Débat public - Eoliennes en mer Nouvelle-Aquitaine
#EolMerNA Projet de parcs éoliens au large de l’île d’Oléron
Q100 • Quelle décision ? Est ce efficace ? Pour quels impacts ? - Réunion Saint Georges d'Oléron
Réponse publiée
Question reçue lors de la réunion publique de Saint Georges d'Oléron, 2/10 :
Qui aura le dernier mot ??? L'état, la région et la population ??
L'efficacité et l'optimisation de l'éolien // nucléaire ?
Parc naturel marin protégé -> l'éolien peut abimer tout cela ?
Est-ce que l'éventualité de la décroissance a été pris en compte ?
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage :
Résumé :
La décision de poursuite ou non du projet sera prise par l’État en tenant compte des conclusions du débat public.
Le facteur de charge d'une centrale nucléaire est compris entre 62 et 71% contre 42 % en moyenne pour l’éolien en mer. L’intermittence des éoliennes en mer doit être nuancée : les éoliennes fonctionnent pour des vitesses de vents comprises entre 10 et 125 km/h. Les éoliennes atteignent leur maximum de production avec des vents compris entre 40 et 100 km/h. Ainsi, étant donné les conditions de vent au large de l’île d’Oléron, les éoliennes seraient en mesure de produire de l’électricité, avec une puissance en sortie variable, au moins 85% du temps selon les premières estimations.
La zone portée au débat public se situe au sein du Parc naturel marin (PNM) de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis. Le projet de parc éolien en mer doit concilier, dans un souci de développement durable, les objectifs de la transition énergétique et ceux de préservation de la biodiversité. Le plan de gestion du PNM prévoit d’ailleurs le développement des énergies marines renouvelables. L’État et RTE seront particulièrement attentifs à la bonne prise en compte des enjeux relatifs à la biodiversité. L’association du public aidera à faire de ce projet une réussite en matière d’intégration environnementale.
Le développement des énergies renouvelables telles que l’éolien en mer se fait en complément d’une action nationale pour la sobriété énergétique. Ces deux piliers (développement du renouvelable et recherche de sobriété énergétique) sont en effet nécessaires à la transition énergétique et l’atteinte de la neutralité carbone en 2050. Cette action sur l’efficacité énergétique permettra de faire des progrès dans la consommation d’énergie. Toutefois, l’électrification de nombreux usages (pour se substituer au recours aux énergies fossiles) devrait mener à une hausse globale de la demande en électricité dans les décennies à venir. Pour répondre à cette hausse, il est nécessaire de diversifier le mix électrique et d’installer de nouvelles unités de production d’électricité renouvelable variées, comme l’éolien en mer ou du photovoltaïque.
Développement
La décision de poursuite ou non du projet sera prise par l’État en tenant compte des conclusions du débat public
Le débat public est l’occasion d’associer largement toutes les parties prenantes à l’élaboration d’un projet, à un stade où il existe encore de nombreuses marges de manœuvre. Il permet aux citoyens de s’informer et d’exprimer leur avis sur l’intérêt et les conséquences du projet afin d’éclairer la décision de la maîtrise d’ouvrage.
Le public est aujourd’hui invité à se prononcer sur :
• la puissance cible pour un premier parc éolien en Sud-Atlantique, comprise entre 500 et 1 000 MW ;
• l’opportunité d’un deuxième parc éolien de 1 000 MW maximum ;
• la localisation de ces deux parcs éoliens en mer ;
• la zone préférentielle de raccordement associé ; • les modalités d’intégration du projet au regard des enjeux présents dans la zone ;
• les attentes concernant l’information et la participation aux différentes étapes du projet ;
• le contenu du cahier des charges pour l’appel d’offres qui permettra de sélectionner le développeur éolien pour la construction, l’exploitation et maintenance, et le démantèlement du parc.
L’État partagera sa décision relative au projet dans les cinq mois suivant le débat public. En cas de poursuite du projet, cette décision précisera la zone retenue pour la procédure de mise en concurrence pour l’attribution d’un premier parc et la zone de raccordement associée. Elle pourra également le cas échéant prévoir un appel d’offres ultérieur, qui aura lieu après 2024, pour un deuxième parc et donc trancher sur l’opportunité de mutualiser le raccordement des deux parcs.
