Débat public - Eoliennes en mer Nouvelle-Aquitaine
#EolMerNA Projet de parcs éoliens au large de l’île d’Oléron
Q96 • Pourquoi pas d'autres formes d'énergies et Oléron ? Quels impacts ? - Réunion Saint Georges d'Oléron
Réponse publiée
Question reçue lors de la réunion publique de Saint Georges d'Oléron, 2/10 :
Pourquoi pas d'autres formes d''énergies (ex solaire) ?
Pourquoi le parc juste devant l'île d'Oléron ? Tourisme ?
Quel impact sur la côte ?
Réponse officielle :
Pourquoi pas d'autres formes d''énergies (ex solaire) ?
· Les avantages directs d’un parc éolien en mer posé dans le mix énergétique
Les parcs éoliens en mer permettent la production d’une énergie peu émettrice de gaz à effet de serre tout au long de son cycle de vie, et participe à l’atteinte des objectifs de transition énergétique de la France
Ils permettent une importante production d’électricité : les vents sont plus forts et réguliers en mer que sur terre et les éoliennes sont plus grandes et plus puissantes.
L’électricité produite est compétitive : l’éolien en mer affiche des coûts de production à la baisse et des prix proches de ceux du marché.
L’éolien en mer posé est une technologie mature : l’éolien en mer bénéficie d’un important retour d’expérience en Europe et d’une filière industrielle française de pointe.
· Le projet éolien en mer en Sud-Atlantique est complémentaire des autres énergies renouvelables
Le projet d’éolien en mer en Sud-Atlantique est complémentaire aux autres énergies renouvelables déjà développées. Si le projet éolien en mer n’était pas réalisé, et afin de conserver les ambitions nationales et régionales de transition énergétique, les objectifs d’installation d’autres énergies renouvelables et de baisse de la consommation devront être revus à la hausse alors même que ces trajectoires atteignent déjà leurs limites en termes d’acceptabilité et de possibilités foncière et technique.
Concernant l’éolien terrestre, l’objectif de la région Nouvelle-Aquitaine est de multiplier les capacités installées par 2,5 d’ici 2030 par rapport à celles installées en 2020[1]. La puissance unitaire des éoliennes terrestres augmente grâce aux progrès technologiques, ce qui permettra de mettre moins d’éoliennes pour un même objectif de puissance installée. Si le projet éolien en mer ne se faisait pas, cet objectif pour l’éolien terrestre, déjà ambitieux, pourrait difficilement être revu à la hausse pour des raisons d’acceptabilité territoriale et patrimoniale.
De même, l’objectif de la région pour le photovoltaïque est une multiplication des capacités installées par 2,5 en 2030 par rapport à 2020. Ce volume peut difficilement être augmenté sans affecter l’occupation des sols et saturer les toitures pouvant accueillir des panneaux solaires.
En outre, peu de marges existent pour développer l’hydroélectricité au-delà des aménagements déjà très importants, notamment dans la vallée d’Ossau. Les centrales de puissance élevée ont été mises en service sur des sites à fort potentiel dans le courant du XXe siècle. Seules quelques installations de faible puissance ont été mises en service ou redimensionnées récemment. Ces optimisations d’ouvrages existants ne sont pas en mesure de produire la même quantité d’électricité qu’un parc éolien en mer posé dont la puissance serait fixée entre 500 MW et 1 GW.
Quant aux autres énergies marines renouvelables (hydrolien, houlomoteur…) elles sont à un stade de développement moins avancé que l’éolien en mer et leur gisement ne permet pas une production électrique en quantité similaire à celle issue de l’éolien en mer.
Au-delà des énergies renouvelables, la Nouvelle-Aquitaine accueille deux centres nucléaires de production d’électricité (CNPE). Le CNPE du Blayais, situé en bordure de l’estuaire de la Gironde à 50 km au nord de Bordeaux, est constitué de 4 réacteurs à eau sous pression d’une puissance unitaire de 900 MW, mis en service entre 1981 et 1983. Ce CNPE fait partie des centrales citées dans la programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028 qui seraient concernées par d’éventuels arrêts de paires de réacteurs. Le CNPE de Civaux, situé sur les berges de la Vienne à 30 km au sud de Poitiers, comprend 2 réacteurs à eau sous pression d’une puissance unitaire de 1 450 MW, mis en service en 1997 et 1999.
L’Autorité de sûreté nucléaire recommande[2], pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, que les critères de choix du site d’implantation tiennent compte des risques d’origine naturelle ou industrielle pesant sur l’installation du fait de son environnement. La Programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028 prévoit que le gouvernement conduise avec la filière nucléaire un programme de travail afin de permettre une prise de décision sur le lancement d’un éventuel programme de construction de nouveaux réacteurs. Ce programme de travail comprendra notamment les études permettant de choisir les sites d’implantation de nouveaux réacteurs[3].
Pourquoi le parc juste devant l'île d'Oléron ?
· La zone d’étude pour le premier parc découle d’un travail de planification et de concertation mené à l’échelle de la façade Sud-Atlantique
La zone d’étude pour le premier parc soumise au débat public se situe dans la macro-zone de potentiel éolien identifiée par le document stratégique de façade (DSF) élaboré par l’État en concertation avec les acteurs de la mer et du littoral[4].
La zone d’étude en mer soumise au débat public comprend la zone préférentielle de 120 km² identifiées lors des concertations de 2015 et 2017 pour un projet éolien de 600 MW maximum. La zone d’étude en mer soumise au débat public est plus large que l’ancienne zone préférentielle afin, d’une part, de répondre aux objectifs plus ambitieux fixés par la programmation pluriannuelle de l’énergie (500 à 1000 MW) et, d’autre part, de donner une latitude plus importante au public dans le choix de l’emplacement du projet.
La zone d’étude en mer portée au débat public prend en considération les attentes des usagers majoritairement présents dans cette zone : la pêche, le trafic maritime et les activités de défense nationale. L’impact paysager potentiel depuis l’île d’Oléron a également été pris en compte.
La zone d’étude pour un premier parc prend également en compte les enjeux environnementaux. Elle exclut ainsi une zone à fort risque d’effets pour les puffins des Baléares, espèce protégée emblématique de la région. La zone prend également en compte le risque de covisibilité du parc éolien depuis le phare de Cordouan, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
· Une zone techniquement propice à l’accueil de l’éolien posé
Le DSF identifie une macro-zone de potentiel éolien en mer posé au nord de la façade Sud-Atlantique. Cette macro-zone a été déterminée aux regards :
- de la bathymétrie (profondeur des fonds) adaptés la technologie de l’éolien posé : la profondeur ne n’excède pas les 60 m jusqu’à 40 km des côtes,
- du potentiel éolien, avec des vents forts et réguliers, d’une vitesse moyenne supérieure à 8 m/s à 100 m de hauteur.
D’un point de vue technico-économique, les éoliennes en mer qui pourront être développées sur la façade Sud-Atlantique doivent s’inscrire dans la macro-zone de potentiel identifié par le DSF.
Tourisme ?
L’impact d’un parc éolien sur le tourisme dépend de plusieurs critères : la distance du parc vis-à-vis des côtes ainsi que sa visibilité, son inscription dans une politique environnementale cohérente, le profil de touriste (âge, nationalité, attentes), ainsi que les activités de loisirs associées qui sont proposées.
· Les études ne prouvent pas d’impacts négatifs des parcs éoliens sur le tourisme. Au contraire, ceux-ci permettent de le développer et de le diversifier.
Une étude d’expérimentation des choix a été entreprise en 2013 dans la région du Languedoc-Roussillon[5], afin d'obtenir les préférences des touristes vis-à-vis des parcs éoliens en mer situées à différentes distances du rivage.
Les conclusions de cette étude sont les suivantes : les préférences des touristes sont très variables et dépendent de caractères sociologiques et démographiques des individus. Il n’y a toutefois pas de preuve que les parcs éoliens auraient des conséquences négatives sur le tourisme. Au contraire, l’étude montre que des parcs situés à plus de 12km des côtes pourraient augmenter le nombre de visites touristiques dans le Languedoc Roussillon. Pour des parcs situés à partir de 5km des côtes, ils n’entraineraient pas de pertes en recettes touristes s’ils sont accompagnés d’une politique environnementale adéquate[6] et que les parcs éoliens sont associés avec des activités de loisirs.
Une autre étude de 2013[7], financée en partie par l’Union Européenne résume les impacts des parcs éoliens en mer sur le tourisme en mer Baltique. L’étude montre que ces effets sont faibles car les projets éoliens en mer sont de mieux en mieux acceptés. Il n’a pas de tendance selon laquelle les touristes éviteraient les zones avec des éoliennes en mer. Au contraire, les parcs bénéficieraient au tourisme, notamment par trois facteurs : l’attirance d’une partie de la population pour la technologie, les évènements qui peuvent être proposés aux touristes grâce à la présence du parc (visites éducatives, tour en bateau, etc…) et la contribution du parc à une protection active de l’environnement. . Ainsi, le parc bénéficierait au territoire en favorisant son l’attractivité économique et en développant un tourisme très compétitif. Selon l’étude, la présence d’un centre d’information est le facteur principal d’attractivité. Ainsi, le rapport note l’importance de mener des campagnes d’information et de communication qui bénéficient à l’acceptation des parcs éoliens.
· Les retours d’expériences de parcs aboutissent à des conclusions similaires
Les retours d’expériences des parcs danois et norvégiens n’observent aucune baisse de la fréquentation touristique, ni une réduction des tarifs de locations saisonnières des régions accueillant des parcs éoliens en mer au large de leurs côtes.
