Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q143 • Bilan énergétique global
Réponse publiée
Question reçue par carte T posée par Yves MERVIN
1) Quel est le bilan énergétique global et le bilan en matériaux et déchets du projet ?
2) Les moyens de stockage de l'énergie sont-ils associés au projet et intégrés dans le bilan précédent ?
Réponse officielle :
Réponse de la maitrise d'ouvrage :
Bonjour et merci pour votre question.
Concernant le bilan carbone d’un parc éolien en mer posé
La filière de l’éolien en mer étant émergente en France, les données sur les bilans carbone des projets ne sont pas très nombreuses. Toutefois, les émissions de gaz à effet de serre des premiers parcs éoliens en mer posés (Yeu-Noirmoutier, Saint-Brieuc, Dieppe-Le-Tréport, Courseulles-sur-Mer, Fécamp et Saint-Nazaire) ont été calculées dans les études d’impacts de ces projets.
1Estimé par le ministère de la Transition écologique sur la base des informations disponibles dans le bilan carbone du parc réalisé par le porteur de projet.
Selon le nombre d’éoliennes, leur puissance unitaire et le temps d’exploitation, le bilan carbone des parcs éoliens en mer posés français varie comme suit :
– de 554 000 à 754 000 tonnes éqCO2 émises ;
– un facteur d’émission entre 14 et 18 g éqCO2 /kWh produit ;
– un temps de retour de 4,5 à 6 ans en France par rapport au mix électrique moyen.
À titre de comparaison, le facteur d’émission des productions électriques renouvelables en France est estimé par l’ADEME² à :
– 14,1 g éqCO2 /kWh pour l’éolien terrestre ;
– 56 g éqCO2 /kWh pour le photovoltaïque.
Pour les énergies fossiles, le facteur d’émission en France est estimé3 à :
– 406 gCO2 /kWh pour une centrale à gaz ;
– 1 038 gCO2 /kWh pour une centrale à charbon ;
– 12 g éqCO2 /kWh4 pour une centrale nucléaire (à noter : les phases de démantèlement et de fin de vie des ouvrages ne sont pas intégrées dans les facteurs d’émission retenus).
Ainsi, le bilan carbone de l’éolien en mer posé s’avère donc relativement faible par rapport à l’ensemble de production d’électricité.
Concernant le bilan carbone d’un parc éolien en mer flottant
Nous ne disposons pas encore de bilan carbone établi pour les parcs éoliens flottants de taille commerciale puisqu’aucun projet équivalent n’a encore été développé en France. Toutefois, le bilan carbone des parcs pilotes est fourni dans leur étude d’impact :
– Éoliennes flottantes de Groix et Belle-Île : le bilan des émissions de gaz à effet de serre présenté dans l’étude d’impact donne une valeur de 36,4 g éqCO2 /kWh ;
– EolMed - Gruissan : l’analyse du cycle de vie du projet EolMed - Gruissan dans son ensemble (fabrication, construction, exploitation et démantèlement) a révélé que les émissions de gaz à effet de serre seront de l’ordre de 47,3 g éqCO2 /kWh d’électricité en entrée de réseau RTE5 ;
– Eoliennes flottantes dans le golfe du Lion : sur les vingt années d’exploitation de la ferme pilote, le facteur d’émission du projet atteint de 24,1 g éqCO2 /kWh. Le temps de retour climatique atteint 5,95 années6.
Ainsi, pour les fermes pilotes, d’après les chiffres connus, le facteur d’émission est de l’ordre de 36 g CO2 éq/ kWh. Toutefois, on observe une forte variabilité (plage de variation de 11 g CO2 éq/kWh) qui s’explique par les différentes technologies utilisées pour les flotteurs et les ancrages. Ces données sont néanmoins à manier avec précaution en raison du caractère expérimental des parcs pilotes. En effet, du fait de leur petite taille et de leur faible puissance, les parcs pilotes d’éoliennes flottantes auront un impact carbone plus important que les futurs parcs commerciaux.
