Débat public - Éoliennes flottantes au sud de la Bretagne
Des éoliennes flottantes au sud de la Bretagne : discutons-en !
Publié
1/ Le projet:
Je me pose la question de la pertinence de ce projet industriel énorme, au coût faramineux, alors qu'il nous manque encore beaucoup de connaissances techniques et environnementales pour trouver une vraie solution de remplacement aux énergies fossiles et au nucléaire sans créer de gros dégâts collatéraux.
En effet, on nous fait croire que nous sommes dans une démarche de durabilité (la vie des éoliennes, 25 ans au maximum, est très courte) alors que certains composants comme les pales des éoliennes ne sont pas recyclables à ce jour.
Ce projet n'est pas non plus au service de la transition énergétique car à ce jour, la fabrication des éoliennes nécessite l'utilisation d'énergies fossiles pour l'extraction des minéraux utilisés dans leurs composants (terres rares provenant en majorité de Chine, mais aussi d'Amérique latine, d'Afrique de l'Est...). Sans oublier les câbles électriques (en cuivre) et le béton utilisé sur l'ensemble du projet.
Le cuivre (qui d'ailleurs se raréfie) est, entre autres, extrait au Chili dans des mines à ciel ouvert en utilisant des centrales à charbon (7 centrales + une 8ème en construction, toutes exploitées par...ENGIE!) dont la pollution par les particules fines a augmenté le taux de cancer du poumon dans ce pays, atteignant même de jeunes adultes...sans parler des émissions de CO2 qu'elles produisent.
Si effectivement, grâce à l'éolien, nous émettons moins de CO2 chez nous, ce n'est pas le cas dans les pays où les minerais sont extraits. De plus, la pollution générée par cette extraction oblige les riverains des exploitations à quitter leur logement et de fait, leur emploi. Les terres agricoles deviennent inexploitables à cause des dépôts de poussières toxiques générées par le transport de ces minéraux. Les conditions dans lesquelles travaillent les employés sont également inhumaines.
Comment oser affirmer que nous agissons pour la planète dans de telles conditions et se satisfaire de cette situation?
Ce serait aux pays les plus pauvres de payer pour notre confort et pour notre soi-disant « bonne conduite » en terme d'empreinte carbone ? Alors oui pour une transition, mais pas à ce prix !
Les entreprises qui se disputent ce projet sont de grosses entreprises privées qui bénéficieront d'aide publiques. Elle pensent plus à leurs actionnaires que du devenir de notre planète et de leurs habitants. On en a assez de leur cynisme.
Pour débattre et prendre des décisions objectives, il nous faudrait en tout premier lieu, un bilan carbone, environnemental et humain complet de la conception à la réalisation puis à la pose des éoliennes, en intégrant l'exploitation des minerais et toutes les installations périphériques (chambres d'atterrage, poste de décompensation et poste de raccordement etc...). Je m'étonne de ne voir aucun document de ce type dans les présentations et documents techniques.
La zone d'atterrage est un autre souci car presque toute la côte sélectionnée est protégée.
Pourquoi ne pas attendre l'expérience du projet pilote pour juger s'il est judicieux de faire une telle installation et pour mieux mesurer les conséquences d'un tel projet ? Pourquoi ne pas privilégier dans un premier temps des projets citoyens sur de plus petits territoires, et orienter la recherche sur une utilisation de matériaux moins délétères ?
Par ailleurs, il est urgent de réaliser un vrai travail sur la façon de faire des économies d'énergie, premier volet des actions à entreprendre pour décarboner notre atmosphère.
Malheureusement, l'état est plus occupé à promouvoir la G5 ou les grosses voitures électriques, très consommatrices d'électricité.
On se demande si la volonté de nos gouvernants est réellement de faire des économies, et s'ils souhaitent honnêtement s'affranchir du nucléaire alors que notre Président continue d'affirmer son amour pour le nucléaire (https://reporterre.net/Les-contre-verites-d-Emmanuel-Macron-sur-le-nucleaire) et que la construction de 2 EPR en Normandie semble se préciser!!
2/ le débat:
Ce débat a été tronqué dès le départ (5 mois alors que d'autres ont bénéficié de 6 mois).
Ensuite, le Finistère Sud a pris connaissance de ce débat très tard, souvent par le bouche à oreille, ce qui est mon cas.
La COVID n'a pas arrangé les choses, réduisant les débats à des présentations sur internet sachant que beaucoup ne peuvent ou ne souhaitent pas s'inscrire sur ce support. De nombreux participants ont demandé une prolongation du débat, mais cela semble être resté lettre morte.
Mais le plus choquant est que la seule question réellement portée au débat est celle du positionnement du parc alors même qu'aucune étude d'impact environnemental sur chaque zone proposée n'a été réalisée puisque « À ce niveau d’avancement, les caractéristiques du projet ne sont pas connues, il n’est donc pas possible d’évaluer un impact mais seulement d’estimer un risque d’effets du projet sur l’environnement. »(fiche9.1). Je n'ai donc pas répondu à cette question qui est prématurée.
Mais il semblerait que les emplacements soient pratiquement choisis. Alors, arrêtons de nous faire croire que notre avis sera entendu !
J'aurais préféré qu'on débatte de l'opportunité même de ce projet, de sa réelle nécessité, et de la place que le citoyen pourrait y prendre, au sein du comité de pilotage et pourquoi pas dans son financement.
C'est un vrai débat de fond et non de forme qu'il aurait fallu en amont, car je sais que la Bretagne a besoin de plus d'indépendance énergétique.
Entre le monde des « Amish » et celui des technologies inutiles et dépensières en énergie, il y a peut être un espace nouveau à découvrir qui nous permettra de changer vraiment de paradigme ! Voilà un débat passionnant à organiser...
Dans l'état actuel des choses, je dis non à ce projet gigantesque qui peut être consommera plus d'énergie qu'il n'en produira. Je crains également qu'il ne crée plus de problèmes qu'il n'en résoudra.
Je vous remercie
Véronique Pellissier
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