Débat public - Eoliennes en mer Nouvelle-Aquitaine
#EolMerNA Projet de parcs éoliens au large de l’île d’Oléron
Q251 • Que fait on pour les riverains ?
Réponse publiée
Serait-ce bénéfique pour la faune de créer une sorte de sirène qui émettrait crescendo, par exemple étalée sur une journée ou une semaine, des nuisances sonores afin de donner une chance de partir avant d'être blessé ?
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage :
Résumé :
L’État met en place des mesures d’évitement, de réduction et de compensation (on parle de mesures ERC) pour limiter l’impact du parc éolien sur l’environnement durant toute la vie du parc. Des études seront réalisées après le débat public pour déterminer les mesures ERC les plus adaptées aux impacts identifiés. Ces mesures ERC seront présentées dans le cadre d’une enquête publique, avant la délivrance des autorisations au développeur éolien. Ces mesures peuvent effectivement consister en l’émission de signaux sonores pour effaroucher ou faire fuir certains animaux.
Développement :
L’impact du bruit sous-marin sur les mammifères marins
Lors de la phase de construction du parc, le bruit généré par les travaux, et en particulier l’installation des fondations des éoliennes et du poste électrique en mer, peut affecter les mammifères marins. Selon la dureté du sol, les pieux sont enfoncés dans le fond marin par battage (le pieu est battu par un marteau hydraulique) ou forage (le pieu est installé après avoir préalablement creusé le sol). Les travaux de battage génèrent un bruit sous-marin impulsif (ponctuel) important. Le bruit généré par un forage est quant à lui plus continu. En fonction de la distance à laquelle se trouvent les mammifères marins, le bruit peut entraîner chez les individus proches des travaux des blessures temporaires, voire une perte d’audition permanente. Le bruit du chantier peut également provoquer des perturbations du comportement en brouillant l’ouïe hautement développée dont disposent les mammifères marins pour communiquer, naviguer, s’orienter, éviter les prédateurs et se nourrir. Les dommages peuvent être temporaires (blessure mineure) ou permanents (blessure importante, mortalité). Ils sont toutefois limités à la zone proche de la source d’émission. Pour les mammifères marins, des scientifiques ont ainsi évalué que la distance létale du battage de pieu était comprise entre 4 et 65 mètres[1]. L’installation des fondations gravitaires est quant à elle relativement silencieuse, leur mise en place ne nécessitant pas de battage ni de forage.
Le risque de collision pour l’avifaune
En phase d’exploitation, un parc éolien en mer représente principalement un risque pour l’avifaune. En effet, une importante proportion des oiseaux vole à moins de 200 mètres d’altitude, zone aussi occupée en partie par les pales, le rotor et le mat d’une éolienne, et conduit à un risque de collision. La collision peut ainsi engendrer une surmortalité dans une population. Le risque de collision dépend des conditions météorologiques et varie d’une espèce à une autre car il est étroitement lié au comportement de l’oiseau en matière d’évitement, de sa hauteur de vol et de l’usage qu’il fait de la zone du parc. Des stratégies d’évitement à différentes échelles ont été observées : on parle de macro-évitement lorsque les oiseaux évitent la zone du parc, de méso-évitement lorsqu’ils adoptent un comportement de vol au sein du parc adapté à la présence d’éoliennes (vol dans les espaces les plus larges entre les éoliennes, à une certaine distance avec les pales) et de micro-évitement pour les actions en vol de dernière minute pour éviter de percuter l’éolienne. Cependant, plusieurs facteurs des parcs éoliens en mer ont été identifiés comme attractifs pour l’avifaune, comme l’augmentation du stock de proies, la présence de potentiels perchoirs ou encore la photo-attraction (attraction par la lumière). Ces facteurs sont susceptibles d’augmenter le risque de collision.
Limiter l’impact du projet sur l‘environnement
L’Etat met en place des mesures d’évitement, de réduction, et de compensation pour les potentiels effets du parc sur la biodiversité, et notamment sur les oiseaux et les mammifères marins.
