Débat public - Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
#debatPNGMDR Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
A413 • Sur les sujets des déchets et du recyclage, il faut aussi comparer les modes de production d’électricité entre eux
Retenue
De manière générale, la comparaison de l’énergie nucléaire avec les autres moyens de produire de l’électricité montre que l’énergie nucléaire produit très peu de déchets et permet un véritable recyclage des matières non consommées. Le raisonnement se base sur la "densité énergétique" des matières premières. Avec l’énergie nucléaire, on produit beaucoup d’énergie avec très peu de matière fissile. En conséquence, on produit aussi très peu de déchets et les impacts sur l’environnement sont aussi considérablement réduits.
Par ailleurs, contrairement à d’autres modes de production d’électricité, notamment certains modes de production renouvelables, le recyclage des matières dans l’énergie nucléaire est une réalité industrielle en France. Il concerne pour le moment tout le plutonium et l’uranium des combustibles à base d’uranium. Des solutions existent pour étendre ce recyclage à toutes les matières. Pour les mettre en œuvre, il est essentiel de continuer à financer les recherches dans le domaine et notamment sur les réacteurs RNR de quatrième génération. Ces réacteurs permettront la mise en place d’un véritable nucléaire « durable », selon les trois piliers classiques du développement durable : préservation des ressources, réduction des déchets et coût économique acceptable. Les réacteurs de quatrième génération pourront prendre à terme le relais des réacteurs actuels et produire de l’électricité jusqu’à l’horizon très lointain et très incertain de l’avènement d’un nouveau mode de production encore plus efficace du point de vue des déchets et du recyclage (probablement les réacteurs de fusion à confinement magnétique). Enfin, concernant les déchets nucléaires qui resteront, des solutions efficaces existent d’ores et déjà pour les gérer en toute sûreté jusqu’à leur décroissance complète.
Prenons comme exemple la comparaison avec le charbon. On peut calculer l’équivalence énergétique suivante : un gramme d’uranium dans un réacteur nucléaire actuel permet de produire environ 15 000 fois plus d’énergie qu’un gramme de charbon. Ce facteur représente plus de quatre ordres de grandeur et est considérable. Ainsi, pour alimenter un réacteur nucléaire d’une puissance 1 GWé pendant un an, il faut extraire environ 200 tonnes d’uranium par an alors que pour alimenter un réacteur thermique au charbon de même puissance, il faut extraire plus de 3 millions de tonnes de charbon par an (on a considéré dans les deux cas un rendement énergétique de 35%). En termes de transport de matière première, on a donc besoin de 5 camions de 38 tonnes pour alimenter une centrale nucléaire pendant 1 an et de 81 000 camions pour une centrale au charbon !
Et avec les RNR de quatrième génération ? Les estimations donnent une réduction supplémentaire d’au moins d’un facteur 50 de la consommation en uranium. Il n’y aura donc plus besoin que de deux camionnettes de 3,5t pour transporter la matière première.
Quant aux déchets, un réacteur nucléaire de 1 GWé par an en produit par fission environ une tonne par an, alors qu’une centrale au charbon produit par combustion 300 000 tonnes de cendres (et 10 millions de tonnes de CO2). Évidemment, les déchets ne sont pas de même nature et les déchets nucléaires, très radioactifs, doivent être entreposés dans des conteneurs et des conditions spécifiques de façon à garantir à la fois leur confinement et leur refroidissement. C’est bien ce qui est fait actuellement en France et à une échelle industrielle : les déchets de fission les plus radioactifs sont traités à la Hague et confinés dans une matrice de verre dans des entrepôts où la chaleur est évacuée par convection naturelle. Cette solution est temporaire, en attente de la mise en service d’un stockage définitif dans une couche géologique profonde d’argilite. Il garantira le confinement des radionucléides sur des temps géologiques et l’évacuation de leur puissance thermique, comme l’a montré la R&D qui a été réalisée depuis plus de 35 ans. Il peut néanmoins apparaître d’une complexité inédite compte-tenu du travail d’extrême précision qui devra être réalisé dans des conditions souterraines difficiles. Mais là encore, il faut relativiser par rapport aux faibles flux de déchets qui y sont destinés. Les solutions existent et on peut encore sûrement les optimiser.
Sur tous ces aspects et sur bien d’autres encore, émission de gaz à effet de serre, utilisation de polluants chimiques, occupation des sols, … la comparaison des modes de production d’électricité doit être faite en amont des débats. Toute discussion dans l’absolu sur les sujets des déchets et du recyclage, restreinte à un seul mode de production, ne pourra être que stérile, les uns dénonçant des inconvénients qui ne peuvent pas être comparés avec les avantages mis en avant par les autres. Une fois la comparaison réalisée et objectivée, les débats doivent se recentrer sur les sujets politiques, sociétaux et éthiques plus spécifiques au mode de production et sur lesquels ils sont indispensables.
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