Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q95 • Faune, flore et bruit
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Serge COINTE
Quelle est l'influence du projet sur la faune et la flore ?
Le bruit est-il audible de la côte ?
Merci.
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant l'impact sur la biodiversité,
Les caractéristiques précises du projet n’étant pas encore connues, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts. Les études permettant de caractériser l’état actuel de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public.
L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera ensuite réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE.
Au stade actuel, il est possible de définir un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents. Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir et spatialiser ces risques d’effet en s’appuyant sur la bibliographie (études et données) existantes. L’étude bibliographique réalisée par TBM et Géonomie a été validée par les établissements publics compétents : l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Le travail de planification (choix d’une zone de moindre contrainte) dans lequel s’inscrit le débat public permet d’ores et déjà d’éviter et réduire les effets du futur parc.
Les impacts sur les espèces volantes
L’avifaune (oiseaux) est la plus affectée par la présence et la rotation des éoliennes. Il y a d’abord un risque de collision pour les oiseaux volants à hauteur des pales. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varient d’une espèce à l’autre. Le parc peut également représenter un obstacle pour l’avifaune, poussant les oiseaux à rallonger leurs vols pour l’éviter (effet barrière). Le parc peut aussi prendre la place d’une zone fonctionnelle et ainsi engendrer une perte d’habitat. Comme pour le risque de collision, l’effet barrière et la perte d’habitat varient selon les espèces et dépendent des caractéristiques du parc (disposition, taille, éloignement). Les chiroptères (chauves-souris) ayant déjà été observés en mer on suppose qu’ils peuvent être concernés par le risque de collision ou l’effet barrière. Des barotraumatismes (lésions internes provoquées par le changement brutal de pression induit par le mouvement des pales) ayant été observés sur les parcs éoliens terrestres, il se peut qu’ils existent aussi en mer.
Pour réduire la collision avec les oiseaux, les développeurs éoliens retenus après la mise en concurrence devront définir les caractéristiques des parcs (nombre d’éoliennes, éloignement, hauteur des pales, espacement entre les éoliennes, surface balayée par le rotor) en tenant compte des hauteurs de vol et du comportement des oiseaux relevés durant l’état actuel de l’environnement. La plupart des autorisations environnementales déjà délivrées à des projets éoliens en mer (parcs commerciaux ou fermes pilotes) prévoit des mesures de réduction des impacts sur l’avifaune.
Ces mesures peuvent être :
* Réduction de l’intensité de l’éclairage et dispositifs anti-perchoirs pour éviter d’attirer les oiseaux
* Bridage (c’est le cas pour les parcs en mer Baltique situés sur des axes migratoires majeurs, en France, seule la ferme EolMed au large de Port-la-Nouvelle a inscrit une telle mesure)
* Effarouchement visuel (banderoles, épouvantails, laser) ou sonores (sirènes, cris de détresse)
Impacts sur les mammifères marin
Chez les mammifères marins, le bruit sous-marin peut engendrer des dérangements comportementaux, des pertes d’audition voire des blessures. Les bruits liés au battage de pieu pour la construction de parc éolien posé sont les plus impactant pour les mammifères mais ce type de travaux n’auront pas lieu pour un parc éolien flottant. En phase d’exploitation, le bruit du parc est considéré comme similaire aux bruits d’origine anthropique habituels (trafic maritime notamment).
Impact sur l’ichtyofaune (poissons)
Les poissons dotés d’une vessie natatoire (organe de flottabilité) à proximité de l’oreille interne sont particulièrement sensibles au bruit mais l’absence de travaux bruyants de battage de pieu limitera l’impact sur l’ichtyofaune. Impacts connus sur les fonds marins La construction du parc donne lieu à une perte ou une modification des habitats benthiques (fond marin) dont l’impact dépend du type de travaux et de la nature du sol.
Effets cumulés
Les effets cumulés des parcs éoliens en mer sur la biodiversité seront considérés par le porteur de projet dans son évaluation environnementale. Ces effets cumulés sont aujourd’hui mal connus et encore difficiles à évaluer. Cependant, des travaux sont en cours sur ce sujet (groupe de travail ECUME piloté par la Direction générale de l’énergie et du climat et la Direction de l’eau et de la biodiversité, notamment) et les projets pilotes pourront apporter des enseignements.
Un exemple de retour d’expérience : dix ans de suivi environnemental en Belgique
La partie belge de la mer du Nord compte 6 parcs éoliens en mer (pour une puissance de 1556 MW), certains opérationnels depuis 2008. Ces parcs font l’objet, depuis leur création, d’un programme de suivi des impacts environnementaux intitulé WinMon.B.E. La Belgique offre ainsi un retour d’expérience de plus de 10 ans sur l’impact des parcs éoliens sur l’environnement marins. Le dernier rapport issu de ces 10 ans de suivi montre notamment :
- qu’il n’y a pas de différence significative sur la concentration en zinc (pour évaluer l’impact des anodes sacrificiels) entre les échantillons prélevés à proximité ou loin des éoliennes
- que la pêche a été très peu modifiée aux abords des parcs
- que les fondations des éoliennes ont été colonisées par divers espèces benthiques
- que les fous de Bassan, les guillemots de Troïl et les petits pingouins observés à Thornton Bank et Bligh Bank évitent les parcs, tandis que les grands cormorans et les goélands marins sont attirés par le parc
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage «L’Environnement»
- la Fiche #10 «En quoi consiste la démarche «éviter, réduire, compenser ? »
- la Fiche #10.1 « Focus sur les impacts pour le parc et pour le raccordement au réseau public de transport d’électricité et mesures « éviter, réduire, compenser » associées »
- L’étude bibliographique complète
Concernant le bruit aérien,
Le parc comportera environ 21 éoliennes pour le premier parc, dans une zone située à plus de 15 km de la côte la plus proche (Belle-Ile-en-Mer, Ile de Groix). Le raccordement à terre se fera sur la côte entre Quimper et Vannes. Actuellement, le bruit ambiant sur la côte est principalement généré par le vent et la houle ainsi que par le trafic routier, aérien et maritime. Des mesures réalisées sur l'île de Groix indiquent des valeurs comprises entre 33,5 et 55 dBA en période nocturne et entre 37 et 56,5 dBA en période diurne.
Il est important de noter que les décibels ne peuvent pas être directement additionnés : si deux niveaux de bruit sont émis par deux sources sonores, et si l’une est au moins supérieure de 10 dB par rapport à l’autre, le niveau sonore résultant est égal au plus élevé des deux (effet de masque). Ainsi le bruit généré par le parc éolien en mer ne s’additionnera pas nécessairement directement au bruit ambiant : si ce dernier est supérieur de plus de 10dB, il masquera le bruit du parc. Deux phases de perturbations sonores potentielles sont à distinguer : la phase de travaux, susceptible de générer davantage de perturbation, et la phase d’exploitation, à l’impact acoustique négligeable à la côte.
Concernant la phase de travaux, on considère plusieurs sources de bruit. D’une part à terre, le trafic routier induit par les engins de chantier augmentera ponctuellement sur les routes menant au site (routes départementales et communales principalement), entrainant des perturbations transitoires de l’ambiance sonore. Le raccordement terrestre constituera une seconde source de bruit. Le bruit généré par cette étape des travaux, qui inclut notamment la création de tranchées, a été qualifié de négligeable vis-à-vis du bruit ambiant et de son caractère bref par l’étude d’impact de Dieppe-le-Tréport.
D’autre part, les travaux en mer seront engendrés par l’installation du parc éolien, le raccordement en mer et le trafic maritime des navires du chantier. Les gros navires, le forage et l’ensouillage des câbles seront audibles jusqu’à 10km du chantier, c’est-à-dire qu’ils seront inaudibles à la côte. A titre d’exemple, dans le cadre du projet d’éolien posé de Dieppe-le-Tréport (dont les premières des 80 éoliennes sont situées à environ 15 km des côtes), nécessitant des battages de pieux forts, en se plaçant à deux mètres au-dessus de la mer, les travaux ne sont plus audibles à la côte. Ainsi, l’impact sonore cumulé du parc et du raccordement durant la phase de construction a un bruit résiduel identique au bruit ambiant. Le projet d’éolien flottant Bretagne Sud se situant à plus de 15km des côtes, le bruit de la construction et du raccordement en mer sera donc négligeable. Le trafic maritime sera quant à lui comparable au bruit ambiant des activités de pêche ou du trafic maritime.
Lors de la phase d’exploitation du parc, les perturbations sonores sont engendrées par la mise en rotation des éoliennes et les activités ponctuelles de maintenance. La condition la plus défavorable pour le riverain est lorsque la vitesse du vent est suffisante pour faire fonctionner les éoliennes en mode de production, mais pas assez importante pour que le bruit du vent dans l’environnement masque le bruit des éoliennes. La plage de vent correspondant à cette situation est globalement comprise entre 3 et 10 m/s. C’est sur cette plage que sont modélisés les niveaux de bruit des parcs. A titre d’exemple, pour le parc éolien situé au large de Saint-Nazaire (dont les premières des 80 éoliennes sont situées à environ 12 km des côtes), les niveaux maximum générés par les éoliennes en activité qui ont été modélisés sont de l’ordre de 27,5 dB au droit des habitations. Sachant que le parc Bretagne Sud comportera moins d’éoliennes et sera plus éloigné des côtes, le bruit généré par l’activité des éoliennes sera donc masqué par le bruit ambiant. Les activités de maintenance seront quant à elles ponctuelles et assimilables au trafic maritime ambiant.
En conclusion, la revue des études d’impact des autres projets de parc éoliens ne met pas en évidence une perturbation sonore à la côte notable et durable dans le temps, ni en phase de travaux, ni en phase d’exploitation. Néanmoins, des perturbations liées à des nuisances communes de chantier, locales et ponctuelles, pourront être engendrées, notamment par le passage des engins et la création de tranchées pour le raccordement terrestre.
Sources :
Etude d’impact du Projet d’Eoliennes flottantes de Groix et Belle-Ile, RTE, Chapitre 3, p33 et p154-158
Etude d’impact sur l’environnement et résumé non technique du Parc Eolien des Longues Roies, 2015, EOLFI, p14-19
Etude d’impact Projet d'éoliennes flottantes au sud de la Bretagne, Analyse bibliographique environnementale, 2020, p24-25
Etude d’impact du Projet de parc éolien en mer de Dieppe-Le Tréport, sa base d’exploitation et de maintenance et son raccordement au réseau public de transport d’électricité, 2017, Document 3, p715-727 et Document 6, p59-60
Etude d’impact du Projet d’éoliennes flottantes du golfe du lion étude d’impact, RTE, Volet 9 - Impacts cumulés, p1753
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