Débat public - Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
#debatPNGMDR Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
A378 • Retraiter les combustibles usés facilite la démonstration de sûreté du stockage géologique
Retenue
Lors de la réunion PNGMDR du 11 septembre 2019 consacrée aux coûts et au financement de la gestion des déchets radioactifs, les Pouvoirs Publics, en l’occurrence la DGEC, ont été interpellés sur la pertinence du retraitement des combustibles usés de la production d’électricité électronucléaire. En substance, la réponse de la DGEC a été que, s’il avait historiquement été motivé par le besoin en plutonium pour la bombe atomique et pour le fonctionnement des réacteurs à neutrons rapides, le retraitement était aujourd’hui justifié par :
• la récupération du plutonium pour une réutilisation en réacteurs sous forme de combustible MOX, même en l’absence de perspective de développement de réacteurs de génération IV ;
• la récupération de l’uranium et la possibilité de sa réutilisation en combustible URE, même si cette réutilisation reste et restera marginale ;
• sachant que la pertinence économique du retraitement n’est pas évidente à établir ou à dénoncer.
Sur le dernier point, la DGEC expliquait, en effet, que les calculs économiques du cycle du combustible, en France comme à l’étranger, montraient probablement un léger désavantage au retraitement, avec, par ailleurs, des incertitudes importantes sur les hypothèses nécessaires à ce calcul. Selon les hypothèses retenues de toute bonne foi, la balance peut pencher d’un côté comme de l’autre. Un autre participant au débat, salarié d’Orano, avançait en séance une valeur de 10 à 20% pour l’incertitude sur ce calcul économique, fourchette que confirme également l’auteur de ces lignes, salarié d’EDF, pour avoir lui-même réalisé de tels calculs il y a quelques années. Bref, actuellement et pour sans doute encore longtemps, aucun calcul économique robuste ne permet de dénoncer la stratégie du retraitement du combustible usé.
La justification industrielle au retraitement avancée le 11 septembre par la DGEC est pauvre. Comme on l’a vu, elle conduit à tenter de s’en remettre au calcul économique pour trancher ce débat, sans succès. Ce faisant, la DGEC omet un intérêt majeure du retraitement, qui est la préparation des déchets HAVL à leur stockage géologique. En effet :
• Le comportement à très long terme d’un déchet vitrifié est plus facile à prévoir que celui d’un combustible usé. D’un côté, il s’agit de projeter dans le temps le comportement d’un déchet homogène, au comportement chimique établi, simple et robuste ; de l’autre, il s’agit de spéculer sur le comportement d’un déchet hétérogène et dont la composition est très variable d’un combustible à l’autre. Cette différence majeure, régulièrement pointée par la Commission Nationale d’Evaluation (CNE), conduit à prévoir pour le stockage direct des conteneurs de stockage en acier – stockage dans l’argile – ou en cuivre – stockage dans le granite – dont le coût et les conditions d’exploitation – fabrication, construction, remplissage, fermeture, manutention, et même réversibilité – sont autrement plus lourdes que pour les déchets vitrifiés.
• Le comportement à court terme des combustibles usés pose déjà problème à certains pays – les Etats-Unis d’Amérique, notamment. En effet, le reconditionnement de ces combustibles, entreposés à sec en conteneurs provisoires ou en piscine, ou encore nécessaire préalablement à leur stockage géologique, se heurte à d’importantes disparités dans leur évolution physique. Constatées après seulement quelques dizaines d’années d’entreposage, ces disparités nécessitent ou nécessiteront la mise en œuvre des dispositions complexes et coûteuses pour ces reprises de conditionnement, qui n’auraient pas été nécessaires dans le cas d’un retraitement peu après sortie de réacteur.
Bref, l’intérêt industriel majeur du retraitement des combustibles usés est d’améliorer la démonstration de sûreté à long terme du stockage géologique, en la rendant plus simple, plus robuste et plus convaincante. Par ailleurs, il simplifie les opérations préparatoires à la mise en stockage.
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