Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
A429 • Des impacts lourds pour le secteur majeur et traditionnel de la pêche bretonne : les pêcheurs morbihannais en première ligne
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Des impacts lourds pour le secteur majeur et traditionnel de la pêche bretonne : les pêcheurs morbihannais en première ligne
La Bretagne est la première région de pêche française, Lorient est le premier port de pêche français en valeur et deuxième en tonnage (plus de 22 000 tonnes par an dont Merlu, Lotte et Langoustines). Les Pays de la Loire sont aussi l’une des principales régions de pêche française avec les Sables-d’Olonne, quatrième port de pêche français en valeur. La zone d’étude en mer est attractive pour la pêche professionnelle et présente des pratiques de pêche très diversifiées. Par exemple, l’activité du chalut est soutenue durant toute l’année avec un pic au printemps (pêche à la Langoustine) et un autre d’août à septembre (pêche à l’Anchois). D’autres activités sont également pratiquées : fileyeurs, métiers de la ligne (ligneurs et palangriers). La partie nord de la zone d’étude en mer comprend des secteurs d’importance pour la pêche. L’origine des navires de pêche fréquentant la zone est diverse : ports bretons mais aussi ligériens (la Turballe) et de Vendée (les Sables-d’Olonne, l’île d’Yeu), plus marginalement pavillons étrangers.
Les impacts de ce projet, conduisant à la privatisation pure et simple de plusieurs centaines de kilomètres carrés, sont lourds de conséquences pour le secteur de la pêche et en particulier pour les pêcheurs morbihannais situés au plus près des zones concernées par les futures interdictions. En outre, les perturbations du milieu marin provenant d’une dégradation de la qualité de l’eau, à la fois lors de la phase de travaux, via la remise en suspension de particules fines, et en phase d’exploitation, via la présence des anodes sacrificielles, sont largement minimisées et aucunement assimilable à un simple phénomène de turbidité de l’eau.
Il est surprenant que le Comité régional des pêches de Bretagne se satisfasse à ce stade des quelques arguments avancés par la Commission nationale du débat public au sujet de l’autorisation du maintien de la pêche au sein du parc qui dépendrait « des risques identifiés suite à une analyse détaillée de l’impact potentiel du projet sur les activités ». Les propos tenus par sa représentante, lors de la réunion dite de proximité de Quiberon le 26 octobre 2020 étaient si édifiants, qu’on a pu croire un instant que son intervention, très calibrée, avait été dictée par le représentant du ministère de la Transition écologique. S’agissant d’une réunion tenue en catimini, en quasi-huis-clos et hors la présence de ses collègues pêcheurs quiberonnais, ces propos teintés d’arrogance et tenus en toute fin de séance devant un cercle très restreint, éclairent sur le degré de sincérité et de transparence dans les débats.
Il est évident que l’implantation des deux parcs éoliens va se traduire par l’interdiction de la pêche sur plusieurs centaines de Km2 qui viendront s’ajouter aux nombreuses autres contraintes dans cette zone. En dépit du souhait affiché « d’assurer l’organisation des usages maritimes et leur sécurité dans et aux abords immédiats d’un champ éolien en mer.., la France ayant pour objectif de favoriser autant que possible la compatibilité des usages en mer, y compris au sein des parcs éoliens en mer en phase d’exploitation, dans les limites permises par la sécurité de la navigation maritime », la préservation des secteurs les plus fréquentés par les bateaux de pêche et présentant une grande richesse halieutique, n’est aucunement garantie pour l’activité de pêche et les métiers de la ligne (ligneurs et palangriers). Pour d’évidentes raisons de sécurité, l’exploitant et les autorités maritimes limiteront l’accès à ces zones et se réfugieront derrière le principe de précaution.
L’activité de pêche à pied professionnelle, présente sur la grande majorité du littoral du Morbihan, et la pêche à pied à la telline réglementée, sur une portion du littoral qui s’étend de la ria d’Étel à l’isthme de Penthièvre, seront tout autant impactées. Les travaux de raccordement à l’atterrage interféreront en effet avec ces deux activités et il est d’ores et déjà prévu qu’en phase de travaux, la zone d’implantation du projet à l’atterrage sera interdite à la pratique de la pêche à pied.
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