Débat public - Eoliennes en mer Nouvelle-Aquitaine
#EolMerNA Projet de parcs éoliens au large de l’île d’Oléron
Q41 • Quels véritables apports ?
Réponse publiée
Question reçue lors de la réunion publique de La Rochelle :
Quelle mesure d'efficacité de l'environnement dans ce parc par rapport à d'autres scénarios (autres énergies non carbonées).
Et des subventions massives de rénovation des parcs de logements locatifs (bailleurs, particulier, HLM) ?
Comment prouver que ce parc sera plus efficace en quantité d'énergie produite et rapport énergie/investissement qu'une économie sur le chauffage via l'isolation thermique ?
Quelle part de ce parc représente-t-il sur les objectifs quantifiés de 2050 ?
Réponse officielle :
Résumé :
Le parc éolien permettrait de produire une quantité importante d’électricité décarbonée et ainsi éviterait l’émission de gaz à effet de serre en France et en Europe.
Le développement des énergies renouvelables telles que l’éolien en mer se fait en complément d’une action nationale pour l’efficacité énergétique. Ces deux piliers (développement du renouvelable et recherche d’efficacité énergétique) sont en effet nécessaires à la transition énergétique et l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.
Cette action sur l’efficacité énergétique permettra de faire des progrès dans la consommation d’énergie. Toutefois, l’électrification de nombreux usages (pour se substituer au recours aux énergies fossiles) devrait mener à une hausse globale de la demande en électricité dans les décennies à venir. Pour répondre à cette hausse, il est nécessaire de diversifier le mix électrique et d’installer de nouvelles unités de production d’électricité renouvelable variées, comme l’éolien en mer.
Développement :
Quelle mesure d'efficacité de l'environnement dans ce parc par rapport à d'autres scénarios (autres énergies non carbonées) ?
· Les parcs éoliens en mer permettent de produire une grande quantité d’électricité décarbonée et ainsi évitent l’émission de gaz à effet de serre.
Les parcs éoliens permettent de produire une quantité importante d’électricité décarbonnée.
Le facteur de charge[1] des parcs éoliens en mer sont supérieurs en moyenne à ceux des autres énergies renouvelables. Les parcs éoliens en mer produisent notamment plus que les parcs éoliens terrestre car le vent est plus fort et plus régulier en mer qu’à terre.
La quantité d’émissions de CO2 évitée grâce au parc éolien en mer en Sud Atlantique a été estimée à partir d’un facteur de charge de 40%.
Grâce aux interconnexions mises en place en France et en Europe, le développement des énergies renouvelables en France conduit à une diminution globale des émissions de CO2 du système électrique : la production éolienne se substitue souvent à de la production thermique existante en France, ou à l’étranger quand la France exporte son électricité. Ainsi lorsqu’une éolienne fonctionne, son électricité se substitue pour 71 % à de l’électricité produite par des centrales thermiques utilisant des combustibles fossiles situées en France et à l’étranger[12].
Le projet d’éolien en mer en Sud-Atlantique est complémentaire aux autres énergies renouvelables déjà développées. Si le projet éolien en mer n’était pas réalisé, et afin de conserver les ambitions nationales et régionales de transition énergétique, les objectifs d’installation d’autres énergies renouvelables et de baisse de la consommation devront être revus à la hausse alors même que ces trajectoires atteignent déjà leurs limites en termes d’acceptabilité et de possibilités foncière et technique.
Concernant l’éolien terrestre, l’objectif de la Région Nouvelle-Aquitaine est de multiplier les capacités installées par 2,5 d’ici 2030 par rapport à celles installées en 2020[17]. La puissance unitaire des éoliennes terrestres augmente grâce aux progrès technologiques, ce qui permettra de mettre moins d’éoliennes pour un même objectif de puissance installée. Si le projet éolien en mer ne se faisait pas, cet objectif pour l’éolien terrestre, déjà ambitieux, pourrait difficilement être revu à la hausse pour des raisons d’acceptabilité territoriale et patrimoniale.
De même, l’objectif de la Région pour le photovoltaïque est une multiplication des capacités installées par 2,5 en 2030 par rapport à 2020. Ce volume peut difficilement être augmenté sans affecter l’occupation des sols et saturer les toitures pouvant accueillir des panneaux solaires.
En outre, peu de marges existent pour développer l’hydroélectricité au-delà des aménagements déjà très importants, notamment dans la vallée d’Ossau. Les centrales de puissance élevée ont été mises en service sur des sites à fort potentiel dans le courant du XXe siècle. Seules quelques installations de faible puissance ont été mises en service ou redimensionnées récemment. Ces optimisations d’ouvrages existants ne sont pas en mesure de produire la même quantité d’électricité qu’un parc éolien en mer posé dont la puissance serait fixée entre 500 MW et 1 GW.
Quant aux autres énergies marines renouvelables (hydrolien, houlomoteur…) elles sont à un stade de développement moins avancé que l’éolien en mer et leur gisement ne permet pas une production électrique en quantité similaire à celle issue de l’éolien en mer.
Au-delà des énergies renouvelables, la Nouvelle-Aquitaine accueille deux centres nucléaires de production d’électricité (CNPE). Le CNPE du Blayais, situé en bordure de l’estuaire de la Gironde à 50 km au nord de Bordeaux, est constitué de 4 réacteurs à eau sous pression d’une puissance unitaire de 900 MW, mis en service entre 1981 et 1983. Ce CNPE fait partie des centrales citées dans la programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028 qui seraient concernées par d’éventuels arrêts de paires de réacteurs. Le CNPE de Civaux, situé sur les berges de la Vienne à 30 km au sud de Poitiers, comprend 2 réacteurs à eau sous pression d’une puissance unitaire de 1 450 MW, mis en service en 1997 et 1999.
L’Autorité de sûreté nucléaire recommande[13], pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, que les critères de choix du site d’implantation tiennent compte des risques d’origine naturelle ou industrielle pesant sur l’installation du fait de son environnement. La Programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028 prévoit que le gouvernement conduise avec la filière nucléaire un programme de travail afin de permettre une prise de décision sur le lancement d’un éventuel programme de construction de nouveaux réacteurs. Ce programme de travail comprendra notamment les études permettant de choisir les sites d’implantation de nouveaux réacteurs[14].
Et des subventions massives de rénovation des parcs de logements locatifs (bailleurs, particulier, HLM) ? Comment prouver que ce parc sera plus efficace en quantité d'énergie produite et rapport énergie/investissement qu'une économie sur le chauffage via l'isolation thermique ?
· L’amélioration de l’efficacité énergétique, dont la rénovation thermique des bâtiments est l’un des enjeux, est au cœur de la politique de transition énergétique en France.
L’amélioration de l’efficacité énergétique est un axe majeur de la politique de transition énergétique de la France, qui s’est donnée comme objectif la baisse de 50% de la consommation finale d’énergie entre 2012 et 2050 et de 20 % d’ici 2030. Cet objectif va de pair avec celui de la décarbonation de l’économie, avec comme objectif une baisse de 40% des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030 et la neutralité carbone d’ici 2050.
En ce qui concerne la rénovation énergétique des bâtiments, la France s’est dotée d’un plan représentant 14 milliards d’euros de soutien public en investissement et en primes alloués d’ici 2022, complétés par plus de 5 milliards d’euros de certificats d’économie d’énergie directement utilisés pour financer des travaux de rénovation énergétique.
· La transition énergétique implique une hausse de la demande en électricité.
L’amélioration de l’efficacité énergétique n’est toutefois pas suffisante pour atteindre les objectifs que s’est fixé la France en matière de transition énergétique. Afin de décarboner l’économie, de nombreux secteurs, tels que les transports, l’industrie et le bâtiment, vont devoir basculer vers l’électricité – à la place des énergies fossiles. Par exemple, l’électricité pourra être utilisée à la place d’énergie fossile dans le chauffage des bâtiments, dans le parc de véhicules électriques ou encore permettre la production d’hydrogène décarbonée.
Ainsi, même si l’efficacité énergétique aura un effet baissier sur la consommation d’électricité, celui-ci sera plus que compensé par l’effet haussier de l’électrification des usages et du remplacement des énergies fossiles.
À la faveur de cette électrification des usages, une augmentation de la consommation d’électricité est attendue par RTE d’ici à 2050. Selon le scénario de référence de RTE[15], qui prend en compte des progrès d’efficacité énergétique et une électrification progressive des usages dépendant pour le moment des énergies fossiles, la consommation électrique française en 2050 devrait être de 645 TWh, soit 1,4 fois la consommation de 2020 (460 TWh). RTE envisage diverses variantes pour les trajectoires de consommation à l’horizon 2050 mais toutes prévoient une hausse de la consommation d’électricité. Ces variantes vont de 550 TWh (1,2 fois la consommation de 2020) pour un scénario de sobriété, à 770 TWh (1,67 fois la consommation de 2020) pour un scénario reposant sur un fort développement de l’hydrogène.
· Il est nécessaire de développer des énergies renouvelables pour répondre à cette demande.
