Débat public - Eoliennes en mer Nouvelle-Aquitaine
#EolMerNA Projet de parcs éoliens au large de l’île d’Oléron
Q115 • Destruction faune et inconvénients
Réponse publiée
1 Comment peut-on implanter des éoliennes dans une zone protégées pour la faune?
Dans la zone il y a le couloir de migrations de nombreux petits oiseaux.
2 Le parc éolien va-t-il détruire ce passage de migration? Que vont devenir tous ces petits oiseaux?
3 Notre président a annoncé la construction de mini centrale nucléaire, est-ce nécessaire de construire des éoliennes en mer qui détruisent le paysage et la faune locale?
4 Que va-t-on faire des déchets (éolienne ne fonctionnant plus)?
5 à terre de nombreuses éoliennes sont en panne. comment va-t-on faire pour dépanner les éoliennes en panne en mer?
6 dépanner en mer coute très cher. est-ce que ce sera vraiment compenser par la vente d'électricité? y aura-t’il des bénéfices?
7 bénéfices pour qui? pour les pays étrangers q;ui fournissent le matériel?
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage
Résumé :
La zone d’étude en mer pour un parc éolien portée au débat public se situe au sein du Parc naturel marin (PNM) de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis et deux zones Natura 2000. Ces deux types d’aires marines permettent – dans une logique de conciliation des usages – le développement d’éoliennes en mer. Le projet de parc éolien en Sud-Atlantique devra ainsi concilier, dans un souci de développement durable, les objectifs de la transition énergétique et ceux de préservation de la biodiversité. Tout au long du projet, du débat public jusqu’au démantèlement du parc, la biodiversité est prise en compte et des mesures d’évitement, de réduction, et de compensation des impacts seront mises en place, notamment pour l’avifaune (oiseaux).
Les oiseaux peuvent en effet être affectés par les parcs éoliens en mer du fait du risque de collision et du risque de modification d’habitat. Les retours d’expérience des précédents parcs montrent que ces risques sont toutefois limités.
Une étude sur l’environnement marins a dès à présent été réalisée pour caractériser les risques d’effets du parc sur la biodiversité, et notamment sur les oiseaux. Cette étude doit permettre au public d’identifier une zone de moindre impact du parc sur l’environnement.
L’atteinte de la neutralité carbone en 2050 fixée par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) impose une réduction par deux de notre consommation d’énergie (sobriété) tout en augmentant notre consommation électrique pour répondre aux nouveaux usages (transports, industrie, bâtiment). Il est donc nécessaire de développer des moyens de production électriques à faible émission de gaz à effet de serre. Etant donné que la construction de centrales nucléaire est très longue, et que les capacités de développement de l’hydroélectricité sont limitées, il est nécessaire de développer dès à présent les énergies renouvelables.
En fin de vie, les éoliennes seront entièrement recyclées.
La maintenance des éoliennes sera assurée par une équipe de professionnels, transportée sur le parc via des bateaux spécialisés. Le développeur éolien lauréat de la procédure de mise en concurrence assurera la maintenance et en assumera les coûts.
Développement
Sur l’implantation dans des aires marines protégées
Les zones d’étude pour le parc éolien et pour le raccordement se situent au sein d’aires marines protégées : le Parc naturel marin (PNM) de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis et de zones Natura 2000. Ces aires marines protégées s’inscrivent dans une logique de conciliation des usages et non d’exclusion. En effet, elles ont pour objectif l’amélioration de la connaissance du milieu marin, sa protection et le développement durable des autres activités. Il s’agit alors de préserver la biodiversité dans une logique de cohabitation avec les activités humaines. D’autres parcs naturels marins vont accueillir des éoliennes en mer en France (PNM du golfe du Lion et PNM des estuaires picards et de la mer d'Opale) et une dizaine de parcs éoliens ont déjà été autorisés dans des zones Natura 2000 en Europe.
Le plan de gestion du Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis précise que les énergies marines renouvelables sont compatibles avec les enjeux de préservation des espèces, habitats et fonctions écologiques[1]. Comme tout projet susceptible d’impacter significativement le milieu marin du PNM, le projet éolien en Sud-Atlantique sera soumis à un avis conforme de l’Office français de la biodiversité (OFB), gestionnaire du parc. Un avis conforme doit être obligatoirement suivi par le demandeur (ici le développeur éolien désigné à l’issue de l’appel d’offres).
Dans la zone il y a le couloir de migrations de nombreux petits oiseaux.
Sur la prise en compte de l’avifaune (oiseaux)
· Impacts génériques connus de l’éolien en mer sur l’avifaune
En phase de construction et lors d’opérations de maintenance, le recours à des engins et des navires pour les travaux et la maintenance peut avoir différents impacts sur l’environnement et notamment sur les oiseaux. Les bruits aériens et les activités anthropiques peuvent déranger les espèces, qui auront tendance à éviter la zone lors des périodes de travaux et de maintenance. On peut également observer un phénomène de photo-attraction, c’est-à-dire que les oiseaux sont attirés par les lumières des bateaux.
En phase d’exploitation, un parc éolien en mer représente principalement un risque pour l’avifaune. En effet, une importante proportion des oiseaux vole à moins de 200 mètres d’altitude, zone aussi occupée en partie par les pales, le rotor et le mat d’une éolienne, et conduit à un risque de collision. La collision peut ainsi engendrer une surmortalité dans une population. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varie d’une espèce à une autre car il est étroitement lié au comportement de l’oiseau en matière d’évitement, de sa hauteur de vol et de l’usage qu’il fait de la zone du parc. Des stratégies d’évitement à différentes échelles ont été observées : on parle de macro-évitement lorsque les oiseaux évitent la zone du parc, de méso-évitement lorsqu’ils adoptent un comportement de vol au sein du parc adapté à la présence d’éoliennes (vol dans les espaces les plus larges entre les éoliennes, à une certaine distance avec les pales) et de micro-évitement pour les actions en vol de dernière minute pour éviter de percuter l’éolienne. Cependant, plusieurs facteurs des parcs éoliens en mer ont été identifiés comme attractifs pour l’avifaune, comme l’augmentation du stock de proies, la présence de potentiels perchoirs ou encore la photo-attraction (attraction par la lumière). Ces facteurs sont susceptibles d’augmenter le risque de collision.
Le parc peut également agir comme un obstacle, poussant les oiseaux à l’éviter en rallongeant leurs vols : on parle d’effet barrière. Cet évitement entraîne une consommation énergétique additionnelle pour les oiseaux, influençant par conséquent la survie et la croissance des populations. Des modèles ont été conçus pour estimer l’impact lié à cet effet. Le parc peut également prendre la place d’une zone fonctionnelle (alimentation notamment) pour une population et engendre ainsi une perte d’habitat. Comme le risque de collision, l’effet barrière et la perte d’habitat varient selon les espèces d’oiseaux. Ces impacts dépendent aussi beaucoup de la disposition des parcs, de leur taille et de leur proximité avec les populations d’oiseaux. L’impact est particulièrement important pour les colonies installées à proximité d’un parc en période de reproduction. En effet, les adultes passent du temps à aller chercher de la nourriture pour leurs petits, et si les parcs se trouvent entre la colonie et la zone d’alimentation, l’évitement devient plus fréquent et consommateur d’énergie.
· Exemple de retour d’expérience : analyse du comportement de plusieurs espèces d’oiseaux au large de l’Angleterre et de la Belgique[2]
En 2019, des chercheurs ont publié leurs travaux portant sur près de dix ans de suivi des oiseaux marins autour du parc éolien en mer de Thorton Bank en Belgique. La distribution des oiseaux marins a été observée pendant 3 ans avant la construction du parc puis comparée à la distribution observée pendant 6 ans après la mise en service du parc. Cette étude a permis d’obtenir des données cohérentes indiquant un comportement d’évitement du parc pour les fous de Bassans et les oiseaux appartenant à la famille des alcidés (petit pingouin, guillemot de troïl, etc.). Les chercheurs ont en revanche observé un effet d’attraction du parc pour les grands cormorans et les goélands marins. Ces effets correspondent à ceux observés pour le parc de Belwind, situé à proximité de Thorton Bank, ainsi que dans d’autres études européennes. Toutefois, l’impact des déplacements induits par la présence du parc sur la survie ou la reproduction des oiseaux reste à ce jour peu connu.
Cette étude complète les conclusions de 2018 du programme ORJIP (Offshore Renewables Joint Industry Programme) qui a permis d’analyser les comportements d’évitement et le risque de collision des oiseaux aux alentours du parc éolien en mer de Thanet, situé à 11 km au large des côtes du Kent (Angleterre), mis en service en 2010. Les chercheurs ont procédé à des observations de 5 espèces d’oiseaux (3 espèces de goéland, mouette tridactyle et fou de Bassan) pendant 20 mois. À ce jour, il s’agit de l’étude qui recense le plus de données d’observations sur le comportement des oiseaux près d’un parc éolien en mer opérationnel. L’étude a révélé que les oiseaux mettent en œuvre différentes stratégies : évitement du parc dans son ensemble, évitement à l’échelle d’une éolienne ou bien évitement à la dernière minute, à l’approche directe des pales ou du moteur. Au regard de leurs observations, les chercheurs ont pu conclure qu’en majorité les oiseaux des cinq espèces observées parviennent à éviter la collision. Ces études sont dépendantes du site et ont été réalisées en Manche et mer du Nord. Ainsi, les conclusions peuvent ne pas être transposables à la zone Sud-Atlantique ; seul le suivi de l’avifaune permet de caractériser le comportement et la sensibilité des oiseaux pour un parc.
· Limiter l’impact du projet sur l’avifaune
L’Etat met en place des mesures d’évitement, de réduction, et de compensation pour le potentiels effets du parc sur la biodiversité, et notamment sur les oiseaux.
Le débat public constitue une première étape d’évitement puisqu’il doit permettre d’identifier une zone de moindre contrainte pour la biodiversité. Diverses études sont mises à disposition du public pour l’aider à mieux appréhender les enjeux environnementaux dans la zone d’étude :
Ø Une étude bibliographique sur l’environnement marin présentant notamment des cartes de risque d’effets pour les oiseaux, les mammifères marines, les poissons et mollusques ainsi que les habitats benthiques (du fond marin) disponible ici : https://www.eoliennesenmer.fr/sites/eoliennesenmer/files/fichiers/2021/09/EtudeBiblio_EnviroMarin_AO7_vf.pdf
Ø Une étude bibliographique commandée par RTE sur l’estran (zone soumise aux balancements des marées) disponible ici : https://www.debatpublic.fr/eolien-nouvelle-aquitaine/le-raccordement-2442
Ø Une étude bibliographique commandée par RTE sur le milieu terrestre disponible ici : https://www.debatpublic.fr/eolien-nouvelle-aquitaine/le-raccordement-2442
Ø Un visualiseur présentant les données sur les oiseaux équipées de balises télémétriques (balises géolocalisées) disponible ici : https://experience.arcgis.com/experience/90f9203931094f64872f22e080f41354/
Des mesures sur site auront lieu à l’issue du débat public pour caractériser précisément les enjeux environnementaux, notamment concernant les oiseaux et une étude d’impact sera menée par le développeur éolien et RTE, quand la zone exacte d’implantation des éoliennes sera connue. Ces études permettront d’évaluer précisément l’impact du projet sur l’avifaune et de proposer des mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts adaptés. Il peut par exemple s’agir de :
Ø Eviter de construire le parc sur une voie migratoire ou sur une aire de nourrissage,
Ø Organiser les travaux selon les périodes de fréquentation des oiseaux qui pourraient être dérangés,
Ø Réduire le risque de collision en adaptant le design du parc (alignement et espacement des éoliennes), en limitant les éclairages, en installant des dispositifs anti-perchoirs ou des effaroucheurs.
Ces mesures seront présentées par le développeur éolien au moment de l’enquête publique.
Des mesures sont également mises en place durant toute la durée de vie du projet pour suivre son impact sur l’environnement, notamment sur l’avifaune. Une commission spécialisée éolien rassemblant les services de l’Etat, des élus, des représentants socio-professionnels et des associations de protection de l’environnement est chargée de contrôler la mise en œuvre des mesures ERC. Cette commission s’appuie sur un conseil scientifique rassemblant une vingtaine de scientifiques spécialistes du milieu marin.
