseaux volants à hauteur des pales. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varient d’une espèce à l’autre. Le parc peut également représenter un obstacle pour l’avifaune, poussant les oiseaux à rallonger leurs vols pour l’éviter (effet barrière). Le parc peut aussi prendre la place d’une zone fonctionnelle et ainsi engendrer une perte d’habitat. Comme pour le risque de collision, l’effet barrière et la perte d’habitat varient selon les espèces et dépendent des caractéristiques du parc (disposition, taille, éloignement). Les chiroptères (chauves-souris) ayant déjà été observés en mer on suppose qu’ils peuvent être concernés par le risque de collision ou l’effet barrière. Des barotraumatismes (lésions internes provoquées par le changement brutal de pression induit par le mouvement des pales) ayant été observés sur les parcs éoliens terrestres, il se peut qu’ils existent aussi en mer.
L'impact sur les oiseaux migrateurs est fonction de l'importance de la zone pour les migrations ainsi que des altitudes de vol des espèces durant cette phase (les vols peuvent être nocturnes ce qui change la vision du parc éolien). Il est donc possible que le parc éolien induise un changement de trajectoire pour des espèces migrant à hauteur du parc ou dont le comportement les pousserait à éviter l'obstacle. Les conséquences de l'évitement du parc ou du changement de trajectoire est une consommation d'énergie supplémentaire pour un trajet déjà conséquent. L'évitement du parc peut représenter une distance relativement faible par rapport à la distance totale parcourue par ces oiseaux, mais cet effet peut être cumulatif.
S'agissant des principaux axes migratoires, ils ne sont pas au stade actuel connus de manière assez précise pour en établir une cartographie permettant de s'assurer que l'implantation ne rencontre aucun axe de migration. Des observations sont cependant réalisées en différents points du littoral et permettent d'appréhender les trajectoires retenues pour certaines espèces. Les altitudes de vol ne sont également pas parfaitement connues et varient avec les conditions météorologiques (les radars nouvelle génération ont par exemple mis en évidence que les altitudes de vol pouvaient être élevées.)
Pour réduire la collision avec les oiseaux, les développeurs éoliens retenus après la mise en concurrence devront définir les caractéristiques des parcs (nombre d’éoliennes, éloignement, hauteur des pales, espacement entre les éoliennes, surface balayée par le rotor) en tenant compte des hauteurs de vol et du comportement des oiseaux relevés durant l’état actuel de l’environnement. La plupart des autorisations environnementales déjà délivrées à des projets éoliens en mer (parcs commerciaux ou fermes pilotes) prévoit des mesures de réduction des impacts sur l’avifaune.
Ces mesures peuvent être :
* Réduction de l’intensité de l’éclairage et dispositifs anti-perchoirs pour éviter d’attirer les oiseaux
* Bridage (c’est le cas pour les parcs en mer Baltique situés sur des axes migratoires majeurs, en France, seule la ferme EolMed au large de Port-la-Nouvelle a inscrit une telle mesure)
* Effarouchement visuel (banderoles, épouvantails, laser) ou sonores (sirènes, cris de détresse)
Un exemple de retour d’expérience : dix ans de suivi environnemental en Belgique
La partie belge de la mer du Nord compte 6 parcs éoliens en mer (pour une puissance de 1556 MW), certains opérationnels depuis 2008. Ces parcs font l’objet, depuis leur création, d’un programme de suivi des impacts environnementaux intitulé WinMon.B.E. La Belgique offre ainsi un retour d’expérience de plus de 10 ans sur l’impact des parcs éoliens sur l’environnement marins. Le dernier rapport issu de ces 10 ans de suivi montre notamment :
- qu’il n’y a pas de différence significative sur la concentration en zinc (pour évaluer l’impact des anodes sacrificiels) entre les échantillons prélevés à proximité ou loin des éoliennes
- que la pêche a été très peu modifiée aux abords des parcs
- que les fondations des éoliennes ont été colonisées par divers espèces benthiques
- que les fous de Bassan, les guillemots de Troïl et les petits pingouins observés à Thornton Bank et Bligh Bank évitent les parcs, tandis que les grands cormorans et les goélands marins sont attirés par le parc
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage «L’Environnement»
- la Fiche #10 «En quoi consiste la démarche «éviter, réduire, compenser ? »
- la Fiche #10.1 « Focus sur les impacts pour le parc et pour le raccordement au réseau public de transport d’électricité et mesures « éviter, réduire, compenser » associées »
- L’étude bibliographique complète
Concernant l'impact visuel,
Pour que le public puisse se représenter la visibilité des futurs parcs éoliens envisagés, l’État met à disposition des photomontages. Ces photomontages représentent, une solution parmi d'autres, de l’intégralité du projet soumis au débat public, c’est-à-dire l’effet visuel potentiel, à terme, des deux parcs d’éoliennes flottantes avec le poste électrique en mer. À ce jour, la zone d’implantation des futurs parcs éoliens en mer n’est pas encore connue, car c’est un des enjeux du présent débat public.
Quatre zones d’implantation ont donc été simulées : nord, ouest, est et sud-est. Ces zones d’implantation fictives permettent d’explorer différentes configurations potentielles au sein de la zone d’étude en mer portée au débat public : en proche côtier (parcs fictifs nord et est) et plus au large (parcs fictifs ouest et sud). Au final ce ne sont pas quatre, mais une seule zone d’implantation qui sera retenue pour accueillir au total une soixantaine d’éoliennes au maximum (20 pour 250 MW et 40 pour 500 MW, environ). Il convient par ailleurs de rappeler que ces emplacements théoriques ne sont pas des zones préférentielles de l’État.
Ces photomontages sont disponibles sur : http://eolien-en-mer-sud-bretagne.geophom.info/
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.2 du dossier du maître d’ouvrage « Les enjeux patrimoniaux et paysagers »
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