La concertation se poursuivra sous l’égide d’un garant désigné par la Commission nationale du, débat public (CNDP). RTE mènera en parallèle, sous l’égide du préfet, une concertation dite «Fontaine » pour aboutir au choix du fuseau de moindre impact pour le tracé des liaisons électriques sous-marines et souterraines et l’implantation des postes électriques en mer et à terre.
Comparaison du facteur de charge de l’éolien en mer et du nucléaire
Le facteur de charge est le rapport entre le nombre d’heures de fonctionnement en équivalent pleine puissance et le nombre d’heures de fonctionnement théorique dans l’année. En d’autres termes, il s’agit du ratio entre l’énergie que produit l’éolienne sur une période donnée et l’énergie qu’elle aurait produite durant cette période si elle avait constamment fonctionné à puissance nominale (c’est-à-dire la puissance la plus élevée qu’une unité de production peut délivrer).Pour une centrale nucléaire, le facteur de charge annuel moyen du parc nucléaire français est compris entre 62%[1] et 71%[2]. Ce facteur de charge dépend des arrêts de réacteurs (prévus ou fortuits)[3]. D’après EDF, un réacteur de 900 MW, modèle le plus représenté dans le parc français, produit environ 6 TWh d’électricité par an[4].
Selon WindEurope, les facteurs de charge annuels des parcs éoliens en mer en Europe en 2020 étaient compris entre 38 % et 42 %, selon la méthodologie utilisée[5]. En 2020, le facteur de charge moyen de l’ensemble des parcs en mer du Nord en fonctionnement était évalué à 42 %[6]. Les perspectives de facteurs de charge des parcs éoliens en mer en développement sont cependant nettement supérieures, de l’ordre de 60 % compte tenu des progrès technologiques et de la localisation des projets. Siemens-Gamesa, exploitant le parc éolien en mer de Hywind en Écosse, annonce même un facteur de charge record de 58 % pour l’année 2019.
L’éolien en mer est une énergie variable ; les éoliennes produisent de l’électricité lorsque la vitesse du vent est comprise entre 10 et 125 km/h et fonctionnent à puissance nominale (maximale) entre 40 et 100 km/h. Même entre 10 et 40 km/h, et entre 100 et 125 km/h, les éoliennes produisent de l’électricité sans être à puissance nominale : il y a un continuum entre une production nulle et la production nominale. Ainsi, étant donné les conditions de vent au large de l’île d’Oléron, les éoliennes seraient en mesure de produire de l’électricité, avec une puissance en sortie variable, au moins 85% du temps selon les premières estimations.
La quantité d’électricité produite chaque année par le parc éolien en mer dépend de :
- La capacité installée : la quantité maximale d’électricité qui peut être produite par le parc éolien en mer par seconde
- Le facteur de charge : le ratio entre la quantité d’électricité produite réellement sur une période donnée, et la quantité qui aurait pu être produite si le parc avait fonctionné à puissance maximale sur l’ensemble de la période donnée.
Ainsi, les quantités d’électricités produite par un parc éolien en Sud-Atlantique chaque année ont pu être estimée pour un facteur de charge de 40% avec le calcul suivant :
[Puissance installée] x [Facteur de charge] x [nombre de secondes par an (60x60x24x365,25)]
La production a été estimée pour trois scénarios : un parc de 500 MW, un parc de 1000 MW, et deux parcs de 1000 MW soit 2000 MW en tout. En effet, l’État propose au débat public un premier parc de 500 à 1000 MW, suivi d’un éventuel deuxième parc allant jusqu’à 1000 MW.
Les impacts potentiels d’un parc éolien sur le parc naturel marin
Le plan de gestion du Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis précise que les énergies marines renouvelables sont compatibles avec les enjeux de préservation des espèces, habitats et fonctions écologiques[7]. Comme tout projet susceptible d’impacter significativement le milieu marin du PNM, le projet éolien en Sud-Atlantique sera soumis à un avis conforme de l’Office français de la biodiversité (OFB), gestionnaire du parc. Un avis conforme doit être obligatoirement suivi par le demandeur (ici les futurs porteurs du projet éolien qui seront désignés à l’issue de la procédure de mise en concurrence).