Concernant le recyclage,
Comme le prévoit le Code de l’environnement, tous les composants rapportés à terre sont démantelés en éléments réutilisables, recyclables ou éliminables.
Le démantèlement des éoliennes flottantes s’effectuant à terre, au port, la récupération des terres rares et autres matériaux critiques contenus dans les turbines est facilitée, ce qui doit permettre d’aboutir à un recyclage quasi intégral :
- les parties métalliques comme le mât et le rotor constituent plus de 90 % du poids des éoliennes : leur recyclage est déjà organisé dans les filières existantes. L’acier notamment se recycle très bien, la demande étant en constante augmentation ;
- le défi le plus important sur le recyclage des éoliennes concerne les 10 % restants, notamment des pales des éoliennes en mer, qui sont faites en matériaux composites.
Elles peuvent alors être broyées et valorisées comme combustible dans les cimenteries, en remplacement des carburants fossiles traditionnellement utilisés. Les cendres servent ensuite de matière première dans la fabrication du ciment. Cette technologie limite donc la production de déchets. Une autre possibilité consiste à utiliser le broyat de pales pour fabriquer de nouveaux matériaux composites. C’est notamment la solution mise au point par l’université de Washington en collaboration avec General Electric (GE) et Global Fiberglass Solutions Inc (GFSI) de Seattle. Le produit obtenu à partir du broyage des pales serait aussi résistant que les composites à base de bois.
De très nombreux usages peuvent être envisagés comme des dalles de sol, des glissières de sécurité le long des axes routiers, des plaques d’égout, des skateboards, des meubles ou des panneaux pour le bâtiment. En moins d’un an, GFSI a recyclé 564 pales selon cette méthode, et l’entreprise estime qu’elle pourrait transformer en produits utiles plus de 20 000 tonnes de déchets de matériaux composites dans les deux années à venir.
Des travaux sont en cours pour optimiser le recyclage des parcs éoliens en mer. L’industrie éolienne réalise ces études aux côtés d’autres filières qui utilisent beaucoup les matériaux composites, comme l’aviation et le nautisme.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter :
- La fiche #11 : « Quel est le bilan carbone d’un parc éolien flottant ? »
- La Fiche #17 du dossier du maître d’ouvrage : «Comment se fait le démantèlement d’un parc éolien flottant ? »
Sources :
- https://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?conventionnel.htm
- Étude d’impact de la ferme pilote EolMed – Gruissan : ferme pilote d’éoliennes flottantes et son raccordement au réseau public d’électricité
- Étude d’impact de la ferme pilote « Éoliennes flottantes du golfe du Lion »
Concernant le stockage de l’énergie,
Le projet d'éoliennes flottantes au sud de la Bretagne ne sera pas associé à une technologie de stockage (batterie, production d'hydrogène ou autre). L'électricité sera directement injectée sur le réseau électrique national.
Les analyses réalisées par RTE dans le cadre du bilan prévisionnel 2017 concluent que l’intégration d’importantes capacités d’énergies renouvelables (plus de 100 GW installées à l’horizon 2035 dans le scénario Ampère) ne nécessitera pas de développer de nouvelles flexibilités pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande.
Ce développement des énergies renouvelables électriques non pilotables soulève de nouveaux défis qui pourront être traités en utilisant tous les leviers de flexibilités existants, notamment les effacements, le stockage et les interconnexions.
Le scénario retenu par le gouvernement dans le cadre de cette programmation conduit à des niveaux d’énergie éolienne de 33,2 à 34,7 GW, et de photovoltaïque de 35,1 à 44,0 GW en 2028. Sur la base des études réalisées par RTE, ces niveaux ne nécessitent pas de besoin supplémentaire de flexibilité sur la période de la PPE.
Sources :
- Rapport RTE, « La Transition vers un hydrogène bas carbone », Janvier 2020
- https://assets.rte-france.com/prod/public/2020-07/rapport%20hydrogene.pdf
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