Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q98 • Poissons et cétacés
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Christian SCAVINER
Quelles études ont été faites sur l'impact de l'implantation sur les poissons lune, les 2 troupes de petits dauphins (marsouins) et autres cétacés présents des Glenans à Belle-Île ? Et en ce qui concerne le retour des thonidés ? Pourquoi le faire là où cette faune est riche ? Pourquoi pas la Charente-Maritime ou les Landes ?
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage
Bonjour et merci pour votre question.
Les caractéristiques précises du projet n’étant pas encore connues, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts. Les études permettant de caractériser l’état actuel de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public. L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera ensuite réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE.
Au stade actuel, il est possible de définir un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents. Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir et spatialiser ces risques d’effet en s’appuyant sur les études et données existantes. Cette étude a été validée par les établissements publics compétents : l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).
Concernant les dauphins et cétacés et les études menées dans la région
En phase de travaux, les principaux effets sont liés au bruit (dérangement, masquages des communications) et au risque de collision avec les navires. Cependant, le bruit généré par les travaux de construction du projet sera limité à celui des navires et des opérations d’installation des ancres, d’une courte durée et d’une moindre emprise sur le milieu pour l’éolien flottant que pour l’éolien posé, ainsi que les opérations d’ensouillage ou de protection des câbles. Le risque de blessure est donc négligeable étant donné les niveaux sonores produits.
Une étude d’impact a été réalisée dans le cadre du parc Pilote flottant de Groix Belle-Île et présente une évaluation des effets du parc flottant sur les mammifères marins (dauphins et cétacés) présents sur la zone. Cette étude se compose d’une étude bibliographique et d’une campagne d’observations par bateau. L’étude bibliographique a été effectuée sur une aire d’étude bibliographique de 100 km autour du projet, dite « Nord-Gascogne » et à partir de diverses sources de données : le Réseau National Echouages, Observations opportunistes, les Suivis Aériens de la Mégafaune Marine (SAMM), et les Suivis lors des campagnes PELGAS (Ifremer). Pour compléter les analyses sur la présence des mammifères marins, une campagne d’observations par bateau, conformes aux standards européens (cf. Camphuysen et al., 2004, Maclean et al., 2009, SMRU, 2010), a été menée dans le cadre du projet par le groupement Périscope (associant Bretagne Vivante et la LPO) entre 2014 et 2016. Les données concernant les mammifères marins ont été analysées et interprétées par setec in vivo.
A partir de ces résultats, l’étude d’impact montre qu’un dérangement temporaire durant les travaux pourra atteindre un rayon estimé de maximum 5 km autour de la zone des travaux et que le risque que ce dérangement ait une incidence sur les populations de mammifères marins est cependant limité. De plus, l’effet collision des mammifères marins avec les navires lors des phases de travaux du projet est faible pour les grands cétacés et négligeable pour les petits dauphins.
Concernant les thonidés
S’agissant de la sensibilité au bruit des navires, Popper et Fay (2011) ont établi une classification détaillée des poissons suivant les mécanismes de détection de la pression du son. Ainsi, les thonidés font partie des poissons ayant une vessie natatoire éloignée de l’oreille interne. D’après le retour d’expérience du parc éolien flottant écossais Hywind, le risque potentiel de blessures dû à l’ensemble des navires est faible pour cette catégorie (Xodus group, 2015), même à une dizaine de mètres de la source du bruit. Quant au dérangement, il est évalué comme modéré à une dizaine de mètres et faible au-delà. De plus, la durée des travaux et donc d’émission de bruit est limitée.
Concernant les poissons Lune,
La sensibilité aux sons diffère suivant les espèces de poissons par la présence ou non de vessie natatoire et sa proximité ou connexion avec l’oreille interne. Les espèces qui ne possèdent pas de vessie natatoire ou que celle-ci est réduite ou non connectée à l’oreille interne sont moins sensibles aux bruits sous-marins.
Or, le poissons lune n'a pas de vessie natatoire (https://www.aquariumbcn.com/especies/fr/p-fr/poisson-lune/#:~:text=Il%20ne%20poss%C3%A8de%20pas%20de,est%20infest%C3%A9%20de%20parasites%20internes.)
Concernant la localisation du projet,
En février 2017, la France s’est dotée d’une stratégie nationale pour la mer et le littoral, qui découpe 4 façades maritimes en France métropolitaine : Manche Est – Mer du Nord, Nord Atlantique – Manche Ouest, Sud-Atlantique et Méditerranée. A chaque façade correspond un document de planification, le document stratégique de façade (DSF). Ces documents ont fait l’objet d’une concertation préalable avec le public, sous l'égide de garants nommés par la Commission nationale du débat public, du 26 janvier au 25 mars 2018. Chaque DSF contient une carte des vocations découpée en plusieurs zones. Parmi ces zones, certaines ont vocation à conforter les énergies renouvelables en mer ou à encourager leur développement.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)
La PPE, publiée par décret le 21 avril 2020 établit les priorités d’action du gouvernement en matière d’énergie pour la métropole continentale, dans les 10 années à venir. Elle est issue d’un long processus de consultation du public (avec un débat public en 2018) et de différentes instances indépendantes (autorité environnementale, conseil supérieur de l’énergie, conseil national de la transition écologique…). La PPE fixe ainsi le calendrier suivant pour le développement de l’éolien en mer dans les 10 prochaines années :
En France il n’y a pas encore de parc en exploitation, mais de nombreux parcs sont en projet à différents stades de développement.
Depuis 10 ans, la France a appuyé son développement en lançant trois procédures de mise en concurrence pour des parcs éoliens en mer posés en 2011, 2013 et 2016, totalisant 3,6 GW répartis dans sept projets en Manche et en Atlantique. Ils sont situés au large de Dunkerque, Dieppe-Le Tréport, Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire et Yeu-Noirmoutier. En outre, un débat public s’est tenu entre le 15 novembre 2019 et le 19 août 2020 sur des projets éoliens en mer posés au large de la Normandie, dont un projet d’1 GW. Le présent débat public concerne de plus l’attribution d’un premier projet de 250 MW et d’un second projet de 500 MW, en extension du premier, sur la façade Atlantique.
Par ailleurs, deux projets de parcs éoliens en mer flottants en Méditerranée, dans le Golfe du Lion, seront portés au débat public courant 2021 et la programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit l’attribution de 500 MW à 1 GW d’éolien en mer posé à horizon 2022 sur la façade Sud-Atlantique.
Ainsi, toutes les façades maritimes françaises sont ou seront prochainement concernées par le développement de l’énergie éolienne en mer afin de répondre aux objectifs de transition énergétique et de diversification du mix électrique que s’est fixé la France.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter :
- La Fiche #1 du dossier du maître d’ouvrage : « Pourquoi un projet d’éoliennes flottantes en mer au sud de la Bretagne ? Les enjeux de la programmation pluriannuelle de l’énergie et de la stratégie nationale bas-carbone »
- La Fiche #6 du dossier du maître d’ouvrage : « Quel est l’état d’avancement des énergies renouvelables en mer en France ? Quelles sont les alternatives à l’éolien flottant ? »
- Le décret du 21 avril 2020 relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/TRER2006667D%20signe%CC%81%20PM.pdf
- Le document stratégique de façade maritime Sud-Atlantique
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