Si les retours d’expérience à grande échelle sont peu nombreux, les projets touristiques se multiplient autour des parcs existants ou en construction :
- Depuis les côtes anglaises, il est possible de visiter en navire de promenade le parc éolien en mer de New Rampion ou celui de Thanet.
- Des expériences similaires sont possibles en mer Baltique au large de l’Allemagne, de la Suède et du Danemark.
- Autre exemple, au Royaume-Uni, le centre d'accueil des visiteurs de l'un des premiers parcs éoliens offshore de Scroby Sands, en production depuis 2014, accueille 35000 visiteurs par an. Une sortie en bateau permet d’admirer la colonie locale de phoques et de visiter le parc éolien.
- Plus proche de nous, à Saint-Nazaire, où sera mis en service en 2022 le premier parc éolien en mer français, le musée EOL est dédié à l’éolien en mer. Il a accueilli l’année de son ouverture, en 2019, plus de 37 000 visiteurs.
Ainsi, comme l’ont montré les études citées ci-dessous, en Europe, le tourisme côtier est impacté favorablement par l’installation d’éoliennes en mer. La vitalité touristique d’un lieu dépend surtout de sa capacité à renouveler ses offres, dont la visite le cas échéant des champs éoliens, ses services et ses infrastructures urbaines.
· Les parcs éoliens créent une offre touristique nouvelle qui pourrait se déployer sur le territoire néo-aquitain.
Les parcs éoliens en mer peuvent s’inscrire directement dans une politique de diversification de l’offre touristique à travers le développement du tourisme industriel et de l’éco-tourisme. Le tourisme industriel peut se développer à terre, par des visites des usines de construction des composants des éoliennes (pales, turbines, etc.) mais aussi en mer par des circuits en bateau au sein du parc lui-même. De plus, le parc s’inscrit dans le développement d’un éco-tourisme, simple à développer et qui permet d’informer le tourisme sur les enjeux environnementaux.
Concrètement, un parc éolien en Nouvelle Aquitaine pourrait être l’occasion de sensibiliser la population et les touristes – qui sont déjà nombreux dans cette région – aux activités et usages de la mer. Le développeur éolien, qui serait en charge du développement, de la construction et de l’exploitation du parc, pourrait, en lien avec les collectivités locales, créer un lieu d’accueil du public pour faire connaître les énergies marines et l’importance de concilier l’ensemble des activités en mer afin de protéger cet espace naturel et sa biodiversité.
Quel impact sur la côte ?
Le retour d’expérience en Europe des parcs éoliens en mer déjà en fonctionnement montre que les éoliennes en mer n’ont pas d’impact (positif ou négatif) sur l’érosion du trait de côte.
L’étude d’impact menée pour le projet de parc éolien au large de des îles d’Yeu et de Noirmoutier (projet éolien en mer le plus proche de celui soumis au présent débat public en Sud-Atlantique) a montré que le parc éolien a un effet négligeable sur l’érosion côtière.
[1] Rapport d’objectifs du SRADDET, 2019, p.47 : https://participez.nouvelle-aquitaine.fr/processes/SRADDET/f/182/
[2] Avis n° 2019-AV-0329 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 16 juillet 2019 relatif au dossier d’options de sûreté présenté par EDF pour le projet de réacteur EPR nouveau modèle (EPR NM) et à son évolution de configuration
[3] Programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028, p. 163 : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Programmation%20pluriannuelle%20de%20l%27e%CC%81nergie.pdf
[4] Le DSF Sud-Atlantique est disponible ici : http://www.dirm.sud-atlantique.developpement-durable.gouv.fr/le-document-strategique-de-la-facade-dsf-sud-r521.html
[5] Westerberg, V., Jacobsen, J. B., Lifran, R. (2013). The case for offshore wind farms, articifial reefs and sustainable tourisme in the French mediterranean. Tourism Management, 34, p.172-183. Disponible à : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0261517712000866 [Consulté le 11/10/2021].
[6] L’étude explique que les municipalités doivent mettre en place une politique environnementale cohérente avec un parc éolien en mer, par exemple en développant les pistes cyclables, les transports en communs, en installant des panneaux photovoltaïques, et en réduisant ses consommations énergétiques. Plus largement, « l’éco-tourisme » doit être développé sur les côtes accueillant un parc éolien entre 5 et 12 km.
[7] Shiftung OFFSHORE-WINDENERGIE (2013) The Impct of Offshore Wind Energy on Tourisme : good practices and perspectives for the South Baltic region. Disponible à : https://www.yumpu.com/en/document/read/43862581/the-impact-of-offshore-wind-energy-on-tourism-stiftung- [Consulté le 11/10/2021]
Signaler un problème
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: