Débat public - En mer, en Normandie : de nouvelles éoliennes ?
Débat public sur les futurs appels d'offres d'éoliennes en mer au large de la Normandie
Q1 • Question onde électromagnétique et problèmes sur les animaux ?
Réponse publiée
J'aimerais connaitre les risques possibles sur le système nerveux et et l'orientation de certains animaux comme les dauphins par exemple car logiquement, les ondes affectent les sonars.
Réponse officielle :
Bonjour,
D’après les données disponibles, dans la macro-zone soumise à ce débat public, les mammifères marins fréquentant la zone et ses abords sont essentiellement le Marsouin commun, le Grand dauphin, les phoques gris et les phoques veaux marins.
- Champs électromagnétiques
De manière générale les impacts potentiels liés aux émissions de champs électriques et magnétiques font encore l’objet d’incertitudes mais les connaissances scientifiques progressent. Une grande partie des espèces sensibles au champ magnétique sont des espèces pélagiques, c’est-à-dire qu’elles vivent dans le haut de la colonne d’eau (la plus proche de la surface). Les mammifères marins font partie de ces espèces. Ces espèces utiliseraient le champ magnétique terrestre pour s’orienter durant leurs migrations.
Or, le champ magnétique généré par les câbles est bien inférieur au champ magnétique terrestre et décroît rapidement avec la distance. Ces espèces ne seront donc pas exposées à des niveaux de champ magnétique significatifs.
Les mammifères marins ne présentent pas de sensibilité particulière aux champs magnétiques générés lors de l’exploitation d’un parc éolien et son raccordement.
- Ondes sonores
Les mammifères marins sont sensibles aux ondes sonores. Par exemple, les cétacés comme les Grands Dauphins produisent différents types de sons pour s’orienter, détecter des proies ou des prédateurs, et interagir avec leurs congénères. L’effet des ondes sonores diminue à mesure que la distance à la source de bruit augmente :
- proches de la source, s’ils sont exposés à un son suffisamment intense, cela peut mener à une augmentation de leur seuil d’audition, c’est-à-dire à une baisse de leur sensibilité aux sons de manière générale. Cette baisse peut être temporaire ou permanente, en fonction du temps d’exposition, de la fréquence et de l’amplitude des sons imposés ;
- au-delà d’une certaine distance, il n’y a pas de risque de perte d’audition, mais d’autres effets moins graves sont à anticiper : effet de masquage (le bruit imposé empêche le cétacé de recevoir un signal utile), réponse comportementale (évitement de la source sonore imposée), simple audibilité.
Le schéma ci-dessous, extrait de l’étude bibliographique environnementale du débat public (p. 27, cf. références ci-dessous), résume les différents effets possibles en fonction de la distance :
Concernant les émissions sonores, elles sont différentes durant la phase de construction et d’exploitation. Elles sont importantes et limitées dans le temps durant la phase de construction. Elles sont plus faibles mais en continue durant la phase d’exploitation.
- Phase de construction
Dans le cas d’un projet de parc éolien en mer, les ondes sonores sont générées majoritairement lors de la phase de construction. Les sons produits sont constitués de signaux courts, forts et réguliers, pendant l’installation des fondations principalement. Les sons diffusés lors de ces opérations peuvent endommager l’oreille interne des animaux et perturber leur comportement. Dès lors, des mesures ERC (Eviter, Réduire, Compenser) sont obligatoirement mises en place pour éviter, réduire et en dernier recours compenser les effets du parc éolien en mer sur la biodiversité marine. Ces mesures ERC sont mises en œuvre tout au long de la vie du projet, de la planification menée par l’Etat à la phase de conception détaillée durant laquelle les choix techniques sont pris par le porteur de projet.
Les principales mesures d’évitement sont :
- avant le choix de la zone soumise à procédure de mise en concurrence, durant la phase de planification, l’identification et la prise en compte des zones avec une présence importante d’individus pour choisir la zone qui sera soumise à procédure de mise en concurrence.
- après le choix de la zone soumise à procédure de mise en concurrence, la définition précise de la fréquentation du site par les mammifères marins avec des observations pendant un à deux ans sur la zone. Les cétacés sont généralement présents une partie de l’année seulement. Le calendrier des travaux est donc établi en prenant en compte les périodes de présence et d’absence afin de les programmer au maximum lorsque les cétacés sont absents.
Les principales mesures de réduction, pendant la phase de construction, sont :
- l’effarouchement à travers une augmentation progressive du niveau sonore (les animaux s’éloignent lorsqu’ils entendent les premiers bruits avant qu’ils ne deviennent plus forts) ;
- l’atténuation du bruit, par exemple, avec la mise en place d’un rideau de bulle autour de la fondation en cours d’installation.
Retour d’expérience : Une étude publiée en 2013 par l’Agence de l’Energie du Danemark a analysé l’impact du bruit sous-marin généré par la construction des fondations d’un parc éolien en mer sur les marsouins communs. Elle indique que les mesures d’atténuation de l’impact par effarouchement permettent de minimiser cet impact négatif : les observations de marsouins communs sont réduites de 99% en présence de ce dispositif (31 observations/4h quand le dispositif n’est pas actif contre 0,3/4h quand le dispositif fonctionne).
- Phase d’exploitation
En phase d’exploitation, le bruit généré par le fonctionnement du parc est moindre qu’en phase de construction, il provient du parc en lui-même et des bateaux utilisés pour la maintenance. D’après les études d’impact réalisées pour les projets de parc éolien en mer précédemment autorisés, du fait de la densité du trafic maritime dans la zone et des activités de pêche, les impacts acoustiques pressentis en phase d’exploitation seront proches de ceux préexistants du fait du trafic maritime. Les retours d’expériences de parcs en fonctionnement à l’étranger montrent que les mammifères marins se réapproprient rapidement la zone une fois les travaux terminés, en profitant de l’effet récif induit par les fondations. Ceci montre l’absence de gêne induite par le parc sur les mammifères sur l’ensemble de leurs gammes d’écoute, incluant les infrasons.
Les opérations de maintenance seront à l’origine de niveaux d’impact légèrement plus important. Néanmoins, les études d’impact réalisées pour les projets de parc éolien en mer précédemment autorisés ont conclu que pour les mammifères marins, les impacts acoustiques de toutes les opérations de maintenances seront faibles ou négligeables.
Pour plus d’informations, vous pouvez vous référer à:
- La fiche 7.1.1 “L’environnement”, du Dossier du Maître d’Ouvrage (voir en ligne) ;
- La fiche 8 “En quoi consiste la démarche “Éviter, Réduire, Compenser”? (voir en ligne) ;
- L’étude bibliographique réalisée par l’État et consultable sur le site Géolittoral (voir en ligne) ;
- L’étude publiée en 2013 par l’Agence de l’Energie du Danemark a analysé l’impact du bruit sous-marin généré par la construction des fondations d’un parc éolien en mer sur les marsouins communs ;
- La Synthèse des connaissances sur les impacts des câbles électriques sous-marins: Phases de travaux et d'exploitation. Etude du compartiment benthique et des ressources halieutiques (voir en ligne)
- L’étude d’impact réalisée pour le projet de parc éolien en mer de Dieppe-Le Tréport (voir en ligne).
Le Maître d'ouvrage.
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