Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q134 • Production sanctuarisée
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par "Barbu taciturne"
- Vu le gigantisme des installations, c'est aussi l'industrie offshore étrangère qui aura les moyens de l'installation. Quelle sera la place réelle laissée au tissu breton des PME maritimes dans l'économie du projet ?
- Y-a-t-il des aspects mutualisés de production sanctuarisée de ressources biologiques maritimes sur la zone ?
Réponse officielle :
Réponse de la maitrise d'ouvrage :
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant les perspectives économiques liées au développement de la filière industrielle,
La France est l’un des premiers pays au monde à développer un parc commercial d’éoliennes flottantes. Pionnière sur le marché, elle accompagne déjà deux projets de démonstration en service [au large de Saint-Anne-du-Portzic (Eolink), ainsi qu’au Croisic (Floatgen)] et quatre fermes pilotes sont en développement (dont une au large des îles de Groix et Belle-Île) sur ses côtes.
Le développement de l’éolien flottant au sud de la Bretagne est une grande opportunité économique, sociale et territoriale au regard des relais de croissance qu’elle pourra offrir au tissu économique du Grand Ouest. Les Bretons et les Ligériens pourront en bénéficier en matière de développement économique, d’emplois, de formations et de fiscalité. L’éolien flottant, qui présente l’avantage d’assembler au port les turbines sur les flotteurs, renforce le rôle de la base logistique terrestre, qui doit être située à proximité du parc en mer.
Les règles de mise en concurrence ne permettent pas au cahier des charges d’être prescripteur et ce sera aux lauréats de chacun des appels d’offres de choisir les conditions de construction et de maintenance des éoliennes. Néanmoins, nous pouvons distinguer les lieux pressentis pour accueillir la construction des ouvrages liés au parc.
Plusieurs ports de la façade atlantique (Lorient, la Turballe, Saint-Nazaire notamment) présentent les caractéristiques adéquates pour accueillir ces activités. Le port de Lorient réunit les caractéristiques requises pour à la fois accueillir les activités de logistique en phase d’installation, assurer les opérations logistiques liées aux systèmes d’ancrage et aux câbles sous-marins, ainsi que les activités d’exploitation et de maintenance. Par ailleurs, Lorient est l’un des pôles bretons pouvant contribuer à l’émergence et au développement d’un port de services pour la filière de l’éolien flottant. Cela tient à son tissu industriel, à la présence de grandes entreprises et d’un nombre important de sous-traitants orientés sur la construction-réparation navale.
Le choix de la localisation des activités logistiques et de maintenance dépend à la fois de la zone retenue pour les parcs éoliens en mer, des conditions d’accès maritime, des espaces disponibles pour construire la base, ainsi que des besoins en aménagements.
Pour la filière industrielle française en général, et en particulier pour le Grand Ouest, un fort impact est attendu sur la création d’emplois dans les territoires de Bretagne et, plus globalement, sur la façade atlantique. En 2019, l’Observatoire des énergies de la mer dénombrait en France 3064 emplois en équivalent temps plein (ETP), dont 1105 en Pays de la Loire, 338 en Bretagne et 523 en Normandie.
C’est une filière est créatrice d’emplois. Par exemple, la Normandie a battu en 2018 le record de France dans la création des emplois issus des énergies renouvelables en mer, grâce à l’émergence des parcs de Courseulles-sur-Mer, Fécamp et Dieppe – Le Tréport. Cette dynamique est appelée à se poursuivre : des usines de fabrication de pales et de génératrice se sont installées en Normandie pour satisfaire la demande. D’autres usines et d’autres industriels de l’éolien en mer sont également présents en France, notamment l’usine d’éoliennes de General Electric et les Chantiers de l’Atlantique (anciennement STX) qui produisent des sous-stations électriques, à Saint-Nazaire. À terme, la filière pourrait créer 15 000 emplois sur le territoire national.
De la main-d’œuvre sera nécessaire pour concevoir, produire puis installer et exploiter de nouvelles machines plus performantes, qui pourront ensuite être déployées dans le monde entier. La réalisation du raccordement terrestre bénéficiera aux entreprises ayant déjà des compétences éprouvées.
