Débat public - En mer, en Normandie : de nouvelles éoliennes ?
Débat public sur les futurs appels d'offres d'éoliennes en mer au large de la Normandie
A54 • Les éoliennes en mer représentent un danger pour les oiseaux
Publié
L’objet de la consultation est de définir la ou les zones susceptibles d’accueillir un ou des nouveaux champs éoliens en mer de la Manche. Le problème est relativement faussé car les secteurs disponibles étant relativement peu nombreux, choisir revient en fait à hiérarchiser et donc à définir l’ordre des futures implantations, s’il y en a plusieurs : ce qui fait que le choix n’a pas de pertinence sur le long terme.
S’il n’y a qu’une implantation : notre avis devient alors plus pertinent.
Évidemment, sur le plan de la biodiversité et, plus spécialement, sur le plan de la sauvegarde de l’avifaune, pour choisir il faudrait avoir des éléments : or, les zones pressenties sont à une distance telle du rivage que les données n’existent pratiquement pas et ce ne sont pas les rares sorties en avion déjà faites (SAMM) ou à venir qui peuvent donner une image acceptable de la réalité des stationnements et des passages des oiseaux dans ces secteurs. Il faudrait non seulement des sorties en avion, mais aussi en bateau, sur plusieurs cycles annuels et couvrant toutes les saisons. Il eut fallu en outre que l’inventaire ornithologique soit établi avant la consultation afin d’éclairer utilement les avis.
Quel est le contexte ? quelles informations directes ou plutôt indirectes sont à prendre en compte ?
1 – Il va y avoir à brève échéance trois champs éoliens en Normandie : Le Tréport, Fécamp et Courseulles, chacun étant situé à moins de 20 km du littoral.
Ces trois champs éoliens se trouvent dans la zone d’alimentation des oiseaux marins nicheurs des colonies cauchoises, des colonies du Bessin, de Saint-Marcouf et même des îles anglo-normandes, comme le montre les études des déplacements alimentaires des fous de Bassan nicheurs à Aurigny.
Ces trois champs éoliens recoupent perpendiculairement le flux migratoire des oiseaux qui suivent le littoral plus ou moins près (entre quelques centaines de mètres et quelques kilomètres du littoral) comme les sternes, les bernaches, etc… Il découle de cette observation que la prise en compte de la préservation des oiseaux doit nous conduire à ne pas ajouter un nouvel obstacle à ces groupes d’oiseaux migrateurs littoraux ou sublittoraux et que le prochain champ éolien doit être reporté le plus possible au large.
Par ailleurs, ces flux migratoires ayant tendance à se concentrer au large des caps, ce nouveau champ éolien ne doit pas être mis au large de la Pointe de Barfleur, haut-lieu de passage de la migration et des déplacements alimentaires (comme les fous d’Aurigny par exemple).
2 – il existe aussi un axe migratoire nord-sud qui relie directement le sud de l’Angleterre au nord du Cotentin qui doit nous conduire à ne pas mettre ce champ éolien dans les zones pressenties les plus occidentales.
3 – L’histoire nous montre que des mortalités importantes d’oiseaux, pas seulement marins mais surtout passereaux et limicoles (plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’individus) heurtant le phare de Gatteville ont eu lieu jusqu’à ce qu’un éclairage adapté du fût soit mis en place : toutes les éoliennes du futur champ éolien devront être ainsi éclairées (fûts et pales). Des études préventives devront être menées.
4 – Il est souvent énoncé qu’il n’y a pas ou qu’il ne pourrait pas y avoir de mesures compensatoires à l’établissement de champ d’éoliennes en mer. Ceci est une contre-vérité : les mesures com-pensatoires peuvent ne pas concerner ni les mêmes espaces, ni les mêmes espèces que celles qui sont impactées par un projet, quel qu’il soit. Il se trouve que ce sont, a priori, les oiseaux marins qui seront impactés ; il se trouve aussi que des colonies d’oiseaux de mer existent en Normandie, la plupart gérées par le GONm ; il se trouve que le GONm ne reçoit pratiquement aucune aide pour la gestion des réserves abritant des colonies d’oiseaux de mer en Normandie (Chausey, Jobourg, rade de Cherbourg, Saint-Marcouf, falaises du Bessin, Antifer, et Fécamp) : des mesures compensatoires pourraient parfaitement s’appliquer à cette gestion.
En conclusion, l’éventuel futur parc éolien ne devra pas se trouver à moins de 20 km des côtes ; il doit être éloigné de la Pointe de Barfleur ; il faut prévoir un éclairage adapté des éoliennes, cette préoccupation n’étant pas secondaire par rapport aux autres impératifs ; il faut prévoir des mesures compensatoires ; il faut d’ores et déjà mesurer les flux d’oiseaux mesurables depuis la terre et qui complèteront les éventuelles campagnes aériennes et marines, qui ne seront de toutes façons que ponctuelles, par des suivis de la migration à la mer (guet à la mer) standardisés et des arrivées des migrateurs nocturnes en particulier par des camps de baguage à la Pointe de Barfleur.
Signaler un problème
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: