Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
A464 • Ce projet révélateur d’une gabegie doit être stoppé, quitte à le réévaluer dans un cadre de gestion structuré
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Gabegie : désordre résultant d'une mauvaise administration ou gestion (origine scandinave : gabb).
1/ L'empreinte carbone et GES de l'électricité française est parmi les "best of class" mondiaux. Mais ce ne serait pas assez ! Ce projet coûteux sort d'un principe de bonne gestion simple, la loi des 80/20 de Pareto.
2/ Le contribuable français et européen que je suis préfère donc contribuer à :
- remplacer des millions de vieilles chaudières au fuel (par gaz ou PAC) et rénover les passoires thermiques ;
- décarboner l'électricité polonaise, quitte à subventionner ses achats de centrales nucléaires Westinghouse, sachant que la politique menée depuis 40 ans en France pourrait nous conduire à acheter des centrales nucléaires chinoises avant 2035 (cf. rapports Folz et Cour des comptes sur la compétence FR) ;
- prolonger les centrales nucléaires françaises - sachant que l'eau des rivières reste abondante en hiver quand la demande est la plus forte et en construire de nouvelles mieux situées (avec ce qu'il sera resté de notre savoir-faire industriel).
3/ Le retour sur investissement du MWh produit sera médiocre.
Les éoliennes offshores produisent en moyenne au mieux 40% de leur puissance nominale.
4/ La fabrication d'éoliennes consomme des métaux et matériaux dont certains sont contrôlés par des puissances étrangères ou produits sans respect de la dignité humaine (conditions de travail) ou l'environnement.
5/ L’argument de la création d'emplois ne tient pas.
Ce projet pourrait bénéficier à des groupes internationalisés, comme Bouygues (béton), Schneider (automatismes) ou Nexans (câbles) ; en ont-ils vraiment besoin pour continuer à innover ? Les éoliennes viennent de Chine ou d’Allemagne. La maintenance créera au mieux quelques centaines d'emplois en France.
6/ Sont en revanche inéluctables : une dégradation de l'attractivité touristique locale ; d'autres retombées économiques négatives (navigation, pêche) ; des atteintes à la faune et la flore locales. Ces risques ont-ils été correctement appréciés et évalués ? A minima leur gestion est-elle conforme au droit ?
7/ Les nuit non ventées il faudra compenser encore longtemps, à choisir entre du nucléaire (qui fait l'objet d'un tabou FR et EU) et des énergies fossiles, puisque le stockage batterie n'est pas capable d'encaisser le besoin et que l'on ne mise pas sur les meilleures filières hydrogène. Ce projet s'inscrit donc dans une démarche mal étayée conduisant à l'impasse environnementale, avec en prime d'une dépendance géostratégique (gaz russe, charbon polonais ou allemand).
8/ Il faut donc beaucoup plus de cohérence dans la démarche et un travail structuré de prospective voire planification, comme le tente vaillamment Theshiftproject (un peu seul en la matière).
9/ Les objectifs de réduction de GES devraient être modulés en fonction du "legacy" de chaque membre de l'UE (la France n'est pas la Pologne que les soviétiques avaient interdit de sortir du charbon). Je reviens à la loi de Pareto et un peu de bon sens organisationnel.
10/ Il faut espérer que les équipements de connexion au réseau étaient à la charge du contribuable (via RTE) et non du producteur ce serait une distortion grave de concurrence.
11/ On peut s’étonner du décalage persistant entre l'énergie déployée pour démanteler les actifs de production électrique français (un des derniers fleurons issus des 30 Glorieuses) et la légèreté de la préparation d'un plan de réduction des GES. La France s'alignant sur des zones voisines comme le pourtour méditerranéen ou la sphère d'influence allemande, qui n'ont pas notre structure énergétique. Cela s'est déjà traduit par une fièvre acheteuse de panneaux solaires (dont la Chine produit 80%) ; notre gouvernement a souhaité que la France revienne sur des promesses faites à des investisseurs dans ce domaine, et sur des contrats signés par l'Etat. Quelle pleutrerie ! Que dire du sérieux de la stratégie et la crédibilité de la signature française dans le domaine énergétique ?
12/ EN CONCLUSION
Si risque il y a à ne rien faire ou à mal faire, les décideurs politiques FR et EU doivent apporter aux citoyens et leurs représentants des gages de transparence et de bonne gestion accrus à divers égards.
Compte tenu des enjeux sécuritaires et économiques en jeu, une autorité indépendante de puissance au moins comparable à l'ASN pourrait aider à remettre en ordre une politique actuellement déficiente, dont ce projet apparaît emblématique à mes yeux.
Je crois qu’il faut le stopper, quitte éventuellement à le requalifier dans le cadre d'une démarche stratégique et une gouvernance beaucoup mieux structurée.
Ses caractéristiques, en l'état, apparaissent contre productives au regard des objectifs environnementaux poursuivis ; mal ajustées au plan économique ; génératrices de dépendances géostratégiques et économiques, et même déficientes au regard de règles éthiques internationales.
Adopter un tel projet donnerait de plus un signal pour accélérer et renforcer la gabegie. C'est totalement inacceptable.
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