Débat public - EOS
#DebatpublicEOS Projets de parcs éoliens flottants en Méditerranée
A12 • Quand le ministère rêve ses TWh
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Dans mon avis « A9, Le Comptage Erroné Du Ministère » je démontre que le ministère de la transition écologique trompe le lecteur quand il affirme (page 2 du document de synthèse) que les 2,2 TWh selon lui escomptables d’un parc offshore de 500 MW couvriront les besoins de 950 000 habitants.
Il se trompe de presque un facteur 3 car il semble imaginer qu’en Occitanie les habitants restent cloitrés chez eux devant la télé, s’éclairent, lavent leur linge et surtout n’utilisent pas de pompe à chaleur pour se chauffer. Toutefois même ramené à 331 000 habitants le chiffre est encore certainement une exagération.
Cela pour deux raisons. Tout d’abord la production du parc comme celle de tous les parcs offshore ne sera pas « régulière » comme l’insinue de façon tendancieuse la vidéo introductrice du ministère. C’est précisément un des buts du projet EOLMED (voir l’avis « A7, Quel Est Le Sens De Cette Enquête Publique ? ») que de nous informer sur les fluctuations erratiques de cette production. Au gré des bourrasques incontrôlables du vent marin, comme pour tous les autres parcs offshore (voir les courbes dans mon avis à venir), la puissance livrée fluctuera violemment entre zéro et la puissance nominale de 500 MW. Or, les citoyens qui vivent et travaillent, tout comme les équipements industriels et commerciaux, ont besoin à tout instant – et non en moyenne annuelle – d’un approvisionnement électrique stable (50 Hz, 220 V). En Occitanie, ce sera l’apport contrôlable des centrales rhodaniennes et des barrages alpins ajouté à celui de Golfech qui, en servant de béquille énergétique à l’éolien, assurera que ces 331 000 habitants pourront conduire leur vie dans l’environnement électrique régulé qui leur est nécessaire. A lui seul le parc éolien flottant n’y arrivera pas.
La seconde raison tient au chiffre même de 2,2 TWh promis par le ministère. Celui-ci correspond à un facteur de charge annuel de 50,1 %. Or ce chiffre dépasse les performances moyennes pluriannuelles des meilleurs parcs offshore de la Mer du Nord et de l’Ecosse (bénéficiant pourtant des vents marins d’une latitude 20° plus au nord). Certaines années – 1ère partie de 2020 par exemple – ceux-ci ont pu faire mieux, mais l’année suivante compte tenu des fluctuations météo, sur la même période, leur production a été bien plus faible ramenant la moyenne sous les 50 %. En effet, quand on analyse la production de l’offshore existant on constate donc que d’une année à l’autre l’énergie produite peut être très différente. Donner au public le seul chiffre optimiste de 2,2 TWh relève soit d’un patriotisme naïf (nos petits français, bien qu’ils n’aient aujourd’hui aucune compétence dans l’offshore flottant, vont dompter les variations climatiques pluriannuelles pour immédiatement faire mieux que des parcs étrangers fonctionnant dans des conditions de vent optimales ; des parcs forts de plus d’une décennie d’expérience) soit d’une simplification hasardeuse qu’on n’attend certainement pas d’un organisme qui a le devoir d’informer honnêtement le public sur l’état de l’art. A nouveau, c’est précisément le but du projet EOLMED (approuvé il y a peu pour une durée de 20 ans, mais non encore fonctionnel) de nous informer sur la véritable capacité productive de l’éolien flottant en méditerranée.
Pourquoi donc fallait-il que le ministère de la transition écologique, qui n’a pas d’expérience particulière dans le domaine de l’éolien flottant, engage sa crédibilité sur les chiffres que lui souffle à l’oreille le lobby français de l’éolien (qui d’ailleurs lui non plus n’a pas d’expérience marquante dans cette technologie) ; sur des chiffres pour lesquels le ministère ne dispose donc d’aucune validation alors qu’il lui suffirait d’attendre les résultats du projet EOLMED qu’il a déjà approuvé et qu’il fait financer intégralement par le citoyen français ?
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