Débat public - Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
#debatPNGMDR Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
A139 • Contribution et réflexions de M. Christophe VALLAT sur la valorisation des matériaux de très faible activité (TFA).
Retenue
Bonjour,
Je souhaite attirer votre attention sur le cas très particulier de l’usine Eurodif (Georges Besse 1) dont le démantèlement devrait débuter aux alentours de 2025.
Ce cas "très particulier" par sa volumétrie et l'homogénéité de ses déchets générera environ 150 000 t d’acier très faiblement contaminées (1.7 Bq/g en moyenne), soit pour comparaison 15 tours Eiffel. Parmi elles, 140 000 t sont valorisables.
Il me semble important que l'ensemble des acteurs de la société civile s’intéresse aux solutions de valorisation et de recyclage de ces aciers. Au-delà d'un débat d'experts, il s'agit d'un réel et pressant enjeux de société qui nécessite de s'interroger dès maintenant sur leurs devenirs. Il faut se tourner dès à présent vers de nouvelles solutions alternatives plus pertinentes, plus efficaces et surtout plus écologiques que le stockage, seule solution retenue en France à ce jour.
C'est pour cela que le collège des Syndicats de la CLIGEET a proposé lors de la séance plénière du 21 Juin 2012 la création d'un four de fusion décontaminante dédié sur le site du Tricastin afin de décontaminer, densifier, recycler et valoriser cet acier.
L'ASN a d'ailleurs déclaré que le scénario de stockage de ces déchets au sein du CIRES n’est pas idéal. Il ne correspond pas aux préconisations inscrites dans le code de l’environnement qui visent à s’engager vers la réduction du volume des déchets et leur nocivité.
Il est bon de préciser qu’il n’est pas question de valoriser, recycler ou libérer des déchets TFA mais des matériaux décontaminés ISSUS de déchets TFA. Il va de soi, et c’est la loi, que tout déchet ou considéré comme tel doit être stocké à l’Andra.
Cette proposition a aussi plusieurs "intérêts économiques" dans le sens de : "qui permet d'économiser".
Economie de la ressource rare des centres de stockage par la réduction des volumes à stocker :
Dans le cas d'Eurodif, les déchets ultimes après fusion ne représenteraient plus qu'environ 7% du volume initial.
Economie des ressources naturelles :
Pour produire 140 000 t d'acier neuf, il faut prélever dans les ressources naturelles 200 000 t de minerai de fer, 85 000 t de coke (charbon), 165 000 m³ d'eau (consommation annuelle de 3 000 personnes). Il faut utiliser 950 MWh d’électricité (consommation annuelle de 92 000 personnes) mais aussi rejeter dans l’atmosphère 156 300 t de CO2.
Economie écologique des transports vers le CIRES :
Situé à plus de 500 km du Tricastin, il faudrait 2 à 3 transports routiers par jour pendant 23 ans, plus de 6 millions de km pour transporter cet acier.
Eurodif située à proximité du canal navigable du Rhône (Donzère/Mondragon), dispose d’un réseau ferroviaire. Implantée au cœur du plus grand site nucléaire européen qui est un bassin de compétences depuis plus de 50 ans dans lequel de nombreuses installations seront à démanteler. Cette usine ne pourrait-elle pas être un site pilote en termes de fusion/recyclage et en fonction d'un retour d'expérience, servir au recyclage d'autres installations nucléaires ?
Je voudrais citer les propos de M. REPUSSARD, Directeur Général de l'IRSN de 2003 à 2016, propos émis lors de ses vœux le 12 Janvier 2015 et développés dans un rapport de l’IRSN intitulé : Déchets radioactifs de très faible activité : La doctrine doit-elle évoluer ? Réflexions de l’IRSN pour une gestion pérenne, équitable et responsable.
M. REPUSSARD a parlé de défi concernant la radioprotection en raison « des très grandes opérations de démantèlement et d'assainissement de sites qui sont devant nous ».
Selon lui, « la question qui se pose est celle du traitement des déchets et des procédures de stockage de grandes quantités de matériaux qui ne comportent que des traces de radioactivité ».
Il a rajouté « qu’il faudra revoir la doctrine française actuelle en la matière, doctrine qui ne fixe pas de seuil de libération pour de tels déchets, lesquels ne présentent pas de risque particulier lié à la radioactivité ».
Il s'interroge toutefois sur la capacité de notre pays à traiter ce dossier. « Pouvons-nous avancer sur de tels problèmes sans soulever des polémiques stériles au sein de la société et de l'industrie qui brisent un effort de recherche d'une solution raisonnable ? »
La réponse viendra de la transparence veut croire M. REPUSSARD.
Pour conclure, je pense également que la solution viendra de la transparence ainsi que du niveau d'information et de participation de tous les acteurs, tant au niveau des choix à venir que des possibilités de regard et de contrôle que devra avoir la société civile sur ces matériaux recyclés.
Par ailleurs, il serait d'un grand intérêt de connaître l'avis de représentants d'Associations de Protection de la Nature et de l'Environnement et/ou de la société civile de pays ayant une filière de recyclage de métalliques TFA tels que l'Allemagne ou la Suède par exemple.
Cordialement,
M. Christophe VALLAT
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