De petites et moyennes entreprises, sous-traitants locaux, etc., seront fortement mobilisés par les industries présentes dans les deux régions et bénéficieront des retombées économiques des futurs parcs. Aujourd’hui, près de 120 entreprises bretonnes, essentiellement des PME et TPE peuvent se positionner sur toute la chaîne de valeur des projets
Le cas de base utilisé pour la modélisation des perspectives s’appuie sur la fabrication ou l’assemblage final du flotteur et une intégration de l’éolienne dans un ou plusieurs ports proches du site. Ceci engendrerait de l’emploi local que l’on peut estimer à 200-300 équivalents temps plein (ETP) pendant deux ans pour une ferme de 500 MW. Pour la préfabrication des éléments du flotteur, tout ou partie de l’activité peut être réalisée en France ou en Europe, en fonction des capacités des industriels à fournir les sous-ensembles. Cela représente environ 2 000 ETP pendant deux ans. L’installation et le démantèlement engendreraient environ 70-150 ETP pour la période d’activité. Enfin, la maintenance des fermes créerait environ 100-125 ETP pour un parc de 500 MW.
C’est une activité locale et de long terme puisqu’elle correspond à la durée de vie des parcs, entre 25 et 30 ans.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter :
- La Fiche #12 du dossier du maître d’ouvrage : « Quelles retombées économiques attendues pour le Grand Ouest ? »
Concernant la production de ressource biologique sur la zone,
Les infrastructures introduites dans le milieu constituent des récifs artificiels. Les organismes peuplant les fonds marins vont coloniser les fondations : c’est l’effet récif. Dans les zones d’implantation des parcs, cette colonisation est susceptible de modifier la chaîne trophique, c’est-à-dire les relations qui s’établissent entre des organismes en fonction de leurs habitudes alimentaires.
Cette abondance de proies potentielles peut attirer des prédateurs (mammifères marins, poissons, oiseaux) dans le parc. Une exclusion de l’activité de pêche au sein des parcs, combinée à cet effet récif peut créer un effet réserve localisé. Certains retours d’expérience de parcs éoliens en mer exploités à l’étranger témoignent d’un effet réserve pour les poissons (diversité accrue de poissons au sein du parc). Cet effet a notamment été observé dans le parc Horns Rev 1 qui a été mis en service en 2002 à 15km des côtes ouest du Danemark, où de nouvelles espèces de poissons ont été enregistrées dans le récif artificiel ainsi créé. Les chercheurs n’ont en revanche pas observé de disparitions de certaines populations de poissons.
D’autres études menées en Belgique et aux Pays-Bas prouvent également l’existence d’un effet réserve pour certaines espèces. Cependant, d’autres retours d’expérience sont plus prudents sur l’effet réserve permis par le parc éolien en mer. Un programme de contrôle et d’évaluation des impacts sur l’environnement (dont les communautés halieutiques) de la construction de la première ferme éolienne néerlandaise, construite entre 10 et 18km des côtes en 2006, a été mené par l’IMARES (l’équivalent néerlandais de l’Ifremer). L’étude a réalisé des analyses avant la construction, puis après la construction. Il en ressort qu’à l’échelle de la zone côtière néerlandaise, il ne peut pas être observé d’effet significatif en matière d’abondance. Il a été observé une légère augmentation de l’anchois supposée être un résultat de la diminution de la pression de prédation liée à la protection apportée par la ferme éolienne; à l’échelle du parc, de nettes différences ont pu être observées entre le nouveau substrat dur (artificiel) et le fond sableux: de grands groupes de poissons ont été observés près des monopieux et des protections anti-affouillement (Cabillaud, Tourteau, Tacaud, Chaboisseau commun, Chabot de mer et Dragonnet lyre), mais une moindre abondance en poissons plats, Sole, Limande et Plie.
Ainsi, les études jusqu’à présent menées sur des parcs éoliens posés en mer, ne montrent pas d’effet négatif sur la ressource halieutique et tendent plutôt à montrer une augmentation de la biodiversité. Ces résultats ne sont toutefois pas directement transposables aux parcs d’éoliennes flottantes pour lesquelles les effets récif et réserve n’ont pas encore pu être analysés.
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