Débat public - EOS
#DebatpublicEOS Projets de parcs éoliens flottants en Méditerranée
A112 • Non à l'éolien, mais oui à l'importation de pétrole d'Arabie Saoudite
Publié
La ville des Saintes Maries de la Mer a récemment pris une délibération défavorable aux projets d'éoliennes en mer en Méditerranée "en face de la Camargue".
Que nous apprend cette délibération, et tous les avis déposés qui ont suivi cette délibération?
1/ qu'il est très difficile de faire prendre conscience aux citoyens et y compris aux élus que ces projets éoliens ne sont plus une option si nous voulons vraiment décarboner le mix énergétique français rapidement (l'urgence climatique est belle et bien là, ce n'est pas un abus de langage!).
Pourquoi ce n'est pas une option?
En France, la production d'électricité est décarbonée grâce au nucléaire et aux renouvelables, mais elle ne représente que 25% environ de la consommation finale d'énergie sur le territoire. Les 75% restants de la consommation sont de l'énergie fossile (pétrole, charbon, gaz). Au delà de leur rôle néfaste sur la pollution de l'air et leur rôle avéré dans le changement climatique, ces énergies fossiles rendent le pays ultra dépendant aux pays producteurs de pétrole (Arabie Saoudite en tête), et ultra déficitaire économiquement: la facture du pays liée aux importations de produits pétroliers varie entre 40 et 50 milliards par an selon le cours du pétrole !! Est-ce que le public se rend bien compte de ces chiffres?
L'enjeu de la transition énergétique n'est donc pas l'électricité, même si il y a le gros enjeu de la gestion de fin de vie des centrales nucléaires pour lesquelles EDF compte engager les premiers déclassements à partir de 2029, dans 8 ans donc, autrement dit demain...!), mais l'énergie: il faut électrifier nos usages et soulager notre besoin gargantuesque d'énergie fossile qui finance directement des pays tels que l'Arabie Saoudite, et nous rend extrêmement fragile car dépendant des autres (voir la situation du Royaume Uni ces derniers jours!).
Ainsi, conscient de cela, les élus et les citoyens pourraient se poser la question à deux fois avant d'être contre, pour être contre.
2/ qu'il n'est plus possible de développer des grands projets d'infrastructures sans une acceptation totale, y compris lorsque ces projets sont d'intérêt national (cf. point 1/). Le concept de "NIMBY" restera toujours présent et peu importe le projet, il y aura mille bonnes raisons de prévoir ce projet ailleurs, loin des yeux, loin de chez soi. Le pétrole nous a très mal habitué en cela: il est produit très loin, et les gaz d'échappement -nocifs- résultants de sa combustion sont invisibles et presque inodores... Peut-être que si ceux-ci étaient bien noirs, on serait forcé d'agir plus fortement. Malheureusement, la technologie a réussi à nous faire croire à leur innocuité de façade (pot catalytique, etc.).
Pour conclure, la question que je poserai est:
- chaque territoire étant grosso modo dépendant à 70% du pétrole, si vous souhaitez le remplacer en totalité (pour atteindre la neutralité carbone en 2050, objectif que tout le monde souhaite, non ?!) quels moyens êtes vous prêts à recevoir et déployer dans votre "périmètre vital": des éoliennes, des centrales solaires , une centrale nucléaire, une centrale biogaz, un barrage hydroélectrique? Si aucun projet ne correspond à vos critères, êtes vous prêts à vous passer entièrement d'énergie ?
La réduction de la consommation ne doit pas être oubliée, évidemment, mais elle ne doit pas être un argument systématique pour être contre ces projets, car elle va de paire avec la production bas carbone, les deux doivent avancer en parallèle, car que nous le voulions ou non, nous consommons tous beaucoup trop d'énergie.
Un débat public portant sur un projet spécifique d'énergie donne finalement une vision tronquée du contexte et fait croire au public que nous avons plein d'autres options sur la table. Malheureusement, nous n'en avons plus beaucoup, et le temps presse. Il faut engager la transition, en faisant des projets bas carbone qui ne seront jamais parfaits et sans impact, mais moins pires que l'importation massive de produits pétroliers que nous tolérons sans trop sourciller ("car on n'a pas le choix pour aller travailler"...) malgré son impact énorme sur la biodiversité et le changement climatique.
Ainsi, j'espère que la commission du débat public saura peser ce qui est important et d'intérêt majeur (le rôle de ces projets pour la transition énergétique), de ce qui l'est un peu moins (des considérations personnelles parfois hors sol).
Merci.
Signaler un problème
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: