Débat public - Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
#debatPNGMDR Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs
C27 • Contribution n°8 : "Que faire des déchets TFA issus des opérations de démantèlement des sites nucléaires ? Les sujets de débat", Jacques Repussard
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La volumétrie des déchets potentiellement TFA (Très Faible Activité) issus du démantèlement à venir des INB (Installations Nucléaires de Base) impose de rechercher des solutions innovantes, adaptées aux risques, et équitables. Ceci impose d’évoquer 3 sujets principaux, au regard de 4 critères :
Devenir des sites nucléaires : Le « retour à la nature » de ces sites paraît hors d’atteinte à cause de la difficulté d’éliminer toutes les sources de pollution, et de la durée du démantèlement, qui nécessite un équilibre socio-économique viable. La gestion sur site de certains TFA devient lors une option.
Réglementation : Le débat public doit autoriser un questionnement sur les modalités d’encadrement des TFA et des sites après démantèlement, faute de quoi l’enjeu du débat se restreint à l’extension du CIRES. Certains aménagements, d’application limitée au démantèlement, des Codes de l’Environnement et de la Santé publique permettraient par exemple de classer déchets conventionnels voire valorisables certains déchets issus de « zones nucléaires » après contrôle radiologique.
Recyclage de matériaux valorisables : Si le réemploi des bétons paraît peu attractif celui des métaux de grande valeur et présents en quantités s’impose comme enjeu majeur. Leur volume en conditionnement TFA équivaut à la capacité du CIRES. Une décontamination poussée, suivie d’une fusion dans une installation dédiée associée à un contrôle radiologique permettrait une production industrielle de produits ne requérant pas de traçabilité ultérieure.
Critères d’analyse
Risque radiologique
Le risque radiologique est central pour les parties prenantes. Pourtant le risque sanitaire induit par les rayonnements émis par des déchets TFA est extrêmement faible par rapport à l’exposition à la radioactivité naturelle.
Reflétant l’état des connaissances ainsi que l’attente sociétale de forte protection les standards internationaux imposent de réduire autant que possible les expositions, même les plus faibles. Cette démarche conduit à comparer les scénarios de démantèlement et de gestion des TFA en termes de risques d’exposition: transfert des déchets réputés TFA à l’ ANDRA, ou gestion conventionnelle (sur site ou non) des déchets contrôlés non-radioactifs, et transformation des métaux valorisables.
Hiérarchisation des risques
Le risque radiologique ne doit pas masquer les autres risques : pour les travailleurs, accidents du travail, ambiances difficiles (température, atmosphère contrôlée), amiante. Pour les riverains, les risques sont faibles, mais sont à recenser et comparer selon les scénarios : poussières, accidents de la route résultant de nombreux convois, aspects sociaux et politiques.
Équité
La comparaison technique des scénarios envisageables permettra d’optimiser des risques, selon leurs avantages et inconvénients.
Mais cette analyse reste insuffisante au regard de la charge sociétale importante associée aux déchets radioactifs, et au devenir des sites nucléaires : l’équité perçue du projet est aussi essentielle à son acceptabilité.
Ainsi le site de stockage de déchets MA-VL, dans le granite sous le niveau de la mer, à Olkiluoto (Finlande) a suscité un consensus local suffisant, grâce à un dossier technique solide, mais aussi à l’équité perçue du projet. En effet, la ville a bénéficié des retombées économiques de la centrale et il était donc logique que des déchets produits soient gérés sur place, la géologie le permettant de manière sûre.
En France aussi, les citoyens sont sensibles à l’équité, mais celle-ci, comme la confiance, ne se décrète pas. Elle se construit par le dialogue. Ainsi l’opportunité d’étendre ou dupliquer le CIRES, versus le choix d’optimiser la gestion de déchets sur les sites d’origine peut être abordée sous cet angle.
Enjeux environnementaux et écologiques
Enfin, n’oublions pas l’attente sociétale d’optimisation de l’impact écologique global de la gestion des TFA, en termes de bilan énergétique et de gestion des matières valorisables. Ainsi le transport par route est un enjeu et la perspective du non réemploi d’immenses quantités d’aciers de haute qualité sans risque radiologique paraît contraire à une gestion responsable des ressources.
Conclusion
Au-delà des enjeux techniques, le débat national permet la recherche d’un nouveau consensus national sur l’avenir de l’industrie électronucléaire, source d’énergie décarbonée, mais accablée par des problèmes issus en partie d’une gestion trop déconnectée de la nation. Encore faut-il que les discussions portent sur tous les aspects et que l’ensemble des options envisageables soient abordées sans la censure de pétitions de principe, ni celle d’une réglementation dont la préoccupation première n’était pas d’encadrer au mieux le démantèlement final des sites nucléaires. Cette réglementation devrait donc aussi s’adapter aux conclusions du débat, en assurant que leur mise en œuvre soit réalisable avec une gestion efficace des risques et en veillant à l’usage optimal des ressources de la nation.
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