Sur la place du nucléaire dans le mix électrique
La forte proportion du nucléaire dans le mix énergétique français est susceptible de dégrader la robustesse du système électrique. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rappelé à plusieurs reprises qu’un aléa générique sur plusieurs réacteurs pourrait fragiliser la sécurité d'approvisionnement en électricité. Aussi, le parc nucléaire ayant été construit dans un laps de temps limité, la fin de vie des réacteurs constituant le parc actuel surviendra sur une période courte, sous la forme d’un « effet falaise ». Entre 2018 et 2035, 90 % de la capacité nucléaire dépassera les 40 ans, durée initiale de fonctionnement prévue par l’exploitant. Dans le cas d’une durée d’exploitation de 50 voire 60 ans, sous réserve d’autorisation par l’ASN, le raisonnement est similaire. Par conséquent, et même si de nouvelles unités de production d’énergie nucléaire étaient installées, la construction d’installation d’énergies renouvelables, dont l’éolien en mer, est nécessaire pour anticiper cet « effet falaise » et diversifier la production électrique française.
De plus, afin de décarboner l’économie, de nombreux secteurs, tels que les transports, l’industrie et le bâtiment, vont devoir basculer vers l’électricité à la place des énergies fossiles. Par exemple, l’électricité pourra être utilisée à la place d’énergie fossile dans le chauffage des bâtiments, dans le parc de véhicules électriques ou encore permettre la production d’hydrogène décarbonée.
Ainsi, une augmentation de la consommation d’électricité est attendue par RTE d’ici à 2050. Selon le scénario de référence de RTE[3], qui prend en compte des progrès d’efficacité énergétique et une électrification progressive des usages dépendant pour le moment des énergies fossiles, la consommation électrique française en 2050 devrait être de 645 TWh, soit 1,36 fois la consommation de 2019 (474 TWh[4]). RTE envisage diverses variantes pour les trajectoires de consommation à l’horizon 2050 mais toutes prévoient une hausse de la consommation d’électricité. Ces variantes vont de 555 TWh (1,17 fois la consommation de 2019) pour un scénario de sobriété, à 754 TWh (1,59 fois la consommation de 2019) pour un scénario reposant sur un fort développement de l’hydrogène.
Pour répondre à cette hausse de la demande en électricité, tout en respectant l’objectif de neutralité carbone en 2050 fixé par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), il est nécessaire de développer des moyens de production électriques à faible émission de gaz à effet de serre. Etant donné que la construction de centrales nucléaire est longue, et que les capacités de développement de l’hydroélectricité sont limitées, il est nécessaire de développer dès à présent les énergies renouvelables.
Sur le recyclage des éoliennes
Le développeur éolien est responsable du démantèlement et du recyclage des éoliennes. Le démantèlement des composants des éoliennes s’effectue en mer, avec des bateaux jack-up, de la même manière qu’a pu avoir lieu l’installation du parc. Le recyclage des éoliennes est quasi intégral[5] :
· Les parties métalliques comme le mât et le rotor constituent plus de 90 % du poids des éoliennes : leur recyclage est organisé dans les filières conventionnelles déjà existantes pour les éoliennes terrestres. L’acier notamment se recycle très bien, la demande étant en constante augmentation[6] ;
· Le défi le plus important pour le recyclage des éoliennes concerne les 10 % du poids restants, notamment les pales en matériaux composites, ou encore les aimants permanents. Des filières dédiées de gestion de ces déchets devront être créées.
Le gouvernement a fixé des objectifs ambitieux de valorisation et recyclage des matériaux des installations classées lors de leur démantèlement, qui concernent notamment l’éolien terrestre[7] où au moins 95 % du poids des éoliennes devra être recyclé dès 2024. Un recyclage complet des éoliennes en mer est recherché par le développement de filières de gestion des déchets dédiées. Les évolutions techniques à venir feront que le projet actuel soumis au débat public pourrait être 100 % recyclée à l’issue de son exploitation.
Selon la technologie privilégiée, les générateurs (qui transforment l’énergie mécanique du vent en électricité) contiennent 150 à 650 kg d’aimants permanents par MW de puissance installée. Par rapport aux électro-aimants classiques, ces aimants permanents permettent d’améliorer le rendement des éoliennes, ont une durée de vie plus longue, sont moins lourds, moins volumineux et exigent moins de maintenance. Ces aimants permanents sont constitués de 32 à 38 % de terres rares[8], des métaux qu’on retrouve aussi dans les tous les objets technologiques (téléviseur, ordinateur, disque dur, batteries). Des travaux de recherche sont en cours pour diminuer voire remplacer les terres rares dans les éoliennes et pour favoriser leur recyclage afin d’en réduire l’extraction. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), établissement public expert de la gestion des ressources du sous-sol, étudie par exemple des solutions innovantes pour favoriser le recyclage de ces matériaux[9].
Quant aux pales des éoliennes, des avancées technologiques sont à prévoir dans le recyclage des matériaux composites.
Dès à présent, une possibilité consiste à utiliser le broyat de pales pour fabriquer de nouveaux matériaux composites. C’est notamment la solution mise au point par l’université de Washington en collaboration avec General Electric (GE) et Global Fiberglass Solutions Inc (GFSI) de Seattle. Le produit obtenu à partir du broyage des pales serait aussi résistant que les composites à base de bois. De très nombreux usages peuvent être envisagés comme des dalles de sol, des glissières de sécurité le long des axes routiers, des plaques d’égout, des skateboards, des meubles ou des panneaux pour le bâtiment. En moins d’un an, GFSI a recyclé 564 pales selon cette méthode, et l’entreprise estime qu’elle pourrait transformer en produits utiles plus de 20 000 tonnes de déchets de matériaux composites dans les deux années à venir.
Des travaux sont en cours pour optimiser le recyclage des parcs éoliens en mer ou concevoir des pales 100 % recyclables. En septembre 2020, un projet de recherche nommé « ZEBRA » a été lancé par l’Institut de recherche technologique Jules Verne, en partenariat avec un consortium de six acteurs de l’énergie éolienne. Leur objectif est de fabriquer une éolienne aux matériaux et aux composants 100 % recyclables d’ici mi-2024[10]. Un programme similaire est porté par Vestas. Au début du mois de septembre, Siemens Gamesa a annoncé avoir développé les premières pales recyclables pour des éoliennes en mer[11]. Les premières pales ont déjà été produites dans l’usine de l’entreprise située à Aalborg, au Danemark. Siemens Gamesa travaille avec RWE pour tester ses nouvelles pales pour la première fois en Allemagne dans le parc éolien en mer de Kaskasi qui devrait être opérationnel en 2022. Ainsi, il est tout à fait possible que des pales entièrement recyclables, de Siemens Gemesa ou d’un autre industriel, puissent être installées dans le premier parc éolien en Sud-Atlantique soumis au présent débat public. Des critères de recyclabilité pourraient à ce titre être incorporés dans le cahier des charges.
Sur la maintenance des éoliennes
La maintenance des machines sera assurée par une équipe de techniciens professionnels, transportée sur le parc via des bateaux de maintenance spécialisés.
Le développeur éolien lauréat de la procédure de mise en concurrence est responsable de l’exploitation et de la maintenance du parc éolien ; c’est lui qui assume l’ensemble des coûts liés au parc éolien (travaux d’installation, exploitation, maintenance, pannes éventuelles, démantèlement).
Sur le modèle économique d’un parc éolien en mer
Le coût des énergies renouvelables, et notamment l’éolien en mer, a fortement baissé ces dernières années. Néanmoins, compte tenu de la variabilité des prix de marché, les investisseurs n’ont pas la certitude que les revenus issus de la vente de l’électricité compensent les coûts de construction et d’exploitation.
En France, l’État a décidé d’accorder un soutien public au développement d’énergies renouvelables. Pour les installations de forte puissance comme les parcs éoliens en mer, ce soutien public est versé sous la forme d’un complément de rémunération, contractualisé entre le porteur de projet et EDF Obligation d’Achat (EDF-OA, entité d’EDF chargée d’acheter l’électricité produite par les développeurs). Le complément de rémunération, introduit par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, est une prime versée à un producteur d’énergie renouvelable en complément de la vente sur le marché de l’électricité qu’il a produite. Ce mécanisme, établi dans le contrat de complément de rémunération, est identique à celui mis en oeuvre pour les autres projets d’énergies renouvelables :
L’exploitant vend directement son électricité puis reçoit de la part de l’État, ou verse à l’État, la différence entre le tarif sur lequel il s’est engagé lors de l’appel d’offres et le prix de vente de son électricité sur le marché. Si le producteur subit des ventes à prix négatifs sur un certain nombre d’heures consécutives, le producteur reçoit une prime calculée dans les conditions prévues au contrat de complément de rémunération ; Si les performances économiques du producteur sont supérieures à celles attendues dans le modèle financier établi dans le cahier des charges, le gain financier supplémentaire est partagé entre le producteur et l’État selon le mécanisme de prévention des risques de surcompensation établi dans le contrat de complément de rémunération. Grâce au développement rapide de la filière, le coût de soutien public par parc éolien en mer décroît progressivement. Ainsi, pour le projet posé au large de Dunkerque attribué en juin 2019, le tarif sur lequel s’est engagé le lauréat de l’appel d’offres est de 44 €/MWh, ce qui est inférieur aux prix de marché actuels.
À terme, il peut également être envisagé des parcs sans soutien public (hors raccordement) même si l’incertitude relative aux prix de marché à long terme de l’électricité pourrait freiner leur développement.
Sur les retombées économiques locales
L’industrie de l’éolien, terrestre et marin, contribue d’ores et déjà à l’économie de la France. France énergie éolienne (FEE), à travers son observatoire 2020, évalue à 20 200 emplois directs et indirects en 2019 l’activité sur l’ensemble du secteur éolien, soit une augmentation de 11 % par rapport à 20181 et de plus de 26,8 % depuis 2016. Depuis 2016, c’est l’équivalent de quatre emplois par jour que l’industrie éolienne a créés. Il s’agit d’emplois pour partie non délocalisables, au sein de 900 entreprises réparties sur l’ensemble du territoire. Le développement de l’éolien en mer va contribuer à amplifier cette tendance. En effet, de nombreuses entreprises investissent depuis plusieurs années afin de pouvoir se positionner sur les nouveaux marchés. En 2020, plus de 4 800 emplois directs étaient consacrés à l’éolien en mer, selon l’Observatoire des énergies de la mer.
Les engagements pris lors des premières procédures de mise en concurrence ont déjà abouti à la création, en 2014, de l’usine General Electric Renewable Energy de Saint-Nazaire, spécialisée dans la fabrication de nacelles et de générateurs, qui emploie 467 personnes. Depuis 2020, cette usine fournit le parc éolien en cours de construction au large de Saint-Nazaire et prévoit d’embaucher 200 personnes supplémentaires d’ici 2022 pour répondre à des commandes d’autres pays, notamment la Grande-Bretagne.
Depuis 2013, General Electric Renewable Energy a réalisé des achats directs et indirects à hauteur de 200 millions d’euros auprès de sous-traitants français pour ses projets aux États-Unis, en Chine et en Allemagne, créant plus de 1 200 emplois indirects.
En 2018, une usine de fabrication de pales pour l’industrie éolienne a été conçue à Cherbourg par LM Wind Power. L’usine prévoit le recrutement de 300 personnes en 2021, ce qui amènerait le nombre d’employés à 800.
Actuellement en cours de travaux au Havre, la future usine de fabrication d’éoliennes du groupe Siemens-Gamesa devrait être opérationnelle au cours du premier semestre 2022. Prouesse d’ingénierie européenne, cette usine sera la première à intégrer à la fois production de pales et l’assemblage des nacelles, le tout sur un site de 36 hectares sur le port du Havre. 750 emplois directs et indirects sont prévus sur l’usine et sa zone logistique.
De nombreux sous-traitants français vont pouvoir se positionner sur les nouveaux marchés. D’ores et déjà, l’entreprise Chantiers de l’Atlantique (anciennement STX) a été retenue par le consortium mené par EDF pour la conception et la réalisation des trois postes électriques en mer destinées aux futurs parcs éoliens de Saint-Nazaire, Courseulles-sur-Mer et Fécamp. Les Chantiers de l’Atlantique ont notamment fourni le plus grand poste électrique en mer en courant alternatif, inauguré en 2018, pour le parc éolien en mer d’Arkona en Allemagne, avec un fort contenu de sous-traitance française.
Les travaux terrestres du raccordement permettent généralement à des entreprises de génie civil, souvent implantées localement ou régionalement, de se positionner sur les marchés de liaisons souterraines ou création de postes électriques à terre.
L’implantation d’un projet éolien génère un surcroît d’activité localement, et fait intervenir des TPE, PME et entreprises de taille intermédiaire de proximité pour des travaux variés : terrassement, VRD (voiries et réseaux divers), fourniture de béton, raccordement au réseau public, etc.
La Nouvelle-Aquitaine dispose de peu de moyens de production dédiés à la filière éolien en mer à ce jour mais possède un tissu industriel riche capable de s’adapter au développement de nouveaux marchés. Actuellement, l’industrie éolienne en Nouvelle Aquitaine est tournée principalement vers l’éolien terrestre. Cependant, des diversifications d’activités peuvent être envisagées pour répondre aux besoins futurs de l’éolien en mer.
