Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Q171 • Quel raccordement ? Quel exploitant ? Quel impact ? Quel gain énergétique ?
Réponse publiée
- Quel sera le raccordement entre les éoliennes et la terre ?
- Qui exploite cette énergie ? EDF, ENGIE ?
- Quel impact visuel, sonore ? La faune, la flore, la pêche seront-ils impactés ?
- Quel gain énergétique pour le territoire ?
Question de POLINE reçue par Carte T.
Réponse officielle :
Réponse de la maitrise d'ouvrage :
Bonjour et merci pour votre question,
Concernant le raccordement du parc,
Les éoliennes sont raccordées au réseau public de transport d'électricité par l'intermédiaire d'un poste électrique en mer. Celui-ci comprend les équipements de transformation, de protection, de comptage de l'énergie et, le cas échéant, de compensation de l'énergie réactive.
Le poste électrique en mer est relié par des câbles à très haute tension à un poste électrique à terre, qui peut se situer à plusieurs dizaines de kilomètres à l'intérieur des terres. Ces câbles sont prioritairement enfouis dans le sol, mais ils peuvent aussi être déposés au fond de la mer et protégés par des enrochements, des matelas béton ou bien des coquilles de fonte. La jonction entre la partie sous-marine et la partie terrestre est réalisée à l'atterrage.
En fonction du choix retenu pour le positionnement du poste électrique en mer et de la distance à parcourir, l'installation d'un poste de compensation intermédiaire pourra être nécessaire. Le cas échéant, plus le parc sera proche de la côte, et moins la surface nécessaire sera importante.
Le projet présenté au débat public consiste en la définition des conditions de création de deux parcs éoliens flottants dont le raccordement serait mutualisé. Cette mutualisation permet de réduire les coûts économiques et environnementaux : un seul poste électrique en mer et des possibilités de mutualisation du tracé en mer, à l'atterrage et à terre.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la fiche #16 du dossier du maître d'ouvrage « Comment raccorder les parcs éoliens flottants au réseau électrique ? »
Concernant l'exploitation du parc,
Le présent débat public intervient dans une phase très amont du projet de développement de parcs éoliens flottants : le développeur éolien privé qui sera en charge de la construction, de l’exploitation et du démantèlement du parc n’est pas encore désigné. Les développeurs éoliens de chacun des deux parcs (celui de 250 MW et celui de 500 MW) seront chacun désignés à l’issue d’une procédure de mise en concurrence distincte donc la première aura lieu en 2021. EDF Renouvelables et ENGIE pourront se présenter en tant que candidats à ces procédures de mise en concurrence, tout comme d'autres entreprises du secteur de l'énergie.
Concernant l'impact visuel,
Pour que le public puisse se représenter la visibilité des futurs parcs éoliens envisagés, l’État met à disposition des photomontages. Ces photomontages représentent, une solution parmi d'autres, de l’intégralité du projet soumis au débat public, c’est-à-dire l’effet visuel potentiel, à terme, des deux parcs d’éoliennes flottantes avec le poste électrique en mer. À ce jour, la zone d’implantation des futurs parcs éoliens en mer n’est pas encore connue, car c’est un des enjeux du présent débat public. Quatre zones d’implantation ont donc été simulées : nord, ouest, est et sud-est. Ces zones d’implantation fictives permettent d’explorer différentes configurations potentielles au sein de la zone d’étude en mer portée au débat public : en proche côtier (parcs fictifs nord et est) et plus au large (parcs fictifs ouest et sud). Au final ce ne sont pas quatre, mais une seule zone d’implantation qui sera retenue pour accueillir au total une soixantaine d’éoliennes au maximum (20 pour 250 MW et 40 pour 500 MW, environ). Il convient par ailleurs de rappeler que ces emplacements théoriques ne sont pas des zones préférentielles de l’État.
Ces photomontages sont disponibles sur : http://eolien-en-mer-sud-bretagne.geophom.info/
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.2 du dossier du maître d’ouvrage « Les enjeux patrimoniaux et paysagers »
Concernant l'impact sonore,
Le parc comportera environ 21 éoliennes pour la première phase, dans une zone située à plus de 30 km de la côte la plus proche (Belle-Ile-en-Mer, Ile de Groix). Le raccordement à terre se fera sur la côte entre Quimper et Vannes. Actuellement, le bruit ambiant sur la côte est principalement généré par le vent et la houle ainsi que par le trafic routier, aérien et maritime. Des mesures réalisées sur l'île de Groix indiquent des valeurs comprises entre 33,5 et 55 dBA en période nocturne et entre 37 et 56,5 dBA en période diurne. Le parc d’éoliennes flottantes au sud de la Bretagne aura un impact nul sur le bruit ambiant sur la côte.
