Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
A217 • Le modèle socio-économique de l'éolien
Publié
Avis de François DEBLEDS reçu par Mail
Bonjour,
J’ai participé au débat sur le modèle socio-économique de l'éolien et je souhaite exprimer ma frustration d’un débat qui ne m’a pas répondu à la question posée.
Sur la forme d’abord, car des slides trop chargées d’écrits et lues (pas plus de 20 à 30 mots/slide, sinon on n’écoute plus l’interlocuteur, car on lit le slide), des informations absconses comme la détermination d’un prix négatif de revient de l’énergie par exemple. Toutes ces présentations occupent trop de temps en laissant ainsi moins de temps pour échanger.
Enfin sur le fond, car il est, à mon avis, très difficile de déterminer un cout et un prix du KwH éolien off shore qui est une nouvelle technologie, et qui sera sans commune mesure, lorsque ces processus seront industrialisés. Dans ce contexte, il est donc logique que cette technologie soit aidée sur le plan financier, ce qui aurait du être, pour moi, le véritable sujet du débat . Je résume ma compréhension du sujet.
Pour le parc de 250 Mw il y aurait
- 750 millions € d’investissement payés par la ou les compagnies privées
- 250 millions € pour le raccordement des éoliennes au réseau électrique qui sont à la charge de RTE et donc du consommateur . Sans doute que RTE ayant le monopole de la distribution de l’électricité en France, cela explique que le coût du raccordement est exclu des aides de l’Etat?
Pour information, le montant du raccordement (estimé à 25% de l’investissement) représenterait un montant de 15 à 20€ par KwH.
D’autres coûts , comme ceux du fonctionnement ou du démantèlement du parc en fin de vie, n’ont pas été précisés pour leur montant et qui en assurait la charge ?
A titre d’information, nous avons appris que pour l'éolien en mer posé, le prix du KwH serait de l’ordre de 60€, couvrant des dépenses constituées à 78% par des coûts d’investissement, à 18% par des frais de fonctionnement et à 4% par des frais de démantèlement .
Pour l'éolien en mer, l’Etat verserait pendant 20 ans (durée de vie estimée du parc) une prime plafonnée à 120€ du KwH (et donc pas une subvention) déduite des coûts de revient de production de l’électricité supportés par l’entreprise .
Nous n’avons pas eu de justification de ce montant, de sa composition et de son évolution sur les 20 ans ?
Nous ne savons pas quels seraient les éléments de coûts fournis par la société privée exploitant le parc afin de justifier le montant perçu de la prime?
Nous ne savons pas quels seraient les organismes de contrôle financier pour valider le prix de revient du KwH établi par l’exploitant du parc ? (expert-comptable? Cour des Comptes?) .
En clair quels seraient les moyens de contrôles financiers pour déterminer les coûts composant à terme le prix du KwH, qui sera in fine, payé par le consommateur, mis en place par l’Etat et par l’entreprise ? Je ne peux pas imaginer un flux financier versé par l’Etat compris entre 1,6 et 2 milliards € sur 20 ans sans un contrôle financier des coûts de production de l’énergie en mer ?
Je pense que ce sont ces questions, auxquelles j’aimerais avoir des réponses, qui auraient du constituer, selon moi, le cœur de ce débat .
Au cours de cette réunion, j’ai entendu un représentant de la pêche expliquer que le revenu des travailleurs de la mer pourrait être impacté par ce projet, et dans cette éventualité, il ne faudrait pas les oublier, si j’ai bien compris et interprété ces propos. Après réflexion je voudrais formuler les remarques suivantes :
- les revenus des pêcheurs seront plus impactés par le BREXIT et par la réduction des aires de pêches que par ces éoliennes.
- les éoliennes n’auront pas forcément un effet négatif sur la pêche. J’ai vécu l’installation du port pétrolier ANTIFER au Havre, qui constituait à faire une digue vers la pleine mer pour accueillir des navires géants. Pour cela, plusieurs milliers de cubes de béton ont été immergés et, contrairement à ce qui était redouté, il a été constaté une élévation des populations de crustacés, expliquée par la création d’une multitude de cavités créés par l’empilement désordonné de ces cubes de béton, facilitant ainsi leurs mues à l’abri de prédateurs .
Sur ce sujet, afin d’évaluer un éventuel impact sur les revenus des pêcheurs par ces éoliennes, une méthode serait, par exemple, que les pêcheurs avec les scientifiques fassent un état des lieux des ressources halieutiques (recensement des espèces, estimation des populations, suivis des tonnages pêchés…) AVANT la création du parc et refaire ce travail APRES sa création et son fonctionnement, et ce sur plusieurs années .
Le débat aurait pu aborder le financement de ces travaux et en cas d’écart défavorable pour les pêcheurs, comment et sur quelles bases seraient aidés financièrement les pêcheurs ? Cette problématique pourrait peut être étendue à d’autres usagers de la mer ? C’est la question posée de la dégradation du milieu, de son évaluation et de sa compensation ? Serait elle uniquement financière ? Par qui serait elle perçue, uniquement par les usagers de la mer et selon quelle clé ? par la collectivité ? Par les deux ? Là encore, le débat a été pauvre en échanges .
Enfin la question du statut juridique de ce futur parc éolien qui pourrait être situé au delà de la limite extérieure de la mer territoriale a été posée. L’absence de réponse claire et précise montre que cela poserait problème, sans savoir lesquels exactement.
Face à des questions simples et pratiques, les exposés et les réponses furent trop conceptuelles, comme la création de valeur, le taux actuariel d’un emprunt, le calcul d’un prix de revient négatif possible d’un KwH donnant plutôt l’image d’un dialogue sans écoute et d'un partage de points de vue plutôt qu’un débat.
Dommage.
Cordialement.
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