Les caractéristiques du parc n’étant pas connues précisément à ce jour, il n’est pas possible de définir de façon exhaustive les impacts du projet. Les impacts sur l’environnement et l’ensemble des activités humaines seront précisés au fur et à mesure de l’avancement du projet, lorsque seront définies plus finement ses caractéristiques. Ces impacts seront notamment évalués dans une étude d’impact, nécessaire à l’obtention des autorisations du projet. La présence ou la proximité de sites Natura 2000 conduira à intégrer dans l’étude d’impact une évaluation des incidences sur les habitats et espèces fréquentant ces sites. Cette étude sera réalisée par le développeur éolien et RTE. Sur cette base, ils seront tenus de chercher, en le justifiant, à éviter, puis à réduire, et en dernier recours à compenser (ERC), les impacts du parc et de son raccordement sur l’environnement. L’étude d’impact et les mesures ERC envisagées par les porteurs de projet seront présentées au public lors d’une enquête publique.
À ce stade du projet, l’État et RTE se sont toutefois attachés à présenter les impacts potentiels d’un parc éolien en mer et de ses ouvrages de raccordement sur l’environnement à partir des retours d’expérience d’autres projets.
Les principaux impacts potentiels négatifs ou positifs sur l’environnement sont les suivants :
• L’introduction temporaire de bruit sous-marin lors des travaux qui peut gêner et blesser la faune marine, en particulier les mammifères ;
• Le risque de modification profonde et irréversible d’un habitat, d’une zone fonctionnelle pour une espèce qui utilisait auparavant la zone du parc pour ses fonctions vitales (nourrissage, reproduction, repos) ;
• La collision pour l’avifaune (oiseaux) et les chiroptères (chauve-souris) ;
• Le risque de barotraumatisme sur les chiroptères (changement brutal de pression de l’air engendré par le mouvement des pales provoquant des lésions internes) ;
• Le risque de créer un effet barrière si le parc représente un obstacle sur une voie de migration ;
• La modification et/ou la destruction d’habitats benthiques (fonds marins) à l’endroit où seront installés les éoliennes et les câbles sous-marins ;
• La diffusion de métaux issus des systèmes de protection anticorrosion (anodes sacrificielles) dans le milieu ;
• La perturbation d’espèces électrosensibles ou magnétosensibles via l’introduction de champ électromagnétique dans le milieu ;
• La colonisation des fondations des éoliennes et du poste en mer ou des protections externes des câbles sous-marins par divers organismes, dit « effet récif », et l’attraction de leurs prédateurs (dispositifs concentrateurs de poissons) ;
• Sous l’effet d’une protection, la densité de poissons pourrait augmenter au sein du parc et s’observer hors de la zone protégée (effet réserve).
Le débat public a notamment pour objectif de déterminer une zone préférentielle d’implantation du parc dans la zone d’étude. Ce premier exercice d’identification d’une zone préférentielle s’inscrit ainsi dans une démarche d’évitement des principaux impacts : le public est amené à se prononcer sur le meilleur emplacement du parc au regard notamment des enjeux environnementaux en présence (oiseaux, habitats, mammifères marins…). Une fois cette zone préférentielle définie, l’État engagera des études plus détaillées pour que le futur développeur puisse construire la démarche «éviter, réduire, compenser ». RTE engagera également des études approfondies sur la zone du raccordement, en coordination avec l’État.
Prise en compte de l’environnement et de la protection de la biodiversité
L’application de la démarche ERC doit permettre de limiter les impacts du parc éolien et de son raccordement sur la biodiversité. Dans une logique d’évitement, la zone de projet retenue à l’issue du débat public doit être de moindre effet pour la biodiversité. L’évaluation des incidences réalisée par le développeur éolien et RTE permettra ensuite de mettre en place diverses mesures pour limiter les impacts persistants. À titre d’exemple, on peut citer plusieurs mesures d’évitement et de réduction du bruit sous-marin lié aux travaux : planning des travaux adapté à la fréquentation de la zone par les mammifères, démarrage progressif ou installation de dispositifs de réduction du bruit (rideau de bulles, batardeau…). Des mesures peuvent également être mis en place pour réduire le risque de collision avec les oiseaux et les chauves-souris : dispositifs anti-perchoirs, effarouchement, voire bridage des turbines.