Il est important de noter que les décibels ne peuvent pas être directement additionnés : si deux niveaux de bruit sont émis par deux sources sonores, et si l’une est au moins supérieure de 10 dB par rapport à l’autre, le niveau sonore résultant est égal au plus élevé des deux (effet de masque). Ainsi le bruit généré par le parc ne s’additionnera pas nécessairement directement au bruit ambiant : si ce dernier est supérieur de plus de 10dB, il masquera le bruit du parc. Deux phases de perturbations sonores potentielles sont à distinguer : la phase de travaux, susceptible de générer davantage de perturbation, et la phase d’exploitation, à l’impact acoustique négligeable à la côte.
Concernant la phase de travaux, on considère plusieurs sources de bruit.
D’une part à terre, le trafic routier induit par les engins de chantier augmentera ponctuellement sur les routes menant au site (routes départementales et communales principalement), entrainant des perturbations de l’ambiance sonore transitoires. Le raccordement terrestre constituera une seconde source de bruit. Le bruit généré par cette étape des travaux, qui inclut notamment la création de tranchées, a été qualifié de négligeable vis-à-vis du bruit ambiant et de son caractère bref par l’étude d’impact de Dieppe-le-Tréport.
D’autre part, les travaux en mer seront engendrés par l’installation du parc éolien, le raccordement en mer et le trafic maritime des navires du chantier. Les gros navires et l’ensouillage des câbles seront audibles jusqu’à 10km du chantier, c’est-à-dire qu’ils seront inaudibles à la côte. Il n’y aura pas de forage dans le sol marin, s’agissant de la technologie flottante. Le trafic maritime engendré par la construction du parc sera comparable au bruit ambiant des activités de pêche ou du trafic maritime.
Lors de la phase d’exploitation du parc, les perturbations sonores sont engendrées par la mise en rotation des éoliennes et les activités ponctuelles de maintenance. La condition la plus défavorable pour le riverain est lorsque la vitesse du vent est suffisante pour faire fonctionner les éoliennes en mode de production, mais pas assez importante pour que le bruit du vent dans l’environnement masque le bruit des éoliennes. La plage de vent correspondant à cette situation est globalement comprise entre 3 et 10 m/s. C’est sur cette plage que sont modélisés les niveaux de bruit des parcs. A titre d’exemple, pour un autre parc éolien situé à environ 12 km des côtes, les niveaux maximum générés par les éoliennes en activité qui ont été modélisés sont de l’ordre de 27,5 dB au droit des habitations. Sachant que le parc Bretagne Sud comportera moins d’éoliennes et sera plus éloigné des côtes, le bruit généré par l’activité des éoliennes sera donc masqué par le bruit ambiant. Les activités de maintenance seront quant à elles ponctuelles et assimilables au trafic maritime ambiant.
En conclusion, la revue des études d’impact des autres projets de parc éoliens ne met pas en évidence une perturbation sonore à la côte notable et durable dans le temps, ni en phase de travaux, ni en phase d’exploitation. Néanmoins, des perturbations liées à des nuisances communes de chantier, locales et ponctuelles, pourront être engendrées, notamment par le passage des engins et la création de tranchées pour le raccordement terrestre.
Sources : études d’impact des différents projets de parcs éoliens en mer
Concernant les impacts sur la biodiversité,
Les caractéristiques précises du projet n’étant pas encore connues, il est impossible d’évaluer précisément ses impacts. Les études permettant de caractériser l’état actuel de l’environnement seront menées par l’État et par RTE sur les zones maritimes et terrestres retenues à l’issue du débat public. L’évaluation environnementale du projet décrite dans l’étude d’impact sera ensuite réalisée par le lauréat de l’appel d’offre et RTE.