Pour répondre à cette hausse de la demande en électricité, tout en respectant l’objectif de neutralité carbone en 2050 fixé par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), il est nécessaire de développer des moyens de production électriques à faible émission de gaz à effet de serre. Etant donné que la construction de centrales nucléaire est longue, et que les capacités en hydroélectricité sont limitées, il est nécessaire de développer des énergies renouvelables.
Quelle part de ce parc représente-t-il sur les objectifs quantifiés de 2050 ?
La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) portant sur la période 2019-2028 indique qu’en 2050, la consommation d’électricité pourrait-être de 580 à 610 TWh. La PPE ne précise pas la nature du mix électrique à cette échéance (répartition de la production entre les différentes énergies).
La production annuelle du parc éolien en mer faisant l'objet du présent débat public a pu être estimée en considérant un facteur de charge[16] de 40%. Cette production dépend de la puissance installée du ou des parcs.
[1] Le facteur de charge est le ratio entre la quantité d’électricité produite sur une période de temps données, par rapport à la quantité d’électricité qui aurait été produite si l’installation avait fonctionné à pleine puissance pendant toute la durée donnée
[2] Pour cette ligne, les chiffres, pour toutes les filières excepté pour les centrales nucléaires et l’éolien en mer, sont issus de la base carbone ADEME, qui estime les émissions de chaque mode de production à partir de la base de données européenne ELCD : https://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?renouvelable.html
[3] Hors démantèlement et fin de vie des ouvrages. Source : Climate Change 2014: Mitigation of Climate Change.Contribution of Working Group III to the Fifth Assessment Report o the Intergovernmental Panel on Climate Change, GIEC, 2014, p.1335 : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ipcc_wg3_ar5_full.pdf ; et Programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028, p.142 : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Programmation%20pluriannuelle%20de%20l%27e%CC%81nergie.pdf
[4] Les évaluations données pour l’éolien en mer sont fondées sur les études réalisées pour les six premiers projets français de parc éoliens en mer de puissance 500 MW chacun.
[5] Source : bilan électrique RTE 2020, p.30 : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-03/Bilan%20electrique%202020_0.pdf et https://www.rte-france.com/actualites/bilan-electrique-francais-2020
[6] Source : RTE pour 2018 et 2019 : https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/nucleaire/ et https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/ synthese-les-faits-marquants-de-2019/
[7] Ces pourcentages représentent la part d’électricité produite par rapport à la capacité installée, entre 2018 et 2020. Ce ratio est en baisse en 2020 en comparaison avec les années précédentes, ce qui s’explique par la hausse des indisponibilités (programmées et fortuites) des centrales et par la crise sanitaire liée à la COVID-19 (qui serait responsable d’une perte de 6 points de pourcentage du facteur de charge).
[8] Facteur de charge de l’énergie éolienne en mer installée en Europe en 2020. Source : “Wind energy in Europe 2020 Statistics and the outlook for 2021-2025 ?” Wind Europe, p.20 : https://windeurope.org/intelligence-platform/product/wind-energy-in-europe-in-2020- trends-and-statistics/
[9] Facteur de charge de l’énergie éolienne terrestre installée en France en 2020. Source : Bilan électrique 2020 RTE, p.52 : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-03/Bilan%20electrique%202020_0.pdf
[10] Facteur de charge de l’énergie photovoltaïque installée en France en 2020. Source : Bilan électrique 2020 RTE, p.56 : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-03/Bilan%20electrique%202020_0.pdf
[11] Facteur de charge de l’hydroélectricité installée en France en 2020, calculé à partir des chiffres du Bilan électrique 2020 RTE : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-03/Bilan%20electrique%202020_0.pdf
[12] Artelys (mai 2020) Evaluation des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables électriques, p.60. Disponible à : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Artelys_R20108_Rapport_final.pdf [Consulté le 07/10/2021]
[13] Avis n° 2019-AV-0329 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 16 juillet 2019 relatif au dossier d’options de sûreté présenté par EDF pour le projet de réacteur EPR nouveau modèle (EPR NM) et à son évolution de configuration
[14] Programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028, p. 163 : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Programmation%20pluriannuelle%20de%20l%27e%CC%81nergie.pdf
[15] Futures énergétiques 2050 – Bilan de la phase I : https://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/pdf-actualites/bilan_phase1_BP50_Re%CC%81sume%CC%81%20exe%CC%81cutif.pdf
[16] Le facteur de charge désigne le ratio entre la production réelle d’énergie sur une période donnée, par rapport à quantité totale d’énergie qui aurait pu être produite si le parc avait produit de l’énergie à puissance maximale à chaque instant de la période donnée.
[17] Rapport d’objectifs du SRADDET, 2019, p.47 : https://participez.nouvelle-aquitaine.fr/processes/SRADDET/f/182/
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