Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q131 • Développement économique ?
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Marie-Françoise et Alain FAVRE
Faut-il privilégier le développement économique avec, pour argument essentiel, la création d'emplois (c'est se donner bonne conscience !) sans se préoccuper de ces nombreux oiseaux marins et poissons ? Ils migrent et s'installent sur la façade du Grand Ouest. Que vont-ils devenir ?
Comment se comportent les éoliennes par forte tempête ?
Réponse officielle :
Réponse de la maitrise d'ouvrage :
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant les objectifs du projet,
Le projet d’installation d’éoliennes flottantes au sud de la Bretagne s’inscrit dans le cadre d’une politique publique, encadrée par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte (2015) et la loi énergie-climat (2019). En cohérence avec les engagements du pacte vert européen, ces lois fixent des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de diversification du bouquet énergétique qui concernent l’ensemble des énergies, et pas seulement la production électrique.
Le choix du sud de la Bretagne pour accueillir le premier parc éolien flottant commercial s’appuie à la fois sur une volonté politique partagée par la Région Bretagne et l’État, ainsi que sur l’identification de zones propices sur les plans technique et économique.
La zone proposée au débat public répond à des critères de faisabilité technique et économique et vise à limiter les effets des éoliennes flottantes et de leur raccordement sur l’environnement et les activités socio-économiques existantes.
La zone d’étude en mer s’étend principalement sur la grande vasière et en extrême limite sud du secteur de Groix – Belle-Île et ouest du secteur Mor Braz, identifiés dans le document stratégique de façade.
La faune et la flore qui l’habitent sont toutefois remarquables : avifaune (oiseaux), chiroptères (chauve-souris), mammifères marins, ichtyofaune (poissons, crustacés, mollusques, etc.), habitats benthiques (relatifs au fond des mers – algues, vie du fond marin, etc.)
C’est pourquoi en application de la réglementation environnementale et afin de mettre en œuvre de façon opérationnelle le principe de prévention (principe d’action préventive et de correction, comme définis au L. 110-1 du code de l’environnement), des mesures seront mises en œuvre à chaque étape pour éviter, réduire, voire compenser (ERC) les effets des éoliennes flottantes et de leur raccordement sur les écosystèmes marins, littoraux et terrestres.
Ainsi la loi exige que les développeurs de grands projets se préoccupent des dommages potentiels sur l’environnement.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #10 « En quoi consiste la démarche « éviter, réduire, compenser ? »
Concernant les impacts sur la biodiversité,
Les caractéristiques précises du projet n’étant pas encore connues, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts. Les études permettant de caractériser l’état actuel de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public.
L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera ensuite réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE.
Au stade actuel, il est possible de définir uniquement un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents. Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir et spatialiser ces risques d’effet en s’appuyant sur la bibliographie (études et données) existantes. L’étude bibliographique, citée plus haut, et réalisée par TBM et Géonomie a été validée par les établissements publics compétents : l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Le travail de planification (choix d’une zone de moindre contrainte) dans lequel s’inscrit le présent débat public permet d’ores et déjà d’éviter et réduire les effets du futur parc à la lumière des résultats de l’étude bibliographique.
Les impacts sur les espèces volantes
L’avifaune (oiseaux) est la plus affectée par la présence et la rotation des éoliennes. Il y a d’abord un risque de collision pour les oiseaux volants à hauteur des pales. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varient d’une espèce à l’autre. Le parc peut également représenter un obstacle pour l’avifaune, poussant les oiseaux à rallonger leurs vols pour l’éviter (effet barrière). Le parc peut aussi prendre la place d’une zone fonctionnelle et ainsi engendrer une perte d’habitat. Comme pour le risque de collision, l’effet barrière et la perte d’habitat varient selon les espèces et dépendent des caractéristiques du parc (disposition, taille, éloignement). Les chiroptères (chauves-souris) ayant déjà été observés en mer on suppose qu’ils peuvent être concernés par le risque de collision ou l’effet barrière. Des barotraumatismes (lésions internes provoquées par le changement brutal de pression induit par le mouvement des pales) ayant été observés sur les parcs éoliens terrestres, il se peut qu’ils existent aussi en mer.
L’impact sur les oiseaux migrateurs est fonction de l’importance de la zone pour les migrations ainsi que des altitudes de vol des espèces durant cette phase (les vols peuvent être nocturnes ce qui change la vision du parc éolien). Il est donc possible que le parc éolien induise un changement de trajectoire pour des espèces migrant à hauteur du parc ou dont le comportement les pousserait à éviter l’obstacle. Les conséquences de l’évitement du parc ou du changement de trajectoire est une consommation d’énergie supplémentaire pour un trajet déjà conséquent. L’évitement du parc peut représenter une distance relativement faible par rapport à la distance totale parcourue par ces oiseaux, mais cet effet peut être cumulatif.
S’agissant des principaux axes migratoires, ils ne sont pas connus de manière assez précise pour en établir une cartographie permettant de s’assurer que l’implantation ne rencontre aucun axe de migration. Des observations sont cependant réalisées en différents points du littoral et permettent d’appréhender les trajectoires retenues pour certaines espèces. Les altitudes de vol ne sont également pas parfaitement connues et varient avec les conditions météorologiques (les radars nouvelle génération ont par exemple mis en évidence que les altitudes de vol pouvaient être élevées.)