Au stade actuel, il est possible de définir un risque d’effets, c’est-à-dire le risque que le projet affecte une espèce ou un habitat présents. Le ministère de la Transition écologique et RTE ont mandaté, des bureaux d’études (TBM environnement et Géonomie) pour définir et spatialiser ces risques d’effet en s’appuyant sur les études et données existantes. Cette étude a été validée par les établissements publics compétents : l’Office français pour la biodiversité (OFB) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Le travail de planification (choix d’une zone de moindre contrainte) dans lequel s’inscrit le débat public permet d’ores et déjà d’éviter et réduire les effets du futur parc.
Les impacts sur les espèces volantes
L’avifaune (oiseaux) est la plus affectée par la présence et la rotation des éoliennes. Il y a d’abord un risque de collision pour les oiseaux volants à hauteur des pales. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varient d’une espèce à l’autre. Le parc peut également représenter un obstacle pour l’avifaune, poussant les oiseaux à rallonger leurs vols pour l’éviter (effet barrière). Le parc peut aussi prendre la place d’une zone fonctionnelle et ainsi engendrer une perte d’habitat. Comme pour le risque de collision, l’effet barrière et la perte d’habitat varient selon les espèces et dépendent des caractéristiques du parc (disposition, taille, éloignement). Les chiroptères (chauves-souris) ayant déjà été observés en mer on suppose qu’ils peuvent être concernés par le risque de collision ou l’effet barrière. Des barotraumatismes (lésions internes provoquées par le changement brutal de pression induit par le mouvement des pales) ayant été observés sur les parcs éoliens terrestres, il se peut qu’ils existent aussi en mer.
Pour réduire la collision avec les oiseaux, les développeurs éoliens retenus après la mise en concurrence devront définir les caractéristiques des parcs (nombre d’éoliennes, éloignement, hauteur des pales, espacement entre les éoliennes, surface balayée par le rotor) en tenant compte des hauteurs de vol et du comportement des oiseaux relevés durant l’état actuel de l’environnement. La plupart des autorisations environnementales déjà délivrées à des projets éoliens en mer (parcs commerciaux ou fermes pilotes) prévoit des mesures de réduction des impacts sur l’avifaune.
Ces mesures peuvent être :
* Réduction de l’intensité de l’éclairage et dispositifs anti-perchoirs pour éviter d’attirer les oiseaux
* Bridage (c’est le cas pour les parcs en mer Baltique situés sur des axes migratoires majeurs, en France, seule la ferme EolMed au large de Port-la-Nouvelle a inscrit une telle mesure)
* Effarouchement visuel (banderoles, épouvantails, laser) ou sonores (sirènes, cris de détresse)
Impacts sur les mammifères marins
Chez les mammifères marins, le bruit sous-marin peut engendrer des dérangements comportementaux, des pertes d’audition voire des blessures. Les bruits liés au battage de pieu pour la construction de parc éolien posé sont les plus impactant pour les mammifères mais ce type de travaux n’auront pas lieu pour un parc éolien flottant. En phase d’exploitation, le bruit du parc est considéré comme similaire aux bruits d’origine anthropique habituels (trafic maritime notamment).
Impact sur l’ichtyofaune (poissons)
Les poissons dotés d’une vessie natatoire (organe de flottabilité) à proximité de l’oreille interne sont particulièrement sensibles au bruit mais l’absence de travaux bruyants de battage de pieu limitera l’impact sur l’ichtyofaune.
Impacts connus sur les fonds marins
La construction du parc donne lieu à une perte ou une modification des habitats benthiques (fond marin) dont l’impact dépend du type de travaux et de la nature du sol.
Effets cumulés
Les effets cumulés des parcs éoliens en mer sur la biodiversité seront considérés par le porteur de projet dans son évaluation environnementale. Ces effets cumulés sont aujourd’hui mal connus et encore difficiles à évaluer. Cependant, des travaux sont en cours sur ce sujet (groupe de travail ECUME piloté par la Direction générale de l’énergie et du climat et la Direction de l’eau et de la biodiversité, notamment) et les projets pilotes pourront apporter des enseignements.