Selon une étude de l’ADEME présentée dans la fiche 13 accessible sur le site du débat, les coûts d’un projet éolien en mer posé se répartissent comme suit :
· Les coûts de développement du projet (environ 8 % du coût total) ;
· Les coûts d’investissement, liées à son financement, aux études, à la construction des éoliennes, des supports et des ancrages, à l’installation du parc et à son raccordement (environ 73 %) ;
· Les coûts de fonctionnement, relatives à son exploitation et à sa maintenance (environ 18 %) ;
· Et enfin, les coûts de démantèlement du parc (environ 1 %).
Au vu des entreprises présentes en Nouvelle-Aquitaine, l’analyse de cette chaîne de valeur permet d’identifier au moins trois segments susceptibles d’être réalisés par des entreprises du territoire : les études de site, l’exploitation et la maintenance ainsi que les opérations portuaires et logistiques.
Ces trois segments représentent de 20 à 25 %[12] des coûts d’un projet sur toute sa durée de vie. L’exploitation et la maintenance constituent le segment le plus significatif.
La création d’emplois liés au développement d’un parc éolien en mer sur la façade Sud-Atlantique serait particulièrement importante au moment de la construction du parc avec un pic d’emplois sur l’année et demie de la construction. Cependant, l’exploitation et la maintenance seraient les activités les plus porteuses sur le long terme avec un potentiel de plus de 150 emplois créés sur la période (entre 20 et 25 ans). Les entreprises locales de maintenance électromécanique, ayant des compétences et savoir-faire demandés dans l’éolien, pourraient par exemple saisir l’opportunité d’élargir leurs activités à ce domaine.
[1] Plan de gestion du Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis 2018-2033, p. 274 : https://fr.calameo.com/ofbiodiversite/read/003502948159d6c1ba652?view=book&page=1.
[2] Degraer, S., Brabant, R., Rumes, B. & Vigin, L. (eds). 2019. Environmental Impacts of Offshore Wind Farms in the Belgian Part of the North Sea : Marking a Decade of Monitoring, Research and Innovation. Brussels : Royal Belgian Institute of Natural Sciences, OD Natural Environment, Marine Ecology and Management, 134 p. Skov, H., S. Heinänen, T. Norman, R. Wad, S. Méndez-Roldán & I. Ellis 2018: ORJIP Bird Collision and Avoidance Study. Final Report – April 2018. The Carbon Trust, UK.
[3] RTE, Futures énergétiques 2050 – Principaux résultats : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-10/Futurs-Energetiques-2050-principaux-resultats_0.pdf
[4] RTE, Bilan électrique 2019, consommation brut : https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/stabilite-de-la-consommation/
[5] « En raison du manque d’informations sur la fin de vie des composants, les mêmes scénarios que l’éolien terrestre ont été considérés ». Analyse du cycle de vie de la production d’électricité d’origine éolienne en France, ADEME, p. 32.
[6] Ibidem et Observatoire de l’éolien : analyse du marché, des emplois et des enjeux de l’éolien en France, 2019, France énergie éolienne : https://fee.asso.fr/wp-content/uploads/2019/11/observatoire-2019-final.pdf
[7] Article R.553-6 du Code de l’environnement : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000024498298/2011-08-26
[8] 29 à 32 % de néodyme, 3 à 6 % de dysprosium et moins d’1 % de praséodyme.
[9] https://www.brgm.fr/fr/actualite/dossier-thematique/terres-rares
[10] https://www.energiesdelamer.eu/2020/09/24/lirt-jules-verne-et-6-acteurs-industriels-lancent-une-recherche-pour-obtenir-des-pales-deoliennes-100-recyclables/
[11] https://www.siemensgamesa.com/en-int/-/media/siemensgamesa/downloads/en/newsroom/2021/09/siemens-gamesa-produces-first-recycable-blade-en.pdf
[12] Sous certaines hypothèses, un rapport de l’Agence de développement et d’innovation (ADI) de Nouvelle-Aquitaine chiffre même ces trois segments à près de 40 % des coûts d’un parc éolien en mer de 500 MW (1,5 à 2 milliards d’euros) sur toute sa durée de vie.
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