Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
A220 • Manque d’ambition ?
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Ce projet manque d’ambition en se limitant à l'éolien. Puisqu'une grande zone maritime doit être aménagée pour produire de l'électricité, autant en profiter pour combiner plusieurs sources d’énergie renouvelable. Il restera de l’espace entre les mats des éoliennes pour loger d’autres caissons flottants, munis de panneaux solaires. Par vent faible, le soleil pourrait prendre le relais et par temps couvert et venteux, l’éolien pallierait les faiblesses du photovoltaïque. Par temps gris et calme, on pourrait compter sur le foisonnement, en équipant de la même façon de nombreux sites dispersés à travers les mers du pays ou du continent. Il faudrait quand même quelques centrales thermiques d’appoint pour maintenir le niveau de production, au cas où le foisonnement ne fonctionne pas aussi bien que certains le prétendent.
J’essaie seulement de pousser un peu plus loin la logique de ce projet. Mais soyons sérieux. Il s’agit bien d’aménager une grande zone maritime pour faire face à la demande énergétique, de la même façon qu'on a aménagé de nombreuses vallées en montagne pour l'hydraulique ou des espaces ruraux pour l’éolien terrestre. L’océan est le dernier espace encore intact, dépourvu d’aménagements permanents. Avant de franchir ce pas, celui de l’aménagement des mers, il faut vraiment réfléchir. Et on ne réfléchit pas, on fonce tête baissée.
En 2016, dans cette même Bretagne Sud, on a lancé un projet pilote, une ferme éolienne flottante constituée de quatre (maintenant trois) machines entre Belle-Île et Groix. La mise en service de ce site est actuellement prévue dans deux ans. La construction n’a pas encore démarré et l’installation encore moins. Pourquoi avoir lancé ce projet pilote ? Avant d’avoir recueilli le moindre retour d'expérience, on se lance dans un projet d’une tout autre ampleur. On fonce.
Faut-il franchir ce pas sans réfléchir, traiter la mer comme on a traité la montagne et la campagne, et aménager l’océan sous prétexte de produire toujours plus d’énergie ? L’éolien est capricieux, l’éolien offshore est mal connu. On récoltera quelques MWh sporadiques à un coût incertain, mais à coup sûr on aura abîmé durablement l’océan et nui à ceux qui le fréquentent (les marins de toutes sortes, mais aussi les habitants et visiteurs des côtes).
Plutôt que de produire plus et mal, il vaut mieux réduire la demande. Il y a encore de sérieux efforts à faire pour baisser notre consommation énergétique (habitation, transport, industrie, agriculture). On en mesure beaucoup mieux les coûts et les bénéfices. Les budgets prévus pour ces projets aléatoires en mer pourraient avantageusement servir à soutenir des programmes sûrs d'économies d'énergie plutôt qu’à violer les derniers espaces vierges.
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