Débat public - Liaison routière Fos-Salon
#DebatFosSalon Se déplacer demain dans l'ouest de l'étang de Berre : quelles perspectives ?
A23 • Ce n’est pas un projet routier, ni un projet portuaire, mais un projet de territoire.
Publié
Avis à titre personnel de Marc REVERCHON (compagnie maritime La Méridionale, membre du CD GPMM), reçu par mail et support de son intervention lors de la plénière de clôture :
1- Quels arguments demandez-vous à l’État maître d’ouvrage de prendre en compte dans sa décision ?
Contrairement à ce qui a pu être soutenu, le projet de liaison routière Fos-Salon n’est pas un « couloir à camions » conçu pour les seuls besoins du port de Marseille-Fos : au niveau du contournement d’Istres, les trafics de poids lourds en relation avec la zone industrialo-portuaire, représentent environ un tiers seulement du total des camions.
C’est donc un itinéraire de déviation péri-urbain qui répond avant tout aux besoins de transport des marchandises pour les habitants du territoire et ses activités économiques internes, ainsi qu’aux impératifs de déplacement des personnes dans un contexte de faible offre de transports en commun et d’autosolisme dominant. Ce n’est pas un projet routier, ni un projet portuaire, mais un projet de territoire.
La réalisation de ce projet est indispensable et doit être conçue comme une opération globale d’aménagement intégrée dans son écosystème territorial : le but est d’augmenter la connexion entre les différents pôles urbains et économiques, d’améliorer la sécurité, la fluidité et l’insertion environnementale.
L’État et les collectivités compétentes en aménagement ne doivent pas reconduire les erreurs historiques : le constat actuel est en effet le résultat de l’étalement urbain non maîtrisé pour répondre aux besoins en logement et zones d’activités, et d’une politique de développement de grandes surfaces commerciales non contrôlée.
Certes, cette opération est aussi stratégique pour le développement du réseau d’entreprises industrielles, logistiques et portuaires qui représentent une grande partie des emplois des habitants de la zone (8 emplois sur 10 à Fos, et 7 sur 10 à Port-Saint-Louis) : « la bataille des ports se gagne à terre » et l’accès performant à l’hinterland est à cet égard primordial. On doit s’appuyer sur l’innovation et la digitalisation, et progressivement décarboner la mobilité et la rendre moins polluante. Et ce n’est pas une vision du monde futur que la pandémie actuelle renverrait à un monde du passé révolu.
L’enjeu est que la liaison Fos-Salon devienne le maillon apaisé d’une chaîne multimodale de déplacements, tant pour le fret que les personnes, en travaillant avec détermination sur la complémentarité entre le mode routier et les transports massifiés que sont le fer et le fluvial. Le report modal ne se décrète pas ; il se construit avec ténacité.
Il faut veiller à la cohérence de conception et du calendrier de réalisation des projets destinés à achever enfin le maillage en infrastructures et services de la zone (déviation de Port-de-Bouc, doublement de la RD 268, traitement des giratoires, chantier multimodaux, offre de service public de fret ferroviaire, TCSP ou sur BAU, pôles d’échanges, etc.).
La séquence de conception qui paraît la plus appropriée à ce stade, et financièrement raisonnable, est un barreau concédé de prolongement autoroutier selon la variante A, une section centrale en voie express à 2*2 voies et échangeurs dénivelés, un raccordement à la RN 568 par une 1*2 voie le long de la voie ferrée, et l’amélioration des voies portuaires.
2- Quelles recommandations souhaitez-vous faire pour la suite de la concertation sur le projet ?
Malgré les perturbations liées au contexte, le débat a été riche et ne doit pas s’interrompre aujourd’hui : il faut construire l’avenir. S’il décide de poursuivre, le maître d’ouvrage doit revenir régulièrement expliquer ses choix, et son calendrier, et constituer avec les collectivités locales une instance de suivi des projets qui concourront au développement durable du territoire ; pourquoi pas un Comité de pilotage comme pour la LNPCA, avec le concours d’un garant désigné par la CNDP.
Signaler un problème
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: