Débat public - Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
#debatPNGMDR Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
A265 • Ce qui a été extrait du sous-sol doit y retourner.
Retenue
L’industrie nucléaire s’inspire du fait que des minerais radioactifs étaient confinés de façon naturelle depuis que la terre existe, sans causer de dommages à l’humanité.
Or, tout processus industriel produit des déchets, doit les maîtriser et donc :
1-minimiser les volumes : récupérer, trier, réutiliser ce qui est possible. C’est plus facile de trouver des solutions de stockage pour un volume réduit de déchets ultimes que pour de très grandes quantités.
2- diminuer le risque potentiel. C’est le risque attaché à un passage considéré comme quasi-immédiat dans l’eau que nous buvons et l’air que nous respirons. C’est un risque théorique, mais qui permet de décider où focaliser les efforts. Avec un tel critère, il faudrait arrêter immédiatement la fabrication de produits chimiques dont chaque année la fabrication mondiale correspond à plusieurs milliers des Mds de doses létales par inhalation - chlore, phosgène, ammoniac, cyanure d’hydrogène-, ou à plusieurs Mds de doses létales par ingestion - arsenic ou baryum.
3-réduire le risque résiduel, ou danger réel. C’est le risque attaché au passage dans l’air et l’eau, et qui peut donc avoir un effet sur la santé. C’est par des barrières multiples et un confinement adapté qu’on réduit ce risque. C’est d’ailleurs ce qui est retenu pour tous les déchets industriels dangereux, dont la toxicité ne diminue pas avec le temps, car ce sont des corps stables. Il est donc nécessaire que leur concentration reste dans des limites voisines de ce qui existe déjà dans la nature s’ils reviennent, le cas échéant, dans l’air ou l’eau.
La toxicité d’un élément radioactif n’est pas liée à sa durée de vie : l’uranium ou le thorium existent abondamment dans la croûte terrestre (respectivement 50 000 et 160 000 MdsT), alors qu’ils sont émetteurs radioactifs alpha, avec des demi-vies respectives de 4,7 et 14 Mds d’année.
Pour les déchets nucléaires prévus à BURES, le retraitement a pour but de les trier, afin d’en réutiliser certains, comme le plutonium dans les réacteurs actuels, et davantage dans les futurs (Génération IV). On réduira ainsi fortement le risque potentiel.
Pour la réduction du risque résiduel, on cherche à recopier la nature, en créant des sites souterrains qui se rapprocheront de gisements miniers. Toutes les études géologiques montrent que le plutonium et les actinides contenus dans ces déchets sont des corps lourds qui migrent très peu, même en présence d’eau, et qui ne pourraient éventuellement remonter à la surface qu’après plusieurs dizaines de millénaires, après donc avoir perdu fortement leur toxicité, sous forme de traces infimes, très inférieures à de nombreux corps radioactifs existant sur terre. Il faut noter que ces corps ont des vitesses de migration inférieures au liquide dans lequel ils se trouveraient, car ils ont tendance à se fixer sur les roches parcourues par adsorption. Leur déplacement est alors très inférieur (plusieurs milliers de fois !) à celui de l’eau.
Ainsi, le site d’OKLO (GABON) est instructif. Une réaction naturelle entre de l’uranium et de l’eau, a émis des produits radioactifs, dont du plutonium, il y a un Mds d’années. Ceux-ci sont restés sur place dans la structure argileuse du site, jusqu’à nos jours.
Les déchets qui seront stockés dans le site de BURES ( surface 15 km2, profondeur 500 m) auront une radiotoxicité potentielle (risque principal par ingestion de radioéléments) inférieure de 50% au bout de 5 siècles à ceux des corps radioactifs naturels se trouvant entre le sol et les installations de stockage (risque principal par inhalation de gaz comme le radon ou le thoron), et inférieure de 90% au bout de 10 siècles. Or LE LOUVRE ou NOTRE DAME de PARIS existent depuis plus de 8 siècles.
G CHARPAK, prix Nobel de Physique, membre de l’Académie des Sciences concluait : « La quantité de radioactivité que nous allons devoir enfouir en 100 ans représente, pour une couche terrestre de 500 mètres d’épaisseur, une faible fraction de la radioactivité qui s’y trouve, du fait des radioéléments naturels et de leurs descendants, uranium, thorium, radium,… »
M BOITEUX, ex Pdt D’EDF et membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, résumait ainsi (le lecteur pourra à sa guise remplacer le « Bon Dieu » par le « Big Bang » !) : « Lorsque la Terre a été créée, c’était une énorme boule radioactive... Mais il reste encore des déchets radioactifs… que le Bon Dieu nous a laissés négligemment sous les pieds. Le problème avec nos propres déchets, c'est d'essayer de faire aussi bien que Lui…nous avons sous nos pieds des déchets à long terme qui datent de la création du monde. Nous ne faisons qu'en rajouter un peu... Les déchets mondiaux cumulés depuis que le nucléaire civil existe, cela équivaut à deux mois et 1/4 de diminution naturelle de la radioactivité du globe… Ce n’est plus un problème moral, c’est un problème technique. Les ingénieurs y pourvoiront. »
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