Pour réduire la collision avec les oiseaux, les développeurs éoliens retenus après la mise en concurrence devront définir les caractéristiques des parcs (nombre d’éoliennes, éloignement, hauteur des pales, espacement entre les éoliennes, surface balayée par le rotor) en tenant compte des hauteurs de vol et du comportement des oiseaux relevés durant l’état actuel de l’environnement. La plupart des autorisations environnementales déjà délivrées à des projets éoliens en mer (parcs commerciaux ou fermes pilotes) prévoit des mesures de réduction des impacts sur l’avifaune.
Ces mesures peuvent être :
* Réduction de l’intensité de l’éclairage et dispositifs anti-perchoirs pour éviter d’attirer les oiseaux
* Bridage (c’est le cas pour les parcs en mer Baltique situés sur des axes migratoires majeurs, en France, seule la ferme EolMed au large de Port-la-Nouvelle a inscrit une telle mesure)
* Effarouchement visuel (banderoles, épouvantails, laser) ou sonores (sirènes, cris de détresse)
Impacts sur les mammifères marins
Chez les mammifères marins, le bruit sous-marin peut engendrer des dérangements comportementaux, des pertes d’audition voire des blessures. Les bruits liés au battage de pieu pour la construction de parc éolien posé sont les plus impactant pour les mammifères mais ce type de travaux n’auront pas lieu pour un parc éolien flottant. En phase d’exploitation, le bruit du parc est considéré comme similaire aux bruits d’origine anthropique habituels (trafic maritime notamment).
Impact sur l’ichtyofaune (poissons)
Les poissons dotés d’une vessie natatoire (organe de flottabilité) à proximité de l’oreille interne sont particulièrement sensibles au bruit mais l’absence de travaux bruyants de battage de pieu limitera l’impact sur l’ichtyofaune. Impacts connus sur les fonds marins La construction du parc donne lieu à une perte ou une modification des habitats benthiques (fond marin) dont l’impact dépend du type de travaux et de la nature du sol.
Effets cumulés
Les effets cumulés des parcs éoliens en mer sur la biodiversité seront considérés par le porteur de projet dans son évaluation environnementale. Ces effets cumulés sont aujourd’hui mal connus et encore difficiles à évaluer. Cependant, des travaux sont en cours sur ce sujet (groupe de travail ECUME piloté par la Direction générale de l’énergie et du climat et la Direction de l’eau et de la biodiversité, notamment) et les projets pilotes pourront apporter des enseignements.
Un exemple de retour d’expérience : dix ans de suivi environnemental en Belgique
La partie belge de la mer du Nord compte 6 parcs éoliens posés en mer (pour une puissance de 1556 MW), certains opérationnels depuis 2008. Ces parcs font l’objet, depuis leur création, d’un programme de suivi des impacts environnementaux intitulé WinMon.B.E. La Belgique offre ainsi un retour d’expérience de plus de 10 ans sur l’impact des parcs éoliens sur l’environnement marins. Le dernier rapport issu de ces 10 ans de suivi montre notamment :
- qu’il n’y a pas de différence significative sur la concentration en zinc (pour évaluer l’impact des anodes sacrificiels) entre les échantillons prélevés à proximité ou loin des éoliennes
- que la pêche a été très peu modifiée aux abords des parcs
- que les fondations des éoliennes ont été colonisées par divers espèces benthiques
- que les fous de Bassan, les guillemots de Troïl et les petits pingouins observés à Thornton Bank et Bligh Bank évitent les parcs, tandis que les grands cormorans et les goélands marins sont attirés par le parc
Ces résultats ne sont toutefois pas directement transposables aux parcs d’éoliennes flottantes pour lesquels les effets sous marins n’ont pas encore pu être analysés.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage «L’Environnement»
- la Fiche #10 «En quoi consiste la démarche «éviter, réduire, compenser ? »
- la Fiche #10.1 « Focus sur les impacts pour le parc et pour le raccordement au réseau public de transport d’électricité et mesures « éviter, réduire, compenser » associées »
- L’étude bibliographique complète
- Degraer, S., Brabant, R., Rumes, B. & Vigin, L. (eds). 2019. Environmental Impacts of Offshore Wind Farms in the Belgian Part of the North Sea: Marking a Decade of Monitoring, Research and Innovation. Brussels: Royal Belgian Institute of Natural Sciences, OD Natural Environment, Marine Ecology and Management, 134 p
Concernant la sécurité des ancrages en cas de tempête,
La conception des flotteurs sera réalisée par l’industriel qui travaillera sur le projet. Il est donc trop tôt pour pouvoir donner des niveaux de résistance aux tempêtes précis. Les éoliennes seront conçues de façon à réduire les conséquences d’un accident. Le risque sera évalué et des coefficients de sécurité seront établis pour que le flotteur soit en mesure de maintenir l’éolienne en place même en cas de rupture d’une ou plusieurs lignes d’ancrage. Les calculs faits pour maintenir l'ancrage de structures en mer existent déjà dans d’autres activités maritimes tels que l’extraction de pétrole offshore. Les coefficients de sécurité tiennent compte de ces événements exceptionnels. En cas d’avaries, les éoliennes sont pourvues de dispositifs de communication qui transmettent en temps réel des informations relatives à leur fonctionnement. Le centre de maintenance sera alors alerté et pourra intervenir pour mettre l’installation en sécurité.
Pour aller plus loin :
- la Fiche #18 du dossier du maître d’ouvrage «Quelle sécurité pour l’ancrage des éoliennes en cas de tempête ou de collision avec un navire ou une épave ?»
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