Débat public - Liaison routière Fos-Salon
#DebatFosSalon Se déplacer demain dans l'ouest de l'étang de Berre : quelles perspectives ?
A12 • Plaidoyer pour une Crau authentique et protégée
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Avis de René Claret adressé à la Commission :
Monsieur Le Président,
Il y a quelques années à peine la Crau était classée par la Communauté Européenne « Seconde site à protéger en Europe ». La Crau mérite totale protection car elle est le seul delta fossile dans toute l’Europe.
Aujourd’hui, hélas, au vu de ce qu’il reste de notre pauvre Crau et de ce qu’on en a fait, on pourrait tout de suite lui décerner le Premier Prix de la France Moche ! L’esthétique et l’intégrité des lieux ont été pilonnées. Le patrimonial et le culturel ont été malmenés. La vieille tradition cravenque du Pastoralisme a été bien mise à mal. Même chose dans le domaine culturel : quand on pense que Frédéric Mistral a obtenu le Prix Nobel de Littérature, notamment grâce à cette magnifique épopée qu’est Mirèio, véritable hymne à la Crau et à la Camargue, dont l’héroïne est une jeune fille née dans un mas de Crau au pied des Alpilles … Plus proche de nous encore, dans le patrimoine littéraire de la Provence et de la France, toute l’œuvre poétique de Max-Philippe Delavouët plaide en faveur d’un total respect des lieux. On classe les « Maisons d’écrivains ». Il faudrait urgemment penser à classer aussi les « Sites d’écrivains ».
La Crau, biotipe unique en France et en Europe, est une zone de très haut intérêt faunistique et floristique. Elle abrite une avifaune des plus rarissimes, unique dans la France entière. Elle mérite bien mieux que d’être une fois de plus mutilée , amputée, dénaturée…Un tel patrimoine doit être mis à l’abri d’un nouveau saccage irréversible : il doit être totalement protégé.
De surcroît la Crau abrite une nappe phréatique qui est un bien essentiel, un bien vital, pour de nombreuses villes et de nombreux villages voisins. Réduire ou rayer de la carte des surfaces arrosables, chambouler les prairies et les canaux qui les desservent, ne peut que nuire à cette nappe qui est un bien commun irremplaçable. Dans les années à venir nos ressources en eau vont baisser à cause du réchauffement climatique. Il faut donc, dès aujourd’hui, protéger cette nappe phréatique qui est, et sera, de plus en plus sollicitée.
C’est avec la plus grande lucidité aussi qu’il faut observer que toute la partie Ouest de l’Etang de Berre, au cours du dernier siècle, a subi et subit encore des dommages gravissimes : décharge régionale d’ordures ménagères à Entressen pendant des décennies ; pétrochimie, polluante elle aussi, dévoreuse d’espaces naturels et de sous-sol avec les oléoducs et gazoducs ; plateformes hyper-trophiées dites « multimodales » mais où le train apparaît fort peu alors que pullulent les camions ; industries lourdes ; aciéries, etc. ; incinérateur régional à Fos… Tout ceci impacte très gravement la qualité de vie dans tout le secteur. Cancers et leucémies atteignent des taux très inquiétants, beaucoup plus élevés qu’ailleurs.
Jusqu’à quand accepterons-nous d’être menés ainsi aveuglement dans le mur ?
J’affirme haut et fort que la Crau, du moins ce qu’il en reste, doit être totalement protégée pour des raisons d’ordre esthétique, patrimonial, culturel, écologique et sanitaire. Notre cadre de vie est irremplaçable : on ne peut que refuser catégoriquement l’extension de Clésud et la liaison routière Fos-Salon.
Post-Scriptum et nota bene :
La ville de Miramas, (27 000 habitants) ne possède actuellement qu’un seul point de captage d’eau dans cette nappe phréatique de la Crau. Il est situé à l’ouest de la ville et assure aussi la desserte en eau de la ville de Saint-Chamas (10 000 habitants). On sait depuis des années qu’un second point de captage est indispensable pour ces deux villes dont la population ne cesse d’augmenter. Ce deuxième point de captage ne peut se situer qu’au nord de la ville de Miramas précisément dans cette zone menacée par des projets de « liaison routière » et « extension de plateforme »… Menacée d’autant plus qu’un grand périmètre de sécurité doit être respecté autour d’un point de captage. Le seul point de captage qui existe aujourd’hui est assez proche de la gare de triage de Miramas. Si par malheur une pollution grave se produisait dans le triage les deux villes seraient privées d’eau.
S’il y a une urgence absolue c’est bien de protéger totalement cette zone. La priorité sanitaire est la priorité absolue.
Respectueusement
René Claret
Comme disait Brecht : « Celui qui combat peut perdre, celui qui ne combat pas a déjà perdu ».
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