Débat public - Liaison routière Fos-Salon
#DebatFosSalon Se déplacer demain dans l'ouest de l'étang de Berre : quelles perspectives ?
Q22 • À courir après le routier, on a toujours une infrastructure de retard ?
Réponse publiée
Question de M. Gonella reçue dans le Tchat zoom de la plénière de clôture du 20 janvier 2021 :
« Pourquoi, comme déjà s'y intéressèrent naguère, des ingénieurs des Ponts et Chaussées, tous devenus ingénieurs généraux, n'a-t-on pas mis au débat, le paradoxe de Braess, l'équilibre de Nash et le phénomène de Pigou, qui se résument en la phrase d'Hubert Peigné, IGPC, ancien directeur régional de l'équipement de la région Paca : À courir après le routier, on a toujours une infrastructure de retard.
Effectivement, dans des centaines de cas expérimentaux, l'ajout d'une infrastructure ou l'augmentation de capacité conduisirent à un accroissement des encombrements, tandis que leur réduction conduisit souvent à une diminution des encombrements routier et à un effet de dilution : souvent après la fermeture d'une infrastructure, puis sa réouverture, une bonne partie du trafic précédent disparaît par effet d'adaptation évolutive ; par exemple, en Suède, lors des embouteillages de week-end, tous les week-ends, on diminue la capacité des autoroutes et le trafic se fluidifie. Tous les cas expérimentaux, en particulier aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Suède et même en France à Bordeaux et à Lyon sont confortés par les théories mathématiques fondés sur le paradoxe de Braess, l'équilibre de Nash et le phénomène de Pigou (documentation scientifique disponible sur WeTranfer avec le lien : https://we.tl/t-365JdwjPYP. »
Réponse officielle :
Report et induction de déplacements
La réponse de la maîtrise d'ouvrage :
Les éléments mathématiques que vous rapportez renvoient, en matière de transport, à différents phénomènes connus de reports (d'itinéraire, de mode de transport, d'heure de départ, etc.) et d'induction (ou de désinduction) de la demande en déplacements. Appliqués à la route ces phénomènes se traduisent potentiellement par une augmentation (ou une diminution) du trafic et de la congestion routière consécutive à une augmentation (ou une diminution) de la capacité du réseau. Le paradoxe apparent repose principalement sur le fait que l'équilibre observé sur le système de transport, résultant de la mise en œuvre de stratégies individuelles de mobilité, n'est pas optimal du point de vue collectif. Dans ces conditions, une modification des caractéristiques du réseau peut entraîner des reconfigurations contradictoires par rapport aux effets escomptés. Le Cerema a produit une étude bibliographique visant à clarifier la notion de trafic induit et à présenter les méthodes actuellement utilisées pour le prendre en compte. Il réalise par ailleurs des retours d'expérience sur le sujet.
Concrètement les reconfigurations potentielles sont diverses et spécifiques à chaque cas de figure. Par exemple, dans le cas d'une augmentation de la capacité du réseau, comme la réalisation d'une nouvelle route ou l'augmentation de capacité d'une route existante :
- l'amélioration de la route peut attirer des trafics qui se réalisaient sur le réseau secondaire et conduire à une saturation de la route aménagée (report d'itinéraire),
- l'amélioration de la route peut conduire à un report modal au détriment des transports collectifs par exemple (report modal),
- certaines personnes qui se déplaçaient en dehors des heures de pointe pour éviter la congestion (en partant plus tôt par exemple), peuvent choisir de se déplacer en période de pointe, compte-tenu de l'amélioration des conditions de circulation (changement de l'heure de départ),
- certains déplacements initialement réalisés à proximité du domicile ou du lieu de travail peuvent se reporter vers d'autres lieux. Par exemple un déplacement vers un commerce de proximité peut se reporter sur une zone commerciale périphérique (changement de destination),
- l’amélioration du réseau peut permettre la réalisation de nouveaux déplacements, dans le cas où un besoin de mobilité était initialement non satisfait (mobilité empêchée),
- à long terme, d'autres facteurs peuvent également conduire à une modification de la demande de déplacements, comme le développement territorial ou la relocalisation de ménages ou d'entreprises résultant de l'amélioration l'accessibilité du territoire.
La prise en compte de ces phénomènes dans le projet de liaison Fos-Salon
Le sujet de l'induction de trafic a été abordé dans le cadre du débat public, notamment lors du forum thématique du 7 octobre consacré aux enjeux climatiques, suite à la présentation faite par Aurélien Bigo (doctorant au CREST). Sans entrer dans un débat d'experts, plusieurs points peuvent être relevés en ce qui concerne le projet de liaison Fos-Salon :
- le report d'itinéraire, principal phénomène à l’œuvre, est pris en compte dans le modèle de déplacement développé dans les études d'opportunité, qui montre une diminution de la congestion à la fois sur le réseau secondaire et sur la liaison Fos-Salon,
- les potentiels de report modal depuis les modes alternatifs vers la voiture individuelle sont faibles : la part des transports collectifs est seulement de 4% à l'échelle du territoire et une grande partie de ces déplacements est interne aux pôles urbains, de même que l'essentiel des déplacements réalisés à pied ou en vélo. Le projet de liaison Fos-Salon ne constitue donc pas une alternative concurrente à ces modes en milieu urbain,
- la relocalisation des entreprises et le développement territorial sont déjà intégrés dans la modélisation, dans la mesure où les hypothèses d'évolution du trafic tiennent compte des projets de développement territorial portés par les collectivités locales, ainsi que des perspectives de développement du GPMM et de l'activité logistique, qui dépendent d'ailleurs en partie de l'amélioration effective des conditions de circulation,
- les changements de destination liés aux mobilités pour le commerce et les loisirs sont potentiellement peu nombreux dans la mesure où les différents pôles urbains sont distants et bénéficient tous d'une offre commerciale importante,
- les déplacements empêchés et les changements d'horaires de départ n'ont pas été pris en compte, dans la mesure où ils sont difficiles à anticiper et à quantifier.
Lors des études à venir, un nouveau modèle de déplacements sera développé. L'opportunité de prendre ou non en compte des phénomènes supplémentaires en matière d'induction de trafic sera étudiée. Si l'analyse conduit à les prendre en compte, ils seront intégrés au modèle, sinon le choix de les négliger sera justifié.
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