Un exemple de retour d’expérience : dix ans de suivi environnemental en Belgique
La partie belge de la mer du Nord compte 6 parcs éoliens posés en mer (pour une puissance de 1556 MW), certains opérationnels depuis 2008. Ces parcs font l’objet, depuis leur création, d’un programme de suivi des impacts environnementaux intitulé WinMon.B.E. La Belgique offre ainsi un retour d’expérience de plus de 10 ans sur l’impact des parcs éoliens sur l’environnement marins. Le dernier rapport issu de ces 10 ans de suivi montre notamment :
- qu’il n’y a pas de différence significative sur la concentration en zinc (pour évaluer l’impact des anodes sacrificiels) entre les échantillons prélevés à proximité ou loin des éoliennes
- que la pêche a été très peu modifiée aux abords des parcs
- que les fondations des éoliennes ont été colonisées par divers espèces benthiques
- que les fous de Bassan, les guillemots de Troïl et les petits pingouins observés à Thornton Bank et Bligh Bank évitent les parcs, tandis que les grands cormorans et les goélands marins sont attirés par le parc
Ces résultats ne sont toutefois pas directement transposables aux parcs d’éoliennes flottantes pour lesquelles les effets sous-marins n’ont pas encore pu être analysés.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.1 du document du maître d’ouvrage «L’Environnement»
- la Fiche #10 «En quoi consiste la démarche «éviter, réduire, compenser ? »
- la Fiche #10.1 « Focus sur les impacts pour le parc et pour le raccordement au réseau public de transport d’électricité et mesures « éviter, réduire, compenser » associées »
- L’étude bibliographique complète
Concernant la pêche,
La France a pour objectif de favoriser autant que possible la compatibilité des usages en mer, y compris au sein des parcs éoliens en mer en phase d’exploitation, dans les limites permises par la sécurité de la navigation maritime.
L’autorisation du maintien de la pêche au sein du parc dépendra des risques identifiés suite à une analyse détaillée de l’effet potentiel du projet sur les activités.
La Direction des affaires maritimes du ministère de la Transition écologique et solidaire a publié le 28 juillet 2017 une note technique établissant les principes permettant d’assurer l’organisation des usages maritimes et leur sécurité dans et aux abords immédiats d’un champ éolien en mer.
L’implantation de parcs éoliens en mer peut modifier les activités de pêche professionnelle en ayant un impact potentiel sur le milieu et les espèces commerciales en phase de construction des parcs (nuisances sonores, restriction/interdiction d’accès au site pendant les travaux) ainsi qu’en phase d’activité en utilisant de manière permanente une zone de l’espace maritime dans laquelle la pêche et la navigation peuvent être en partie restreintes.
Il n’est toutefois pas possible de considérer dès maintenant que le parc éolien entraînerait automatiquement une perte de bénéfices, car cela dépend de plusieurs facteurs : présence de ressources halieutiques dans la zone retenue, nature de ces ressources, effet du parc sur la dynamique de mouvement des poissons, possibilité ou non de pêcher dans le parc, effet récif entraînant une augmentation des poissons à proximité des éoliennes, etc.
Le lauréat de la procédure de mise en concurrence et RTE travailleront en concertation avec les professionnels de la pêche afin de limiter l’effet des parcs et du raccordement sur leurs activités. La préservation des secteurs les plus fréquentés par les navires ou présentant une grande richesse halieutique sera recherchée. La définition de la zone d’implantation du projet devra prendre en compte ce paramètre de préservation, essentiel pour l’activité de pêche.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- la Fiche #9.4 du document du maître d’ouvrage «La pêche»
- «Approche cartographique de l’activité de pêche professionnelle au nord du Golf de Gascogne», Cerema
Concernant la quantité d'énergie produite,
Le premier projet de 250 MW, sous l’hypothèse d’un facteur de charge de 45%, permettra de produire l’équivalent de la consommation électrique de plus de 190 000 ménages ce qui serait plus que suffisant pour subvenir à la consommation des ménages de Quimper, Brest et Lorient réunis, recensés par l’Insee en 2016.
D’après l’INSEE[1], il y avait en 2017 environ 1 500 000 ménages dans la région Bretagne et 340 000 dans le département du Morbihan. Le premier projet de 250 MW, sous l’hypothèse d’un facteur de charge de 45%, permettrait donc de produire l'électricité équivalente à la consommation de 13% des ménages bretons ou 56% des ménages Morbihannais.
Le second projet de 500 MW maximum, qui sera attribué à l'issue d'une procédure de mise en concurrence ultérieure, pourrait produire une quantité d'électricité deux fois supérieure au premier parc.
[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=REG-53+DEP-56
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter :
- La fiche #4 du dossier du maître d’ouvrage « Quelques notions sur l’énergie électrique »
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