Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q103 • Le port de maintenance sera-t-il intégré à un port existant ou créé de toute pièce ?
Réponse publiée
Bonjour,
Les éoliennes en mer, peut-être et pourquoi pas, mais les incidences sur la partie terrestre doivent être minimes. La zone naturelle d'Etel à Quiberon (dunes etc...), par exemple, doit être absolument préservée, ainsi que son intérêt "tourisme nature"...Pour compléter les autres questions, le port de maintenance sera-t-il intégré à un port existant ou créé de toute pièce ?
Bien cordialement
Réponse officielle :
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant le tourisme,
L’impact d’un parc éolien sur le tourisme dépend de plusieurs critères : la distance du parc vis-à-vis des côtes ainsi que sa visibilité, son inscription dans une politique environnementale cohérente, le type de touriste (âge, nationalités, attentes), ainsi que les activités de loisirs associées qui sont proposées.
Jusqu’à présent, les retours d’expériences ne témoignent pas d’une baisse de l’affluence touristique des régions hébergeant des parcs éoliens en mer au large de leurs côtes. En effet, un an après la construction de l’un des plus grands parcs éoliens au monde (Horn Rev)1 au Danemark, ni une baisse de la fréquentation touristique ni une réduction des tarifs de location des maisons de vacances n’ont été observés (Kuehn, 2005). Des conclusions similaires ont été faites pour le parc éolien en mer de Nysted (Svendsen, 2010). Ce parc, mis en service en 2003 et situé à 6 km des côtes, est composé de 72 éoliennes de 110 mètres de haut (en bout de pale). Les principaux enseignements de l’étude indiquent que la fréquentation du camping de Nysted, croissante depuis plusieurs années, n’a pas été perturbée par l’apparition du parc, que les visites en bateau organisées en phase d’installation du parc ont été maintenues en phase d’exploitation pour répondre aux demandes du public et que les prix de l’immobilier en front de mer (résidences de vacances avec vue sur la mer et de fait sur le parc) restent stables.
L’étude de Carr-Harris et Corey (2019) a étudié comment le parc éolien en mer de Block Island, le premier du genre aux États-Unis, a eu un effet sur le marché de la location saisonnière. En utilisant les données d’AirBnb, les auteurs ont développé un modèle qui compare Block Island à trois destinations touristiques à proximité dans le sud de la Nouvelle-Angleterre avant et après la construction du parc. Les résultats suggèrent que la construction du parc éolien de Block Island a provoqué une augmentation significative des réservations, des taux d’occupation et des revenus mensuels pendant les mois de pointe touristique de juillet et août, mais n’a eu aucun effet les autres mois. Les résultats indiquent que les parcs éoliens en mer peuvent agir comme une caractéristique attrayante d’une destination touristique plutôt que comme un élément dissuasif.
Les parcs éoliens en mer peuvent s’inscrire directement dans une politique de diversification de l’offre touristique à travers le développement du tourisme industriel et de l’éco-tourisme.
Par exemple, au Royaume-Uni, le centre d’accueil des visiteurs de l’un des premiers parcs éoliens offshore de Scroby Sands a accueilli 30 000 visiteurs dans les six premiers mois suivant son ouverture. Le tourisme industriel peut se développer à terre (dans les usines de construction des pales, des turbines etc) mais aussi en mer (au sein du parc lui-même). En effet, lorsque le parc le permet, des excursions en bateaux permettent même de faire visiter le parc depuis la mer aux touristes. À terre, un musée de l’éolien en mer a même déjà été inauguré en février 2019 à Saint Nazaire. Né de la synergie des industriels du projet et des pouvoirs publics, « Eol » est un musée à vocation pédagogique et ludique.
Une étude universitaire a été entreprise en 2013 dans la région du Languedoc-Roussillon, afin d’obtenir les préférences des touristes vis-à-vis des parcs éoliens en mer situées à différentes distances du rivage.
Les conclusions de l’étude montrent que l’impact sur le tourisme dépend des caractéristiques du touriste « type » concerné. L’étude observe différents comportements suivant la nationalité du touriste interrogé. L’usage de la zone côtière par les personnes interrogées influent sur leur perception d’un potentiel parc éolien en mer : les pêcheurs à la ligne et les plaisanciers perçoivent les impacts visuels des parcs éoliens en mer de manière plus négative que les personnes qui n’utilisent pas la zone côtière à cette fin. Aussi, les personnes interrogées qui visitaient régulièrement la même destination étaient plus susceptibles de s’opposer à l’implantation de parc éolien en mer dans la région.
Plus globalement, les conclusions de cette étude française montrent que le déploiement d’une politique environnementale cohérente peut plus que compenser les nuisances visuelles causées par un parc éolien à 8 km de la côte. « Avec l’emploi simultané d’une politique environnementale cohérente et des activités récréatives associées au parc éolien, la présence d’éoliennes en mer de 5 km de long ne portera pas préjudice à l’économie du tourisme. De plus, lorsqu’il est situé à 8 km, une augmentation des revenus touristiques associés est tout à fait envisageable. Il pourrait ainsi attirer plus de touristes que la station balnéaire n’en attire aujourd’hui. » (Westerberg, 2013).
Concernant le port de maintenance,
Les règles de mise en concurrence ne permettent pas au cahier des charges d’être prescripteur et ce sera aux lauréats de chacun des appels d’offres de choisir les conditions de construction et de maintenance des éoliennes.
Plusieurs ports de la façade atlantique (Lorient, la Turballe, Saint-Nazaire notamment) présentent les caractéristiques adéquates pour accueillir ces activités. La filière industrielle en plein essor engendrera des retombées locales en matière d’emplois, de formation et de fiscalité. Les industries et infrastructures portuaires du Grand Ouest et de la façade maritime verront croître leurs perspectives, s’ils se positionnent tôt sur ce marché innovant.
Le port de Lorient réunit les caractéristiques requises pour à la fois accueillir les activités de logistique en phase d’installation, assurer les opérations logistiques liées aux systèmes d’ancrage et aux câbles sous-marins, ainsi que les activités d’exploitation et de maintenance. Par ailleurs, Lorient est l’un des pôles bretons pouvant contribuer à l’émergence et au développement d’un port de services pour la filière de l’éolien flottant. Cela tient à son tissu industriel, à la présence de grandes entreprises et d’un nombre important de sous-traitants orientés sur la construction-réparation navale.
Le choix de la localisation des activités logistiques et de maintenance dépend à la fois de la zone retenue pour les parcs éoliens en mer, des conditions d’accès maritime, des espaces disponibles pour construire la base, ainsi que des besoins en aménagements.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- La Fiche #12 du dossier du maître d’ouvrage « Quelles retombées économiques attendues pour la Grand Ouest ? »
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