Le débat public constitue une première étape d’évitement puisqu’il doit permettre d’identifier une zone de moindre contrainte pour la biodiversité. Diverses études sont mises à disposition du public pour l’aider à mieux appréhender les enjeux environnementaux dans la zone d’étude :
Une étude bibliographique sur l’environnement marin présentant notamment des cartes de risque d’effets pour les oiseaux, les mammifères marins, les poissons et mollusques ainsi que les habitats benthiques (du fond marin) disponible ici : https://www.eoliennesenmer.fr/sites/eoliennesenmer/files/fichiers/2022/03/EtudeBiblio_EnviroMarin_AO7_MAJ_f%C3%A9v2022_vF.pdf
Un complément à cette étude qui présentent des cartes de risque d’effets par groupe d’espèces d’oiseaux disponible ici : https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2021-12/ENA-Complement-etude-sur-environnement-marin.pdf
Une étude bibliographique commandée par RTE sur le milieu terrestre disponible ici : https://www.debatpublic.fr/eolien-nouvelle-aquitaine/le-raccordement-2442
Un visualiseur présentant les données sur les oiseaux équipées de balises télémétriques (balises géolocalisées) disponible ici : https://experience.arcgis.com/experience/90f9203931094f64872f22e080f41354/
Des mesures sur site auront lieu à l’issue du débat public pour caractériser précisément les enjeux environnementaux, notamment concernant les oiseaux et les mammifères marins, et une étude d’impact sera menée par le développeur éolien et RTE, quand la zone exacte d’implantation des éoliennes sera connue. Ces études permettront d’évaluer précisément l’impact du projet et de proposer des mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts adaptés. La plupart des autorisations environnementales déjà délivrées à des projets éoliens en mer (parcs commerciaux ou fermes pilotes) prévoit des mesures de réduction du risque de collision ou de réduction du bruit sous-marin. Pour réduire le risque de collision, ces mesures peuvent être :
- Éviter de construire le parc sur une voie migratoire ou sur une aire de nourrissage,
- Organiser les travaux selon les périodes de fréquentation des espèces qui pourraient être dérangées,
- Réduire le risque de collision en adaptant le design du parc (alignement et espacement des éoliennes)
- Réduire l’intensité de l’éclairage et installer des dispositifs anti-perchoirs pour éviter d’attirer les oiseaux
- Installer des dispositifs d’effarouchement visuel (banderoles, épouvantails, laser) ou sonores (sirènes, cris de détresse).
Des mesures existent également pour limiter l’impact du bruit sous-marin sur les mammifères marins ; il peut s’agir de :
- Organiser les travaux selon les périodes de fréquentation des mammifères marins qui pourraient être dérangés,
- Réduire le bruit sous-marin en phase de travaux grâce à des rideaux de bulles ou des batardeaux, qui font office de « barrière » sonore,
- Surveiller la zone de travaux pour arrêter les opérations si un mammifère marin est observé à proximité,
- Éloigner les mammifères marins présents dans la zone des travaux en utilisant par exemple des pinger (effet aversif sur les mammifères marins, avec une portée de 100 à 200m) et des seal scarer (pour les phoques sur un rayon de 300m et pour les marsouins sur un rayon de 2km) avant le démarrage des travaux,
Ces mesures seront présentées par le développeur éolien au moment de l’enquête publique.
Des mesures sont également mises en place durant toute la durée de vie du projet pour suivre son impact sur l’environnement, notamment sur l’avifaune. Une commission spécialisée éolien rassemblant les services de l’État, des élus, des représentants socio-professionnels et des associations de protection de l’environnement est chargée de contrôler la mise en œuvre des mesures ERC. Cette commission s’appuie sur un conseil scientifique rassemblant une vingtaine de scientifiques spécialistes du milieu marin.
[1] Parvin, S.J., et al., 2007 cité par Chauvaud, S., et al. 2018. Impacts des sons anthropiques sur la faune marine. Versailles : Éditions Quæ. 109 p. Ces estimations peuvent varier selon divers facteurs liés à l’intensité du battage et au milieu physique (par exemple la taille du pieu ou la profondeur).
[2] Degraer, S., Brabant, R., Rumes, B. & Vigin, L. (eds). 2019. Environmental Impacts of Offshore Wind Farms in the Belgian Part of the North Sea : Marking a Decade of Monitoring, Research and Innovation. Brussels : Royal Belgian Institute of Natural Sciences, OD Natural Environment, Marine Ecology and Management, 134 p. Skov, H., S. Heinänen, T. Norman, R. Wad, S. Méndez-Roldán & I. Ellis 2018: ORJIP Bird Collision and Avoidance Study. Final Report – April 2018. The Carbon Trust, UK
Signaler un problème
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: