Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
A31 • Sur le débat du 11 septembre à Lorient
Publié
Grâce à sa retransmission sur YouTube, j'ai assisté, depuis mon canapé à Belle-Ile-en-Mer, au débat proposé le 11 septembre par la CPDP, la commission des débats publics, et concernant le champ d'éoliennes flottantes prévu entre Groix et Belle île. Cela devait être une belle occasion pour le citoyen que je suis d'écouter les arguments en faveur ou opposés à ce projet. Hélas.....
La soirée commence par les ronds de jambe polis et policés du maire de Lorient, de P. Mazenc de la Préfecture de Région et de Gaëlle Le Saout du Conseil Régional. Franchement, on s'ennuie ferme à l'exception d'un chiffre soulevé par cette dernière : la Bretagne ne produit que 13% de son électricité. 35 minutes au total pour cette seule info, c'est un peu dilué et cela met à mal la patience de l'auditeur, pourtant motivé, que je suis.
Suit la présentation du débat public: ses objectifs, ses principes.... C'est intéressant mais ce n'est pas l'essentiel de la soirée et comme on reviendra plusieurs fois, plusieurs plusieurs fois.... sur ces notions, c'est un peu lassant et j'émerge assoupi de ces 15 minutes méthodologiques.
Après 50 minutes dont l'apport informatif reste à démontrer, on rentre enfin dans la substantifique moelle qui devrait nous réunir, le projet des éoliennes sud Bretagne. La CPDP a invité du beau monde autour de la table : Directrice de l'énergie du Ministère de la transition, Directeur du projet énergies marines renouvelables, Responsable du projet RTE Concertation France..... tiens, pas d'opposants ni de biologistes. Le discours restera donc monolithique.
La présentation du projet se cantonne à des informations superficielles : il n'est pas cité le nombre d'éoliennes prévues, leur hauteur ou d'autre détails techniques essentiels à l'auditoire et à ses questions paysagères. On annonce la présence sur le site dédié de montage photo permettant d'évaluer l'éventuelle pollution visuelle à partir de différents postes d'observation, mais sans le présenter à l'écran.
Une première période de questions de 30 minutes : je ne suis guère convaincu par la réponse apportée à l'étonnement d'un auditeur signalant qu'il serait impossible de bénéficier pour cet appel d'offre de l'expérience du projet pilote antérieur et pourtant prévu pour nourrir les projets suivants. Je suis surpris par l'impossibilité de répondre à une question simple : quelle sera la part d'énergie électrique fournie au réseau breton par le présent projet ? Enfin, la question posée sur la rentabilité du parc est éludée par une supposition futuriste, suggérant la diminution des coûts et passant sous silence le prix de rachat par EDF de 120 euros/MWh, le tarif du marché étant proche de 40, et le 1,5 milliard de subventions publiques envisagé dans le dossier du maître d'ouvrage (Projet d’éoliennes flottantes au sud Bretagne, p. 37). La Cour des comptes souligne tout de même que les contrats de l'éolien offshore « coûteraient aux finances publiques 2 milliards d'euros par an pendant 20 ans ».
Le Directeur du projet donne par la suite quelques éléments supplémentaires mais la question des impacts possibles sur l'environnement est éludée par des déclarations générales ponctuées de bonnes intentions. Ma question posée par internet lors de la deuxième phase du débat et portant sur les impacts possibles sur la faune, passe à la trappe. Mais en l'absence de biologistes sur le plateau, ça n'est pourtant pas ce qui manque à notre région, on imagine la précision qu'aurait pu prendre une éventuelle réponse. Pas de réponse non plus à la pétition d'Eric Guillot qui a tout de même rassemblé plus de 12 000 signatures. Bref, on se cantonne aux sympathiques généralités qui se veulent rassurantes mais qui, au fil du temps perdu, le sont de moins en moins. Rien sur les contraintes liées à la force du vent, les éoliennes ne produisant de l'électricité que pendant une partie limitée du temps. Rien non plus sur les anodes, les immenses pales non transformables en fin de vie, sur la comparaison avec d'autres moyens de production d'énergie durable, sur le faible nombre d'emplois annoncés (20 pour 100 éoliennes, Marianne 4 septembre). Rien non plus sur l'éthique qui devrait régner en maître sur un tel projet : peut on offrir cette belle vitrine à des entreprises dont le comportement n'est pas exemplaire vis à vis de l'environnement ?
On émerge de la soirée avec un ennui non dissimulé. Sur les 2h30 de la soirée, on a laissé la parole aux citoyens durant seulement 1h. Le débat annoncé s'est majoritairement transformé en monologues rébarbatifs, assénés avec une administrative gaîté. Plusieurs questions posées sur internet restent en souffrance alors qu'un résumé de la première heure d'interventions aurait permis de laisser la place à des questions pertinentes.
Et pourtant, personnellement je regarde ce projet avec un sentiment positif d'urgence environnementale et d'évolution indispensable. Mais ce n'est pas avec la soirée du 11 septembre que les opposants seront véritablement convaincus !
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