Débat public - Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
#debatPNGMDR Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
A257 • Les déchets radioactifs en question...ou l'histoire du lampadaire
Retenue
Beaucoup d'entre nous connaissent l'histoire de la personne qui cherche ses clefs sous un lampadaire. Un passant s'approche, et se met à chercher avec lui, jusqu'à lui demander s'il est certain d'avoir perdu ses clefs à cet endroit. Ben non, lui répond-il, mais c'est là qu'il y a de la lumière !
J'ai furieusement l'impression de revivre cette histoire au moment où le débat sur le plan national de gestion des matières et déchets radioactifs est lancé en France, enfin quand il n'est pas empêché par l'idéologie ambiante de se dérouler démocratiquement, comme dernièrement à Lille... mais à propos, de quoi s'agit-il ? Parlons des faits, et donnons quelques ordres de grandeur...
Selon les données de l'ADEME, que l'on ne peut guère accuser d'être pro-nucléaire, environ 2500 kg de déchets industriels sont produits en France par an et par habitant, parmi lesquels 150 kg sont classés par l'agence comme "déchets dangereux" (on y trouve par exemple des déchets chimiques toxiques, chargés d'arsenic ou de métaux lourds). Assez peu de publications, et en tout cas pas de "plan national de gestion" soumis au débat public pour ces 150 kg, si ce n'est, parmi eux, 2 kg de déchets radioactifs (85% produits par l'industrie nucléaire elle-même, et 15% par d'autres producteurs, en particulier les hôpitaux). Ces 2kg par an et par habitant sont tous identifiés, quantifiés, et gérés de manière différenciée en fonction de leur type de radioactivité et de leur durée de vie. Leur gestion est transparente et contrôlée, y compris sur les coûts, qui sont provisionnés intégralement par les producteurs sous le contrôle de la Cour des Comptes, et que nous payons déjà dans notre facture d’électricité ! Parmi ces 2 kg par an et par habitant, 100g sont à vie longue (une petite boîte de conserve !), dont 10g de haute radioactivité (un dé à coudre !). Ce sont ces 100g qui sont destinés au stockage géologique en profondeur dans de l'argile imperméable, le fameux projet "Cigeo". Quant au démantèlement des installations nucléaires, là aussi déjà provisionné dans les coûts des producteurs, audités régulièrement, comme ce devrait être le cas pour toute activité industrielle, il fait appel à des techniques aujourd'hui maîtrisées, et déjà utilisées à l'échelle industrielle tant en Europe qu'aux États Unis.
La préoccupation engendrée par les "déchets du nucléaire" est légitime, bien sûr, et le niveau d'exigence doit être à la hauteur de cette préoccupation, mais les discours alarmistes de nombreuses associations anti-nucléaires ne font qu'exploiter des peurs irrationnelles sans fondement sérieux... Et si nos vrais sujets environnementaux n'étaient pas « sous le lampadaire » ?
Claude Jaouen, consultant indépendant, vice-président de l'association "Voix du Nucléaire"
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