Débat public - EOS
#DebatpublicEOS Projets de parcs éoliens flottants en Méditerranée
Q12 • Comment palier l'intermittence de l'éolien ?
Réponse publiée
L'éolien fournit une énergie par intermittence. Comment l'Etat prévoit de palier cette intermittence ? L'investissement dans l'éolien n'évite pas la nécessité d'investir dans un parc de centrales (gaz, nucléaire...) qui doivent prendre le relais pour produire notre énergie quand il n'y a pas de vent.
Le parc nucléaire est déjà un atout pour le climat puisqu'il n'émet pas de CO2, ne faut-il pas consacrer nos investissements à maintenir un parc nucléaire plus sûr et efficace plutôt que dans l'éolien qui devra se superposer à ces centrales ?
Réponse officielle :
La réponse de la maîtrise d'ouvrage :
- "L'éolien fournit une énergie par intermittence. Comment l'Etat prévoit de palier cette intermittence ? L'investissement dans l'éolien n'évite pas la nécessité d'investir dans un parc de centrales (gaz, nucléaire...) qui doivent prendre le relais pour produire notre énergie quand il n'y a pas de vent. "
Le terme intermittence renvoie à une image d’interrupteur on/off : allumé ou éteint, sans nuance d'intensité. Concernant la production électrique éolienne, il est plus approprié de parler d'énergie variable. Les éoliennes ne s'arrêtent pas brutalement de tourner, passant d'une production maximale à rien. Le vent n'étant pas constant, il peut souffler plus ou moins fort, voire pas du tout.
Il est à noter également que les vents sont plus constants en mer qu’à terre. Ainsi, étant donné les conditions de vent dans le Golfe du Lion, les éoliennes seront en mesure de produire de l’électricité, avec une puissance en sortie variable, près de 85% du temps.
Cette idée d’une nécessité d'investir dans un parc de centrales (gaz, nucléaire,...) afin de prendre le relais des parcs éoliens quand il n'y a pas de vent, bien que largement répandue, ne correspond pas à la réalité technique du système électrique français et européen. A travers le réseau de transport d’électricité, exploité en France par RTE, et ses nombreuses interconnexions européennes, tout parc éolien est en pratique couplé avec toutes les centrales électriques d’Europe continentale pré-existantes. Or, l’installation d’un parc éolien n’accroît pas les besoins en électricité des consommateurs : sa production va donc généralement se substituer à de la production pilotable existante.
Les parcs éoliens en Méditerranée ne seront pas les premiers parcs éoliens raccordés sur le réseau. Mi 2021, il y avait près de 18 GW d’éolien terrestre installé en France ; soit 13% de la puissance électrique installée en France. En ajoutant le photovoltaïque, on atteint 21%. RTE gère donc déjà une part importante de production variable. Bien que variable, cette production est largement prévisible, à un horizon de quelques heures à quelques jours. D’autre part, les variations se compensent souvent au niveau national ou européen, grâce au réseau de transport qui assure la solidarité inter-régionale et internationale.
Grâce aux mécanismes d’équilibrage mis en place en France et en Europe, le développement des énergies renouvelables en France conduit à une diminution globale des émissions de CO2 du système électrique : la production éolienne se substitue souvent à de la production thermique existante en France, ou à l’étranger quand la France exporte son électricité. Ainsi lorsqu’une éolienne fonctionne, son électricité se substitue pour 77 % à de l’électricité produite par des centrales thermiques utilisant des combustibles fossiles situées en France et à l’étranger (cf fiche n°11 https://eos.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EOS-DMO-Fiche-11.pdf)
- "Le parc nucléaire est déjà un atout pour le climat puisqu’il n'émet pas de CO2, ne faut-il pas consacrer nos investissements à maintenir un parc nucléaire plus sûr et efficace plutôt que dans l'éolien qui devra se superposer à ces centrales ?"
L’énergie nucléaire constitue un atout d’un point de vue des émissions de gaz à effet de serre mais sa forte proportion dans le mix énergétique français est aussi susceptible de dégrader la robustesse du système électrique. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rappelé à plusieurs reprises que la diversification du mix électrique visait aussi à renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité. Aussi, le parc nucléaire ayant été construit dans un laps de temps limité, la fin de vie des réacteurs constituant le parc actuel surviendra sur une période courte, sous la forme d’un « effet falaise ». Entre 2018 et 2035, 90 % de la capacité nucléaire dépassera les 40 ans, durée initiale de fonctionnement prévue par l’exploitant. Dans le cas d’une durée d’exploitation de 50 voire 60 ans autorisée par l’Autorité de sûreté nucléaire, le raisonnement est similaire. Par conséquent, et même si de nouvelles unités de production d’énergie nucléaire étaient installées, la construction d’installation d’énergies renouvelables, dont l’éolien en mer, est nécessaire pour anticiper cet « effet falaise » et diversifier la production électrique française.
Le facteur d’émission d’une centrale nucléaire française est estimé entre 6 et 12 g eq CO2/kWh, alors que le facteur d’émission des parcs éoliens en mer posés français est de l’ordre de 14 à 18 g eq CO2/kWh et celui des fermes pilotes d’éoliennes flottantes, de 36 g eq CO2/kWh en moyenne. Par comparaison, le facteur d’émission moyen en France est de 72 g eq CO2/kWh, un chiffre supérieur à celui lié à la production d’énergie éolienne en mer.
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