Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
A379 • Une atteinte aux paysages et à l'activité économique sans intérêt énergétique ni écologique
Publié
1/ Dégradation de l’espace public
Le littoral est aujourd’hui protégé par la loi, compte tenu notamment de son intérêt paysager. Ceci ne doit pas autoriser la construction de structures de grande hauteur à portée de vue des côtes. Est-ce que des installations de 260 mètres de haut contribuent, comme le souhaite Elisabeth Borne dans les dossiers présents sur le site, à « continuer à améliorer l’intégration territoriale, environnementale et paysagère des projets » ?
La région présente des falaises d’une quarantaine de mètres de haut. Les éoliennes pourraient donc être théoriquement visibles à une distance de 80 km environ, 65 km en ne prenant que les pylônes. Les phénomènes de réverbération bien connus avant le mauvais temps ajoutent à ce risque.
L’échelle est fausse sur la carte présentée dans la plaquette du débat public : Groix et de Belle île seraient distantes d’un peu plus de 60 km, alors qu’il y a en fait moins de 30 km entre ces îles. La « zone d’étude en mer » ne commencerait donc pas à 30 km mais seulement à 15 km au large, et les éoliennes parfaitement visibles de toute la région.
Le guide d’évaluation des impacts sur l’environnement prévoit la prise en compte du paysage, mais cette étude est à venir alors que l’avis du public est demandé. Aucune étude indépendante ne vient tempérer le document promotionnel (Vincent Guénard) qui vante l’intérêt touristiques des ballades en mer pour visiter les champs d’éoliennes. On croit rêver devant l’attrait affiché pour le tourisme industriel. Claude Monet aurait-il eu envie de peindre les falaises de Belle-Ile avec par derrière ces monstres aux bras ballants ? Gauguin les paysages de l’Aven et de la Laïta ?
En outre, l’atterrage des liaisons électrique (non pris en compte dans le guide) va dégrader plusieurs zones, nonobstant le classement « Natura 2000 » de la plupart. A ce stade, le projet envisage cinq emplacements sans préciser l’étendue des zones dégradées. Le séculaire « chemin des douaniers » qui court tout le long de la côte, et de nombreux itinéraires de promenade, seront désormais ici ou là interdits.
2/ Une destruction de l’activité économique
La région vit aujourd’hui largement du tourisme et de la plaisance. Ce type d’infrastructures nuira à cette activité qui demande facilité et sécurité de la navigation, et beauté des sites.
Lorient et Concarneau qui comptaient parmi les tous premiers ports de pêche ont vu leur activité se réduire. Mais l’étude doit aussi prendre en compte l’activité des petits ports entre Lorient et Trévignon, qui sont essentiels à la vie locale. C’est pourquoi il est essentiel de préserver les pêches côtières et de laisser un accès à ces zones depuis les ports sans coût supplémentaire en temps et en énergie du fait de zones interdites à la navigation qu’il faudrait contourner.
En regard de ces activités traditionnelles, les promesses d’emploi local généré par ces éoliennes en mer sont peu crédibles. De manière paradoxale, la filière met en avant pour justifier l’intérêt de ces installations à la fois le faible coût de la maintenance, seule activité réellement pérenne et en croissance, et l’importance des embauches de personnel d’entretien.
Les maintenances lourdes seront une activité intermittente. Les prétendus espoirs de développement d’une industrie de l’éolien offshore reposant sur les infrastructures portuaires existantes – soi-disant adaptées – font écho aux échecs du passé comme l’activité de soutien à l’extraction pétrolière à Brest. En Europe, les compétences et les moyens adaptés à ce genre d’infrastructures ont été développées pour l’industrie du pétrole et du gaz et existent essentiellement en Europe du Nord.
Les documents proposés par le site du débat public annoncent des tarifs d’achat du kWh exorbitants, mais ne présentent aucune analyse prévisionnelle coût/efficacité des éoliennes flottantes. Les difficultés de développement et d’installation sont systématiquement sous évaluées, comme le démontrent les retards pris dans les projets pilotes et les premiers sites de production.
3/ Un faible intérêt énergétique
Le projet d'éoliennes offshore en Bretagne Sud ne sera pas la solution au déficit de production électrique locale et à la faiblesse du réseau de raccordement aux sites de production situés en régions Loire ou Normandie.
Il est très contestable de tirer argument d’un niveau moyen de vent important et de laisser croire que l’atlantique soumet nos côtes à des vents réguliers. Cette zone connaît de puissantes tempêtes qui exigeront un dimensionnement particulièrement coûteux de ces infrastructures sans éviter l’arrêt de la production dans ces circonstances. Elle connait aussi de longues périodes sans vent, notamment l’hiver, même à bonne distance des côtes. La production éolienne sera particulièrement intermittente. Il faudrait donc construire localement des centrales pilotables à énergie fossile pour pallier les surventes et les absences de vent : fioul, charbon, gaz ? Quelle pollution et quel bilan carbone ?
Madame Pompili a assuré encore ce 19 novembre qu’il faut diversifier les sources d’énergie pour éviter les black-out l’hiver ; pourtant, les périodes de grand froid sont le plus souvent des périodes sans vent.
4/ un non-sens écologique
En dépit d’investissements astronomiques dans le développement des renouvelables, les émissions des gaz à effet de serre allemandes, qui avaient baissé au début de la décennie 2010, sont revenues à leur niveau de 2009. L’Allemagne est à court d’idées pour aller plus loin, certains écologistes allemands évoquant même de différer l’abandon du nucléaire. Il est vraisemblable que les objectifs climatiques qu’elle s’est fixée ne seront pas atteints.
Il serait pitoyable que la volonté de développer sans maîtrise l’énergie éolienne, à coup de subventions coûteuses et de destruction des paysages, se solde en France aussi par un bilan carbone nul ou négatif.
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