Grâce aux obligations de suivi des impacts, les projets éoliens en mer présentent également une opportunité pour améliorer la connaissance sur l’environnement marin.
La transition énergétique implique une hausse de la demande en électricité.
La sobriété énergétique est un axe majeur de la politique de transition énergétique de la France, qui s’est donnée comme objectif la baisse de 50% de la consommation finale d’énergie entre 2012 et 2050 et de 20 % d’ici 2030. Cet objectif va de pair avec celui de la décarbonation de l’économie, avec comme objectif une baisse de 40% des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030 et la neutralité carbone d’ici 2050.
Plusieurs politiques de sobriété énergétique sont développées dans la Stratégie Nationale Bas Carbone[8]. La réduction de la consommation énergétique passe par exemple, dans le secteur des transports, par une amélioration de la performance énergétique des véhicules, et par le report modal vers les modes les plus économes en énergie (transports en commun, vélo...) ou bien, dans le bâtiment par à de la rénovation, de l'amélioration des niveaux de performance énergétique, et une sobriété des usages.
La sobriété énergétique n’est toutefois pas suffisante pour atteindre les objectifs que s’est fixé la France en matière de transition énergétique. Afin de décarboner l’économie, de nombreux secteurs, tels que les transports, l’industrie et le bâtiment, vont devoir basculer vers l’électricité – à la place des énergies fossiles. Par exemple, l’électricité pourra être utilisée à la place d’énergie fossile dans le chauffage des bâtiments, dans le parc de véhicules électriques ou encore permettre la production d’hydrogène décarbonée.
Ainsi, même si l’efficacité énergétique aura un effet baissier sur la consommation d’électricité, celui-ci sera plus que compensé par l’effet haussier de l’électrification des usages et du remplacement des énergies fossiles.
À la faveur de cette électrification des usages, une augmentation de la consommation d’électricité est attendue par RTE d’ici à 2050. Selon le scénario de référence de RTE[9], qui prend en compte des progrès d’efficacité énergétique et une électrification progressive des usages dépendant pour le moment des énergies fossiles, la consommation électrique française en 2050 devrait être de 645 TWh, soit 1,36 fois la consommation de 2019 (474 TWh[10]). RTE envisage diverses variantes pour les trajectoires de consommation à l’horizon 2050 mais toutes prévoient une hausse de la consommation d’électricité. Ces variantes vont de 555 TWh (1,17 fois la consommation de 2019) pour un scénario de sobriété, à 754 TWh (1,59 fois la consommation de 2019) pour un scénario reposant sur un fort développement de l’hydrogène.
[1] Bilan électrique RTE 2020, p.30 : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-03/Bilan%20electrique%202020_0.pdf et https://www.rte-france.com/actualites/bilanelectrique-francais-2020
[2] RTE pour 2018 et 2019 : https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/nucleaire/ et https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/synthese-les-faits-marquants-de-2019/
[3] Ces pourcentages représentent la part d’électricité produite par rapport à la capacité installée, entre 2018 et 2020. Ce ratio est en baisse en 2020 en comparaison avec les années précédentes, ce qui s’explique par la hausse des indisponibilités (programmées et fortuites) des centrales et par la crise sanitaire liée à la COVID-19 (qui serait responsable d’une perte de 6 points de pourcentage du facteur de charge).
[4] https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/l-energie-de-a-a-z/tout-sur-l-energie/produire-de-l-electricite/le-nucleaire-en-chiffres
[5] Wind energy in Europe – 2020 Statistics and the outlook for 2021-2025, p. 20-21 : https://windeurope.org/intelligence-platform/product/wind-energy-in-europe-in-2020-trends-and-statistics/
[6] Ibidem
[7] Plan de gestion du Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis 2018-2033, p. 274 : https://fr.calameo.com/ofbiodiversite/read/003502948159d6c1ba652?view=book&page=1.
[8] https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/2020-03-25_MTES_SNBC2.pdf
[9] RTE, Futures énergétiques 2050 – Principaux résultats : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-10/Futurs-Energetiques-2050-principaux-resultats_0.pdf
[10] RTE, Bilan électrique 2019, consommation brut : https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/stabilite-de-la-consommation/
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