Débat public - Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
#debatPNGMDR Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
A296 • Dechets de haute activité en souterrain: Ne nous précipitons pas
Retenue
Pour les déchets de haute activité, les études conduites partout dans le monde sur leur devenir concluent à une solution de stockage profond comme étant la mieux adaptée. La France a conduit ces études de façon indépendante et en a tiré la même conclusion (loi de 2006).
La véritable question qui se pose et qui relève du débat public est de déterminer quand cette solution a besoin d’être mise en œuvre, pour quels déchets, et avec quelles ressources.
1) Quand ? Depuis 40 ans, en France, on a toujours envisagé de « stocker au plus tôt », pour des raisons diverses (cela va du manque de place en surface pour les entreposer à la volonté d’en finir au plus vite, en passant par le besoin de démontrer que la filière sait gérer ses déchets pour envisager de futurs parcs nucléaires, etc…). Il faut se poser la question de la pertinence de cette option. Trois
pistes :
- Ces déchets dégagent de la chaleur. Les stocker « tout de suite » exige de les espacer considérablement pour éviter les montées inacceptables en température. Cela conduit à stériliser de grandes emprises de terrain, en surface, en profondeur et à déstructurer le sous-sol et aussi la surface du fait des déblais. Pour éclairer la décision, des études complémentaires sont à lancer : A quoi ressemblerait le stockage si on démarre le stockage dans 2, 3, 4 siècles avec des déchets qui auront perdu tout ou partie de leur puissance thermique (car ils la perdent avec le temps) ?
- La proposition actuelle de démarrer au plus tôt les travaux conduirait à maintenir cette installation souterraine ouverte, en stockant les déchets au fur et a mesure de leur production (moyennant une courte période d’entreposage de quelques dizaines d’années), pendant une très longue période de plusieurs siècles. On pourrait étudier des alternatives à cette proposition, comme par exemple concentrer l’ouverture sur une durée de l’ordre de 80-100 ans, faire un bilan avantage/inconvénient avant de prendre dès maintenant une décision irrévocable.
- La question de l’acceptation de ce projet de stockage est primordiale. Il n’y a absolument aucune urgence technique ou économique à mettre en œuvre ce projet maintenant ; les déchets concernés sont de faible volume, ils sont entreposés en pleine maitrise technique en subsurface, perdent régulièrement de leur pouvoir thermique et se « bonifient » donc avec le temps. Donner l’impression que le projet se fait dans l’urgence est anxiogène. Le lancement et le maintien d’études visant des alternatives (laser ou autres) au stockage souterrain, même si certaines ont déjà été conduites dans le passé, seraient de nature à éclairer à nouveau le débat et à apporter des informations au public nouveau
2) Quels déchets sont concernés par le stockage ? Les études actuelles sont limitées aux déchets issus du parc actuel de centrales françaises. La perspective du renouvellement du parc actuel (rendu vraisemblablement nécessaire pour véritablement lutter contre le réchauffement climatique) exige de réétudier tous les inventaires de déchets, avec les options dans lesquelles le tri/recyclage avec confection de déchets vitrifiés est maintenu ou pas, avec aussi la question de la fin de l’activité nucléaire ( et ses conséquences comme la gestion des transuraniens). Il n’y aura pas plusieurs stockages souterrains de déchets en France aussi est-il bien nécessaire de planifier les déchets qui pourraient y être acceptés. Nécessité également d’évaluer la véritable capacité volumique et radiologique du site de Bure. Sur ce sujet des études complémentaires sont à lancer.
3) Quelles ressources ? La loi de 2006 prévoit que les provisions financières soient faites dans les comptes des entreprises concernées, selon le principe du pollueur-payeur. Si on veut véritablement étudier des alternatives à la solution de « stockage au plus tôt », et envisager, pourquoi pas, un stockage plus tardif, la gestion financière ne peut raisonnablement rester au sein des entreprises mais elle doit être confiée à l’Etat. On pourrait envisager de placer au sein des organismes d’Etat (genre CDC), dès maintenant, des actifs réels dédiés aux déchets et utilisés le moment venu lorsque la décision sera prise de mettre en œuvre une solution (à ce sujet l’or a montré au cours des millénaires passés que sa valeur se maintenait au cours du temps).
Conclusion : L’option présentée par l’Andra aujourd’hui, est une avancée intéressante. Elle a maintenant besoin d’être complétée par l’étude de différentes alternatives avant une mise en œuvre de stockage souterrain:
- prise en compte de tous les déchets de haute activité du nucléaire (présents et à venir), car il n’y aura pas de second stockage souterrain,
- études cout/bénéfice d’une mise en œuvre plus tardive du stockage, (bénéfice économique, environnemental, sociétal, etc…)
- études en continu d’alternatives au stockage,
-études alternatives de son mode de financement par notamment la reprise de la loi de 2006.
Signaler un problème
Ce contenu est-il inapproprié ?
Partager: