Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q106 • Quel est le gain d'énergie ?
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Marie-Laure CHEVALIER
L'esthétique de l'horizon risque d'être "défigurée" et cela me déplairait. Les oiseaux risquent d'être perturbés et blessés, et cela me désolerait.
Quel gain d'énergie et de combien cela ferait-il baisser les consommations d'énergie fossiles et/ou nucléaires ?
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage :
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant l'impact visuel,
Pour que le public puisse se représenter la visibilité des futurs parcs éoliens envisagés, l’État met à disposition des photomontages. Ces photomontages représentent, une solution parmi d'autres, de l’intégralité du projet soumis au débat public, c’est-à-dire l’effet visuel potentiel, à terme, des deux parcs d’éoliennes flottantes avec le poste électrique en mer.
À ce jour, la zone d’implantation des futurs parcs éoliens en mer n’est pas encore connue, car c’est un des enjeux du présent débat public. Quatre zones d’implantation ont donc été simulées : nord, ouest, est et sud-est. Ces zones d’implantation fictives permettent d’explorer différentes configurations potentielles au sein de la zone d’étude en mer portée au débat public : en proche côtier (parcs fictifs nord et est) et plus au large (parcs fictifs ouest et sud).
Au final ce ne sont pas quatre, mais une seule zone d’implantation qui sera retenue pour accueillir au total une soixantaine d’éoliennes au maximum (20 pour 250 MW et 40 pour 500 MW, environ). Il convient par ailleurs de rappeler que ces emplacements théoriques ne sont pas des zones préférentielles de l’État.
Ces photomontages sont disponibles sur : http://eolien-en-mer-sud-bretagne.geophom.info/
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.2 du dossier du maître d’ouvrage « Les enjeux patrimoniaux et paysagers »
Concernant l'impact sur les oiseaux,
Les caractéristiques précises du projet n’étant pas encore connues, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts. Les études permettant de caractériser l’état actuel de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public. L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera ensuite réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE.
Au stade actuel, il est possible de définir un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents. Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir et spatialiser ces risques d’effet en s’appuyant sur les études et données existantes. Cette étude a été validée par les établissements publics compétents : l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).
Les impacts sur les espèces volantes
L’avifaune (oiseaux) est la plus affectée par la présence et la rotation des éoliennes. Il y a d’abord un risque de collision pour les oiseaux volants à hauteur des pales. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varient d’une espèce à l’autre. Le parc peut également représenter un obstacle pour l’avifaune, poussant les oiseaux à rallonger leurs vols pour l’éviter (effet barrière). Le parc peut aussi prendre la place d’une zone fonctionnelle et ainsi engendrer une perte d’habitat. Comme pour le risque de collision, l’effet barrière et la perte d’habitat varient selon les espèces et dépendent des caractéristiques du parc (disposition, taille, éloignement). Les chiroptères (chauves-souris) ayant déjà été observés en mer on suppose qu’ils peuvent être concernés par le risque de collision ou l’effet barrière. Des barotraumatismes (lésions internes provoquées par le changement brutal de pression induit par le mouvement des pales) ayant été observés sur les parcs éoliens terrestres, il se peut qu’ils existent aussi en mer.
Pour réduire la collision avec les oiseaux, les développeurs éoliens retenus après la mise en concurrence devront définir les caractéristiques des parcs (nombre d’éoliennes, éloignement, hauteur des pales, espacement entre les éoliennes, surface balayée par le rotor) en tenant compte des hauteurs de vol et du comportement des oiseaux relevés durant l’état actuel de l’environnement. La plupart des autorisations environnementales déjà délivrées à des projets éoliens en mer (parcs commerciaux ou fermes pilotes) prévoit des mesures de réduction des impacts sur l’avifaune.
Ces mesures peuvent être :
* Réduction de l’intensité de l’éclairage et dispositifs anti-perchoirs pour éviter d’attirer les oiseaux
* Bridage (c’est le cas pour les parcs en mer Baltique situés sur des axes migratoires majeurs, en France, seule la ferme EolMed au large de Port-la-Nouvelle a inscrit une telle mesure)
* Effarouchement visuel (banderoles, épouvantails, laser) ou sonores (sirènes, cris de détresse)
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage «L’Environnement»
- la Fiche #10 «En quoi consiste la démarche «éviter, réduire, compenser ? »
- la Fiche #10.1 « Focus sur les impacts pour le parc et pour le raccordement au réseau public de transport d’électricité et mesures « éviter, réduire, compenser » associées »
- L’étude bibliographique complète (voir bas du site)
Concernant la quantité d'énergie produite,
Le premier projet de 250 MW, sous l’hypothèse d’un facteur de charge de 45%, permettra de produire l’équivalent de la consommation électrique de plus de 190 000 ménages ce qui serait plus que suffisant pour subvenir à la consommation des ménages de Quimper, Brest et Lorient réunis, recensés par l’Insee en 2016.
D’après l’INSEE[1], il y avait en 2017 environ 1 500 000 ménages dans la région Bretagne et 340 000 dans le département du Morbihan. Ce projet de 250 MW, sous l’hypothèse d’un facteur de charge de 45%, permettrait par conséquent de subvenir à la consommation de 12% des ménages bretons et environ 55% des ménages Morbihannais.
[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=REG-53+DEP-56
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter :
La fiche #4 du dossier du maître d’ouvrage « Quelques notions sur l’énergie électrique »
Concernant la réduction de la part du nucléaire et des combustibles fossiles,
La France s’est engagée via la LTECV (loi de Transition énergétique pour la croissance verte) en 2017 puis la loi relative à l’énergie et au climat de 2018 à réduire à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité à horizon 2035. De plus, à porter à 40% la part de la production d’électricité par des sources renouvelables.
L’objectif fixé par la PPE de réduire la part du nucléaire à 50% dans le mix électrique d’ici 2035 est cohérent avec les engagements climatiques de la France et avec sa trajectoire de développement des énergies renouvelables.
En effet, la France s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de développement des énergies renouvelables en cohérence avec les objectifs européens. Il s’agit de porter leur part de 16 % en 2016 à 33 % en 2030 dans la consommation finale brute d’énergie (total de l’énergie consommée par les utilisateurs finaux tels que les ménages, l’industrie et l’agriculture). Pour la seule production d’électricité, cette part est fixée à 40 % en 2030.
La PPE précise que cette transition sera réalisée sans nouveau projet de centrales thermiques à combustibles fossiles, qu’elle ne conduira pas à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de notre production électrique et qu’elle est compatible avec l'objectif de fermer l’ensemble de nos centrales à charbon d’ici à 2022, ou d’accompagner leur évolution vers des solutions moins carbonées.
Un parc éolien en mer de 250 MW produira 1 TWh par an en supposant qu’il fonctionne 4 000 heures par an avec un facteur de charge à 45%. D’après RTE, l’énergie produite en Bretagne en 2018 était de 3,8 TWh (graphique ci-dessus). Ainsi, la production d’énergie apportée par le premier parc éolien en mer de 250 MW correspondrait à un peu moins de 25% de la production d’énergie bretonne.
Cependant, la Bretagne produit seulement 17% de l’électricité qu’elle consomme. Elle est donc directement concernée par la question de la dépendance énergétique. La production d’électricité renouvelable est un objectif de la loi de la transition écologique et énergétique et une nécessité pour la Bretagne qui importe par conséquent plus de 80 % de l’électricité qu’elle consomme. Historiquement, la Bretagne est caractérisée par une situation de fragilité d’alimentation électrique liée à une faible capacité de production installée dans la région et à son caractère de péninsule électrique. L’électricité consommée est en effet acheminée depuis des sites de production éloignés, situés principalement dans la vallée de la Loire et en Normandie. Cette fragilité électrique de la Bretagne et le besoin de sécurisation associé sont attestés depuis les années 2000. Ils ont conduit à la signature, en 2010, du Pacte électrique breton rassemblant l’État, la région Bretagne, RTE, l’ADEME et l’ANAH (Agence nationale de l’habitat).
Si la situation est aujourd’hui considérée comme stabilisée, c’est bien la concrétisation des trois piliers du Pacte électrique breton qui permettra de lever efficacement cette fragilité à moyen terme, à savoir :
– la maîtrise de la consommation d’électricité (MDE – maîtrise de la demande d’électricité) ;
– le développement d’énergies renouvelables avec la contribution attendue de l’éolien en mer ;
– la sécurisation de l’approvisionnement l’alimentation électrique avec la mise en service de la centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau (440 MW) et les aménagements réalisés sur le réseau de transport d’électricité.
Il est nécessaire de sécuriser, par ces actions et de manière pérenne, l’alimentation électrique de la Bretagne et de la rendre ainsi résiliente aux incertitudes qui pèsent sur le parc de production aujourd’hui utile pour approvisionner la région. Le développement de nouvelles sources de production, en mer, en Bretagne, à Saint-Brieuc (496 MW) ainsi qu’au sud de la Bretagne (250 MW et à terme jusqu’à 750 MW), permettra de contribuer à l’approvisionnement en électricité et de répondre pleinement au deuxième pilier du Pacte électrique breton.
L’ambition régionale est de couvrir, à l’horizon 2030, 35 % des consommations électriques de la Bretagne par des sources de production renouvelables, contre 12% à l’heure actuelle.
L’idée est donc d’accroître fortement cette part des ENR dans le mix énergétique régional. De par son histoire maritime, la Bretagne compte beaucoup sur les énergies marines pour porter cette ambition. Et dans le panorama des énergies marines disponibles, c’est aujourd’hui l’éolien flottant qui représente la meilleure opportunité en Bretagne, car les potentiels de vent au large des côtes bretonnes sont considérables.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter:
- La Fiche #1 du dossier de la maîtrise d’ouvrage : « Pourquoi un projet d’éoliennes flottantes en mer au sud de la Bretagne ? Les enjeux de la programmation pluriannuelle de l’énergie et de la stratégie nationale bas-carbone »
- La Fiche #5 du dossier du maître d'ouvrage: "Quelle alimentation électrique pour la Bretagne?"
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