Débat public - Plateforme photovoltaïque "Horizeo"
Projet de plateforme photovoltaïque à Saucats en Gironde
Q90 • Bilan carbone incomplet
Réponse publiée
Dans le document du maître d’ouvrage, il n’y a pas un mot sur les émissions de carbone d‘accompagnement du projet, pour les moments où le futur parc ne produit pas à pleine puissance, c’est-à-dire la nuit, lorsqu’il y a des nuages etc. C’est ce qu’on appelle le facteur de charge. Il est de 15 % pour le solaire en Aquitaine, c’est-à-dire qu’un parc solaire ne produit que 15 % de sa puissance maximale, en moyenne, mais de manière impulsive, et surtout quand le réseau n’en a pas besoin (les journées ensoleillées l’été…).
Le complément doit être réalisé avec des centrales capables de compenser très rapidement (à la vitesse où un nuage vient occulter les panneaux) la baisse de production, et en pratique ce sont des centrales à gaz ou à pétrole.
Autrement dit, cette puissance de 1 GW du projet va impulser de l’énergie de manière brutale et alternative dans le réseau, et devra être complétée en termes énergétique (en kWh) à hauteur de 85 % de la production totale par du gaz ou du pétrole, fortement émetteurs de carbone, surtout quand on les compare au nucléaire. Les batteries du projet auront une capacité négligeable vis-à-vis de ce problème. Autrement dit 1 kWh d’énergie solaire sera accompagné par 5,7 kWh d’énergie issue du gaz ou du pétrole (1/ (1+5.7) = 15 %).
Chipoter sur le carbone qui était dans les arbres, dans le sol, et qui sera réémis dans l’atmosphère, ou sur le carbone émis pour transporter ces panneaux depuis la Chine, n’est-ce pas simplement détourner l’attention sur une partie mineure du projet ? Même si à elle seule cette partie mineure devrait conduire à le rejeter en bloc ?
Question subsidiaire : comme les panneaux sont en capacité d’impulser brutalement une puissance de 1 GW dans le réseau dans le sud –ouest, pour ne pas déséquilibrer géographiquement et violemment le réseau, est-il prévu de construire une centrale à gaz ou à pétrole de même puissance à proximité, du côté de Saucats (comme une centrale à gaz a dû être construite en Bretagne pour pallier les à-coups induits par le futur parc éolien de la baie de Saint Brieuc) ?
Réponse officielle :
Réponse de la maîtrise d'ouvrage :
Bonjour,
Nous vous remercions pour votre question.
Le facteur de charge des parcs solaires en Nouvelle-Aquitaine est effectivement de 15% en moyenne. Ce facteur est bien le rapport entre l'énergie électrique produite par ces installations solaires sur une période et l'énergie qu'elles auraient produite si elle avait fonctionné à leur puissance nominale durant la même période. Comme vous le soulignez, la valeur de ce facteur de charge s’explique par le caractère variable de cette production photovoltaïque qui dépend de l’ensoleillement.
S’agissant de cette variabilité, et contrairement à une idée reçue particulièrement répandue, celle-ci ne s’accompagne pas d’un accroissement des émissions de carbone du secteur de la production électrique.
En effet, en France, l'augmentation de la part des énergies renouvelables variables dans le mix énergétique ces dernières années a contribué à la baisse des émissions de gaz à effet de serres comme le rappelle les bilans électriques annuels de RTE (https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilans-electriques-nationaux-et-regionaux). L'idée selon laquelle l'intermittence de l'éolien et du solaire nécessite un recours accru aux énergies fossiles n'est donc pas étayée. Contrairement à ces idées reçues, la production électrique via des moyens carbonés a diminué en Allemagne alors même que la part des énergies renouvelables a largement augmenté, compensant la baisse de la production nucléaire (décidée en 2000, et accélérée en 2011, suite à l’accident de Fukushima Daishi) et la baisse de la production électrique via le charbon et le lignite. Les émissions des gaz à effet de serre ont diminué de 25 % sur l’ensemble de la période 1990-2018 et de 16 % sur la période 2000-2018 (AGORA, Mars 2018 -« Insights from Germany’s Energiewende»).
Les facteurs d’émission de gaz à effet de serre de la production électrique diminuent bien dans les deux pays parallèlement à la forte pénétration des énergies renouvelables. La pratique confirme qu'il n'est donc pas nécessaire d'adosser de nouvelles capacités de production carbonées à la mise en service de nouvelles capacités d'électricité renouvelable.
RTE, qui gère 24h/24 l’équilibre entre production et consommation d’électricité en France, ajoute qu'avec le développement de l'énergie solaire et de l’éolien, il devient en effet nécessaire de s’adapter et gérer les variabilité de production. Néanmoins, ces énergies ne nécessitent pas le maintien de centrales de production à charbon ou à gaz pour en assurer le soutien (ou «back-up»).
D’après l’étude de RTE Futurs énergétiques 2050 (https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilan-previsionnel-2050-futurs-energetiques), divers scénarios avec fort développement des énergies renouvelables sont possibles et permettent d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050. La variabilité de la production du solaire ou de l’éolien peut être compensée par des moyens de flexibilité décarbonés (stockage, pilotage numérique de la demande et nouvelles centrales d’appoint à hydrogène par exemple) et leur intégration au système électrique nécessite de renforcer les réseaux (raccordement, transport et distribution). RTE restera en mesure d’assurer l’approvisionnement électrique à travers la France dans ces conditions.
En ce qui concerne le cas de la Bretagne que vous mentionnez, RTE ajoute que la construction de la centrale à cycle combiné à gaz de Landivisiau n’a pas été justifiée par le raccordement du parc éolien en mer de la Baie de Saint-Brieuc.
Nous restons à votre disposition,
L'équipe projet HORIZEO
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